Bourlingueur formé au Japon, une Coupe du monde et un père légende du foot australien: cinq choses à savoir sur Jason Davidson, la nouvelle recrue d’Eupen
Le club germanophone a annoncé la venu de l’arrière gauche de 31 ans qui évoluait à Melbourne Victory. Mais que faut-il savoir sur ce joueur qui pourrait être amené à disputer la prochaine Coupe du monde.
En annonçant ce mercredi la signature de Jason Davidson, Eupen a officialisé la première grosse recrue de son mercato estival. L’Australien de 31 ans est loin d’être un inconnu qui aime parfois teindre ses cheveux avec des couleurs originales comme le rose et le mauve, à l’image d’un Neymar. Voici cinq choses à savoir sur lui.
1. Une formation au Japon qui l’a endurci
Même s’il vient d’Australie, Jason Davidson a déjà bien roulé sa bosse à l’étranger avant de poser ses valises dans les Cantons de l’Est. Sa première expérience hors de son île remonte à son adolescence puisque le natif de Melbourne s’était envolé pour le Japon à seulement 14 ans. Après avoir attiré l’attention de recruteurs nippons, Jason Davidson se voit offrir une bourse d’études à Seiritsu Gakuen, une école de sport réputée de Tokyo. Un véritable dépaysement pour un adolescent qui n’a connu que la vie avec sa famille dans la banlieue de Melbourne.
L’école est réputée pour être très exigeante, ce qui explique pourquoi elle a produit un grand nombre d’internationaux japonais actuels. « C’était assez extrême. Quand je suis arrivé en retard un jour, en guise de punition, on ne m’a pas seulement rasé la tête, mais celle de tout le monde », racontait Davidson sur le site socceroos.com. « C’était un peu un choc culturel pour moi, parce que venir d’Australie et aller dans un pays dont je ne parlais pas la langue et dont je ne connaissais pas la culture était difficile, surtout à mon âge », poursuit le nouvel arrière gauche Eupenois.
Davidson, dont la grand-mère était originaire d’Hiroshima, a passé trois ans à Seiritsu Gakuen avant de retourner en Australie à 17 ans. Malgré le régime extrême et le mode de vie complètement différent, Jason Davidson garde plutôt un bon souvenir de cette période. « Je pense qu’elle a joué un rôle clé dans ma réussite. Cela a fait de moi le joueur de football et la personne que je suis aujourd’hui », estime-t-il. « Ces trois années passées au Japon m’ont rendu suffisamment fort pour vivre à l’étranger, en Europe, et poursuivre mon rêve », pense l’international japonais, qui ne devrait pas avoir de difficultés à s’intégrer aux Cantons de l’Est.
2. Un bourlingueur qui va évoluer dans son huitième pays différent
Jason Davidson a donc eu la bougeotte dans sa carrière puisqu’après le Japon, c’est au Portugal qu’il posera ses valises. Après des passages dans son pays natal, à Coburg United et au Hume City FC, il rejoint Paços de Ferreira, alors qu’il n’a que 19 ans. En première division portugaise, il ne jouera que cinq fois, dont deux comme titulaire et recevra deux cartons jaunes. Il est ensuite prêté à l’étage en-dessous, au Sporting Covilha, où il disputera 14 rencontres et écopera de six bristols jaunes.
C’est ensuite aux Pays-Bas qu’il déménage, du côté d’Heracles Almelo, en Eredivise. Il jouera 27 rencontres pour les espoirs et 51, en trois saisons, pour l’équipe première. Sous la direction de l’actuel entraîneur de Lyon Peter Bosz, il marquera aussi ses premiers goals chez les professionnels lors de la saison 2013-14, sa plus aboutie dans la province d’Overijssel, en offrant la victoire contre Ado La Haye à l’occasion de la 5e journée et en contribuant au succès des siens en déplacement, à NEC Nimègue. Il adressera aussi trois passes décisives lors de cet exercice.
Ces bonnes prestations lui valent un transfert en Premier League, du côté de West Bromwich Albion. Mais Davidson ne s’y impose pas et ne dispute que deux duels en championnat et trois rencontres en EFL Cup.
La marche était trop grande pour lui. Du coup, le natif de Melbourne met alors le cap sur Huddersfield Town où il reste une saison. Chez les Terriers, qui évoluent alors dans le Championship, il prend part à 27 rencontres, marque une fois et délivre même un assist en FA Cup, lors d’un troisième tour contre Reading. Même s’il a retrouvé une place de titulaire, l’arrière gauche est prêté à Groningen après cela. Présent lors de 20 matches d’Eredivisie, il finit la saison avec quatre passes décisives et compteur et participe avec son club aux Play-offs pour l’Europe.
Le 31 août 2017, il décide de quitter Huddersfield pour un nouveau pays: la Croatie. Il va rester six mois à Rijeka, où il ne dispute qu’un match avant d’être prêté en Slovénie, à l’Olimpija Ljubljana. Un choix payant puisqu’il s’y offrira un doublé Coupe-championnat (14m et 1 but). A la fin de son contrat avec Rijeka, Davidson qui a déjà évolué dans six pays jusque-là, décide de revenir dans celui de sa naissance et s’engage avec Perth Glory. Il y réalise certainement la saison la plus productive de sa carrière, puisqu’il trouvera le chemin des filets à deux reprises et délivrera cinq dernières passes en 28 matches. Après cet épisode, ses envies de bougeotte refont surface.
Direction le nord et un pays situé au-dessus du Japon : la Corée du Sud. Il débarque à Ulsan et réussit à devenir titulaire après avoir été absent de l’équipe pendant douze matches, en raison d’un retard physique. La crise sanitaire aura raison de son aventure coréenne puisqu’il perd sa place après le mois de juin. Mais tout n’est pas négatif pour lui: il a l’occasion de disputer sa première compétition continentale en club, avec trois duels d’AFC Champions League. Il est aussi titulaire lors du match pour la 5e place du Mondial des clubs en 2021, où il affronte l’Al-Duhail d’Edmilson Junior, avec une défaite à la clé.
Après cela, il retourne dans sa ville natale, Melbourne, où il enfile la liquette du Victory. Il retrouve une place de titulaire et dispute 23 matches, avec un but et trois passes décisives à la clé. La Belgique sera donc le huitième pays dans lequel il vivra et Eupen sera son quinzième club. Autant dire qu’il ne faut pas nécessairement s’attendre à le voir s’installer à long terme en Communauté germanophone.
3. Un père lui même international chez les Socceroos
Bon sang ne sait mentir comme on dit parfois. Le père de Jason Davidson fut lui aussi un bon joueur de foot en Australie et compte même 79 sélections pour le compte des Socceroos. Alan Edward Davidson a lui aussi joué comme latéral, même s’il a aussi occupé les postes de libéro et de milieu défensif. Agé de 62 ans, il n’a évolué que dans son championnat national, même s’il s’est offert une petite expérience exotique en Malaisie, à Pahang, lors de la saison 1993-94.
Entre 1980 et 1991, il est donc international et figure dans le groupe des sélectionnés lors de la Coupe d’Océanie en 1980 et lors des Jeux Olympiques de Séoul en 1988 (il compte 11 sélections avec l’équipe olympique). Il a marqué à deux reprises pour le compte des Socceroos.
Lorsque Harry Kewell et Mark Viduka ont fait part à Jason de leur admiration pour son père, l’arrière gauche a compris la portée de son oeuvre pour le football australien. « Je n’ai pas réalisé l’influence qu’il a eue sur le football australien jusqu’à ce que je sois un peu plus âgé », a d’ailleurs raconté l’arrière gauche d’Eupen au Herald Sun en 2014. « Je suis fier d’être son fils et je suis heureux d’avoir quelqu’un que je connais pour me donner de bons conseils pendant que j’essaie de faire mon trou dans le milieu du football », a-t-il poursuivi.
« Il me taquine un peu en disant qu’il était meilleur, mais maintenant j’ai quelque chose de plus que lui (le fait d’avoir participé à une Coupe du monde) », a aussi déclaré Jason Davidson.
4. Il a disputé une Coupe du monde dans sa carrière avec un membre du CA d’Eupen
De nouveau appelé en équipe nationale après sept ans d’absence, Jason Davidson ambitionne de faire partie du groupe final des Socceroos pour le Mondial au Qatar. Ce ne sera cependant pas la première fois qu’il participera au grand bal mondial des nations.
En 2014, fort d’une belle saison à Heracles qui lui vaudra un transfert à WBA, l’arrière gauche fait partie des 23 heureux élus repris par Ange Postecoglou. Le sélectionneur en fait même son titulaire pour les trois duels de poule contre le Chili, les Pays-Bas et l’Espagne. Des matches qui tourneront à chaque fois au vinaigre puisque les Socceroos concèderont trois goals à chaque fois et termineront derniers de leur groupe.
Au Brésil, Davidson s’est frotté à quelques adversaires coriaces sur son couloir gauche : le Chilien Arturo Vidal qui a traîné dans ses parages lors du premier match, Arjen Robben qui l’a fait tourner en bourrique avec les Pays-Bas et a marqué le premier but de siens et enfin l’Espagnol Santi Cazorla , qui lui a posé moins de difficultés. Notons que c’est à cette époque qu’il a évolué aux côtés de Tim Cahill, qui est désormais membre du conseil d’administration d’Eupen.
Après avoir manqué l’édition russe de la Coupe du monde en 2018 où James Meredith et Aziz Behich lui avaient été préférés, le nouveau transfuge d’Eupen est revenu dans le coup lors du dernier printemps en étant repris par Graham Arnold. Il a joué une mi-temps contre la Jordanie, en amical, mais était sur le banc pour le barrage contre le Pérou, où Behich était aligné. En rejoignant Eupen et une compétition plus relevée que l’Australienne, Davidson entend bien être la doublure du joueur de Giresunspor.
5. Un doublé Coupe-championnat en Slovénie
Dans sa carrière, Jason Davidson n’a pas soulevé beaucoup de trophées. Le plus prestigieux est certainement la Coupe d’Asie des Nations, qu’il a remportée avec son pays en 2015. Après deux rencontres de poule passées sur le banc, il devient titulaire à partir des quarts et ne quittera plus le onze en parvenant à se montrer décisif. En quarts de finale, il adresse une passe décisive lors de la victoire 0-2 contre la Chine et en demi-finale, il marque le deuxième but des Socceroos contre les Emirats Arabes Unis. Le premier buteur est d’ailleurs l’ancien Courtraisien Trent Sainsbury. En finale, les Australiens viennent à bout de la Corée du Sud au bout de 120 minutes et l’emportent grâce un but de l’ancien joueur de Zulte Waregem: James Troisi.
En club, sa vitrine à trophées est bien plus maigre, même s’il compte un doublé Coupe-championnat en… Slovénie. Prêté par Rijeka à l’Olimpija Ljubljana, il s’installe rapidement à l’équipe, dispute 13 rencontres et marque un but. Il évoluait notamment à côté d’un certain Mitch Apau, passé par Westerlo et le Patro Eisden. S’il participe à la demi-finale de la Coupe de Slovénie, il ne fait en revanche pas partie de l’effectif du coach Igor Biscan (un international croate qui a notamment joué pour Liverpool) qui disputera la grande finale.
Bonus: il a connu des anciens de la Pro League
Au cours de ses pérégrinations à travers le monde, Jason Davidson a fréquenté un paquet de joueurs et notamment des noms qui évoquent des souvenirs aux suiveurs de la Jupiler Pro League.
A Heracles, où il était entraîné par Peter Bosz, l’attaquant aligné était Samuel Armenteros, qui a été l’un des flops d’Anderlecht.
A Groningen, c’est un autre avant-centre qui n’a pas laissé un souvenir impérissable en Belgique, Alexander Sörloth, qui était l’un de ses coéquipiers. Le Norvégien qui compte 42 sélections et 14 buts pour son pays a connu quelques beaux clubs dans sa carrière : Crystal Palace, Trabzonspor, le RB Leipzig et enfin la Real Sociedad où il a été prêté la saison dernière.
Enfin, au Kerhweg, Jason Davidson aurait pu retrouver à quelques semaines près, un vieux compagnon de route en la personne de Jordi Amat. Le capitaine espagnol des Pandas, qui va devenir indonésien afin d’avoir une expérience internationale, a aussi évolué à West Bromwich pendant la saison 2014-15. Peut-être a-t-il parlé avec Davidson de ce qui l’attendait dans les Cantons de l’Est.
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