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Santé, halal, bio, circuits courts,… Notre assiette, enjeu politique

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Le scandale Veviba, du nom de cette entreprise de Bastogne appartenant au groupe Verbist, remet en question la fiabilité de la nourriture qu’on nous vend. Quelles sont les armes des responsables politiques ? Et pourquoi ce que nous mangeons est devenu objet d’affrontements entre partis ?

Cette fois, c’est la viande qui est au coeur de l’affaire. Son origine, sa fabrication, son étiquetage, son commerce, ses profits et ses acteurs. En gros, nous nous sommes peut-être nourris, sans en avoir été avertis, aux déchets de viande, injectés dans du haché, qu’on retrouve dans les boulettes, les merguez, les lasagnes, les raviolis ou les hachis parmentier industriels. En outre, de la viande périmée a été exportée au Kosovo et on a fait passer du non-bio pour du bio.

Comme on l’avait constaté dans le cas des oeufs contaminés au fipronil, l’an dernier, les maillons de la chaîne sont très nombreux, la crise touchant au-delà de l’Europe, ainsi que ses  » dérivés  » (dans le dossier fipronil, de nombreux ovoproduits – des produits obtenus à partir d’oeufs, tels que des biscuits, des sauces ou des pâtes – étant concernés). Confirmation, donc : les aliments ont une longue histoire avant d’arriver sous cellophane sur les étals et de s’inviter dans nos menus. Pour le consommateur, même si chaque scandale alimentaire ne prouve pas qu’il y a systématiquement danger pour sa santé, la défiance grandit à l’égard des pratiques des industriels et de l’agrobusiness.

Comment en est-on arrivé là ? Comment s’assurer de la qualité nutritionnelle des aliments ? Que peut faire, que doit faire, qu’a fait le politique ? Le Vif/L’Express a sollicité l’avis de deux experts, Philippe Baret, ingénieur agronome, docteur en génétique et doyen de la faculté des bioingénieurs de l’UCL, et Jean Nève, spécialiste de la nutrition, professeur à l’ULB et président du Conseil supérieur de la santé.

Le premier plaide pour l’adoption d’un vaste plan stratégique à quinze ans.  » En temps de crise, les réflexes politiques sont à court terme. On sait aujourd’hui que le modèle productiviste à bas prix coince mais ceux qui se posent des questions restent minoritaires « , souligne-t-il. Le second porte un regard lucide sur la puissance des lobbys et l’absence (encore et toujours) d’une véritable politique de prévention et de qualité nutritionnelle dans notre pays. Face à ces carences, ces deux experts déterminent les armes politiques possibles pour assurer une réelle transition.

L’arène

Mais si la qualité de ce que nous mangeons est devenue une question politique brûlante, c’est aussi parce qu’elle est aujourd’hui prétexte, comme d’autres dimensions de nos modes de vie, à des affrontements politiques. Des thématiques comme la nourriture halal, le bio ou… la pita, entre autres, contribuent à l’installation d’un nouveau clivage, que les politologues appellent transnational. Ce clivage oppose, sur les questions d’immigration, de construction européenne ou de cohabitation des cultures, gagnants et perdants de la globalisation, apôtres ouverts d’une mondialisation choisie et victimes fermées d’une mondialisation subie. Pour faire très court, notre assiette ressemble de plus en plus à une arène. Dans laquelle s’affrontent gauche caviar et droite dürüm.

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