Gérald Papy
Joe Biden, le président thérapeute
Le nouveau locataire de la Maison-Blanche insiste sur la gravité de l’état de l’Amérique confrontée à plusieurs défis et abîmée par l’action clivante de Donald Trump. Seule issue : l’unité. Il reste à convaincre les Américains d’accepter le remède.
Gravité, tolérance, exhortation à l’unité : la première allocution du président Joe Biden au pied du Capitole, où il y a quinze jours des émeutiers ébranlaient la démocratie, a définitivement consacré le mercredi 20 janvier la rupture avec l’ère clivante de Donald Trump. Sans pour autant céder à la tentation de l’oubli propice à l’absolution.
Le nouveau président n’a pas minimisé la gravité de la situation que connaît l’Amérique, un biais qu’il aurait pu utiliser pour apparaître – artificiellement – comme l’homme providentiel d’une ère nouvelle. Il a souligné les ravages dévastateurs de l’épidémie du coronavirus aux Etats-Unis, le poids des faillites d’entreprises, le fléau du racisme et de la justice inégalitaire, le danger du suprémacisme blanc, les menaces du dérèglement climatique, les défis lancés à la place des Etats-Unis dans le monde… « Nous sommes dans un moment de crise », a-t-il asséné. Sans jamais le citer, il a clairement pointé les dégâts que la présidence de Donald Trump avait causés à la cohésion du pays, exhortant à « rejeter la culture qui manipule les faits » et à « arrêter de se hurler les uns sur les autres ». « Nous avons la responsabilité de respecter la vérité et de mettre fin à la guerre de l’incivisme », a exhorté Joe Biden.
En opposition à cet inventaire accablant de la présidence Trump, Joe Biden, dans un discours très sobre, étonnamment dépourvu d’allusions à des épreuves personnelles qui auraient ajouté une touche d’émotion à son propos, a appelé les Américains à l’unité, a promis d’être le président de tous et a assuré qu’il donnerait le meilleur de lui-même pour servir ses concitoyens. L’heure n’était ostensiblement pas au discours programmatique. Elle était à la pose d’un premier jalon pour restaurer, tant que faire se peut, l’unité du pays. Car, le nouveau président américain ne l’a pas occulté, la démocratie a été mise en danger. Mais « notre démocratie a triomphé » et elle ne sortira de cette épreuve que par le rassemblement et le rétablissement d’une forme de tolérance. Cet optimisme de la conviction, celle d’appartenir à une grande nation, était sans doute ce dont avaient besoin beaucoup d’Américains. Mais la vue des membres de la garde nationale déployés en nombre sur l’esplanade déserte devant le Capitole pour ce moment supposé festif suffisait à se convaincre que le chemin était encore long avant que l’Amérique retrouve sa sérénité, sa cohésion et son attraction. Le docteur Biden devra faire preuve de courage, de créativité et d’intelligence pour soigner ses plaies.
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