Le « pays solidaire » de la Vivaldi : un commissaire Covid et un budget renforcé pour les soins de santé
Pas moins de 492 jours après les élections la Belgique a enfin un gouvernement. Cependant, à l’heure où la pandémie de coronavirus continue à progresser, les membres de la coalition Vivaldi devront très vite mettre la main à la pâte pour contrôler le virus. Que prévoit l’accord au niveau de la lutte contre l’épidémie ? Le point.
D’entrée de jeu, la note de formation souligne l’impact énorme de la crise: « Nous n’oublierons jamais l’année 2020. Le coronavirus a bouleversé nos vies et provoqué une série de désastres : des familles endeuillées, des services de santé à la limite de la rupture, des écoles fermées, des relations sociales réduites. Personne, parmi nos contemporains, n’avait jamais vécu une telle situation », écrivent les deux formateurs, Paul Magnette et Alexander De Croo (qui dirigera le gouvernement).
Intitulé « le pays solidaire », le chapitre consacré à la lutte contre le coronavirus explique la triple stratégie du gouvernement qui devra nous permettre de « passer de la lutte contre une crise aiguë à une gestion des risques à long terme ». La stratégie interfédérale se basera sur trois axes : un nouveau contrat avec les citoyens, les entreprises et les institutions ; un plan sanitaire qui met l’accent sur la prévention et l’endiguement ; et finalement, un plan générique de lutte contre les pandémies.
Des mesures compréhensibles et sensées
Le nouveau contrat avec les citoyens, les entreprises et les institutions doit contrer la lassitude de la population envers les mesures de lutte contre le virus. « Les mesures devront être compréhensibles, vécues comme sensées et garantissant la viabilité sociale. Elles devront être scientifiquement et économiquement fondées ». La note promet notamment d’investir davantage dans le psychosocial et une transparence maximale en ce qui concerne les rapports des comités d’experts et de consultation.
Aussi le gouvernement annonce-t-il la désignation d’un commissaire covid pour une période de douze mois, soutenu par une équipe afin d’assurer la coordination des politiques de santé entre le niveau fédéral et les entités fédérées. Celui-ci sera assisté par « un comité scientifique interdisciplinaire et multidisciplinaire qui pourra être complété par des scientifiques internationaux et par une équipe de gestionnaires de projet. Il se tiendra au courant de manière structurée des nouvelles connaissances sur le virus et se penchera aussi sur l’impact social, économique et sociétal des mesures ».
Équipes mobiles
Les formateurs proposent également un plan sanitaire qui met l’accent sur la prévention et la réduction des infections. Celui-ci sera centré autour de deux lignes de défense : la première visera à détecter le virus en permanence. Au niveau du dépistage, la pratique actuelle restera maintenue, et sera encore augmentée, mais à terme « des accords sur l’augmentation de la capacité de prélèvement et de dépistage (de pointe) et la recherche de gains d’efficacité et d’alternatives permettront de réagir à terme dans les 24 heures et de maîtriser rapidement une éventuelle épidémie ». La deuxième consistera à faire face à l’épidémie et à déterminer le type d’intervention, par exemple en mettant en place des équipes (hospitalières) mobiles pour les maisons de repos et les établissements de soins touchés.
Par ailleurs, l’organisation de l’expertise et des soins pour les maladies infectieuses dans et entre les hôpitaux et les réseaux hospitaliers, ainsi que la capacité de diagnostic, de dépistage et de traitement seront davantage (ré)organisés et renforcés. La future coalition insiste également sur la nécessité de sauvegarder le capital humain, notamment en accélérant la formation des professionnels.
Codes couleur
Au niveau des codes couleur appliqués aux pays étrangers en fonction de l’évolution de l’épidémie, le futur gouvernement a décidé que la Belgique se rallierait à la recommandation de la Commission européenne concernant pour d’autres États membres.
Les partenaires de la Vivaldi travaillent également à un plan générique de lutte contre les pandémies. Ainsi, « les stocks stratégiques de matériel de protection et médical (y compris le matériel adapté aux besoins des groupes vulnérables) seront assurés et les possibilités de production locales cartographiées afin de réduire notre dépendance par rapport au marché international en cas de vague pandémique ». Il fondera également une « Biopreparedness and Anti-Infectives Unit » qui grâce à des partenariats et financements public-privé (PPP) rassemblera l’expertise de la Belgique en matière de vaccins et de médecine infectieuse.
La Belgique soutiendra également les efforts de la Commission européenne visant à établir une politique d’achat conjointe pour un certain nombre de médicaments essentiels (y compris les vaccins) et de dispositifs médicaux, avec une gestion centralisée efficace des stocks d’urgence européens communs.
Réduire les inégalités
Plus largement, au niveau des soins de santé, « l’objectif du gouvernement est de réduire, d’ici 2030, de minimum 25% les inégalités de santé entre les personnes les plus favorisées et les moins favorisées en matière d’espérance de vie en bonne santé, de réduire le taux de mortalité évitable de 15%, et de revenir dans le ‘top 10 ‘ européen en ce qui concerne le nombre d’années de vie en bonne santé, tout en garantissant une très bonne accessibilité et une bonne couverture. »
Le futur gouvernement De Croo prévoit également d’accroître le financement des soins de santé, car « la crise du coronavirus a montré que nous avons besoin de personnel soignant en suffisance et qu’il doit également être mieux valorisé ».
Outre le fonds blouses blanches de 402 millions d’euros déjà créé, le gouvernement maintient l’accord social conclu pour la période 2021-2022. Celui-ci devrait permettre de parvenir à une rémunération correcte, une réduction de la charge de travail et davantage de formation permanente du personnel soignant. Un budget récurrent de 600 millions d’euros sera mis à disposition à cette fin. « Additionnés, ces budgets représentent 1,2 milliard d’euros ou environ 4,5% du budget existant pour les soins de santé », lit-on dans la note des formateurs.
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