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Avec la Vivaldi et les mots de ses formateurs, l’espoir d’entrer dans une ère nouvelle (analyse)

Olivier Mouton Journaliste

La déclaration du futur Premier ministre Alexander De Croo (open VLD) et de Paul Magnette (PS) marque un tournant qu’il s’agira de confirmer dans les faits. Mais savourons l’instant…

Certains moments en politique sont marquants et, avouons-le, relativement rares dans notre petit pays compliqué. La déclaration commune faite par les formateurs Alexander De Croo (Oppen VLD), qui va être nommé Premier ministre, et Paul Magnette (PS) fait partie de ces instants porteurs. Avec leurs mots, la Vivaldi voit le jour sous de beaux auspices. Il restera évidemment à confirmer dans les faits, car personne n’a oublié en un instant les chamailleries et les crises pathétiques des dernières semaines. Mais savourons dans l’instant cet exercice tenu après de longues nuits de négociations.

Le soulagement est légitime d’avoir enfin un gouvernement fédéral de plein exercice – après seize mois d’errements! Les deux hommes ont relayé cette profonde respiration générale d’une façon décontractée, tout en ayant le chic de reconnnaître à plusieurs reprises leus erreurs: « On n’a pas toujours montré le bon exemple ces seize derniers mois, mais nous avons corrigé cela ces cinq derniers jours. J’espère que c’est le début d’une nouvelle phase. » C’est assez rare que pour être souligné. C’était surtout indispensable après ces longs mois insupportables pour tous et ces querelles de chiffonniers indignes.

Les deux hommes ont évoqué tour à tour ‘un « beau projet qui colle bien à notre pays », la nécessité de « travailler en équipe », un « pays magnifique » ou encore lancé un appel humble à se serrer les coudes car « nous aurons besoin de tout le monde ». Il s’agit évidemment d’une opération de communication bien orchestrée, mais elle était teintée de sincérité et d’humour comme quand Alexander De Croo a émis un lapsus révélateur (« Sophie Michel », lui qui est aussi d’une dynastique politique) ou quand Paul Magnette a conclu d’un sourire que le poste de Premier ministre avait été « tiré à pile ou face » mais que c’est un « excellent choix ». Grand seigneur…

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Bien sûr, ne soyons pas dupes. Les sept partis de la Vivaldi se sont affrontés durement ces dernières semaines et les moments de crise – notamment ce dimanche où tout a failli échouer – resteront gravés dans les mémoires. La politique belge peut, trop souvent, être pathétique. Les egos des uns, la nervosité des autres, les rivalités assassines, tout cela ne disparaîtra pas avec quelques mots angéliques prononcés un mercredi matin de fin septembre à la sortie du palais. Il aura encore des conflits, des coups bas, des déclarations consternantes ou des remous mettant l’existene même du pays en péril.

Tous les partenaires de la Vivaldi le concoivent d’ailleurs: le plus difficile commence pour ces sept formations, dans un contexte dantesque. Rappelons-en quelques éléments: il n’y a plus trop d’argent dans les caisses, les crises sanitaire, socio-économique et climatiques se conglomèrent, le pays traverse une crise existentielle et les deux principaux partis flamands (nationalistes) sont dans l’opposition… Au nord du pays, la N-VA et le Vlaams Belang ont déjà sorti l’artillerie lourde contre cette Vivaldi trop belgicaine et minoritaire dans leur groupe linguistique. Raison supplémentaire pour réussir, montrer sa cohérence, porte un projet positif pour le pays…

« Je conçois que beaucoup de gens sont sceptiques, soulignait Alexander De Croo. C’est à nous de montrer que l’on opte pour les meilleures priorités, c’est à nous de les convaincre. Cet accord est un point de départ pour faire de la politique autrement. » Soudain, on a envie de partir d’une page blanche et de le prendre au mot. En sachant parfaitement bien que l’on risque d’être déçu, que les coups seront rudes et les lendemains difficiles. Mais savourons l’instant…

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