Pourquoi il ne faut pas (complètement) se passer de sucre
La consommation de sucre ne fait qu’augmenter. On le retrouve partout dans notre alimentation, caché ou non. Et cela s’accompagne d’une véritable épidémie d’obésité et de diabète. Doit-on vraiment le bannir?
Selon les chiffres de l’OMS, près de 7 décès dans le monde sur 10 sont imputables à des maladies non-transmissibles. Les principaux facteurs de risque sont la mauvaise alimentation et la sédentarité. « Améliorer l’alimentation pourrait déjà réduire de 20% ces décès évitables », insiste le Pr Nicolas Paquot, Chef du service de diabétologie, nutrition et maladies métaboliques au CHU de Liège. Le sucre, qui fait partie de la famille des glucides, est pointé du doigt dans cette malnutrition galopante. En particulier le sucre raffiné.
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Depuis la révolution industrielle, le type de glucides consommé a beaucoup évolué: auparavant, c’étaient ceux que l’on qualifiait naguère de « complexes » (ou avec un index glycémique, ou IG, bas) qui dominaient ; aujourd’hui, ce sont ceux appelés auparavant « simples » (c’est-à-dire qui font monter rapidement la glycémie) qui sont largement majoritaires dans notre consommation. Depuis le XXe siècle, la consommation de sucre est en augmentation et dépasse aujourd’hui les 70 kg par personne par an.
Pourtant, nous avons un besoin vital de ces glucides dont font partie le sucre. « Le glucose est notre carburant: le cerveau consomme l’équivalent de 25 morceaux de sucre chaque jour! C’est dire si le glucose est indispensable. Mais pas n’importe lequel… » Et comme les glucides sont apportés exclusivement par notre alimentation, nous avons une prise totale sur ces apports.
Limiter son risque de maladie?
Une grande consommation de sucre favorise l‘obésité ; celle-ci est liée à l’émergence de maladies métaboliques. Pourtant, il reste difficile d’affirmer que la consommation de sucre provoque directement ces maladies: « Les études qui recherchent ce lien sont difficiles à mener, car une foule de problèmes métaboliques peuvent influencer l’apparition de ces maladies ; ensuite, une association ne veut pas dire qu’il existe un lien de cause à effet ; enfin, une foule de facteurs confondants interviennent, comme les facteurs socio-économiques – les personnes des milieux défavorisés mangent plus sucré, plus salé et plus gras -, la consommation d’alcool, le tabagisme, l’obésité – cause ou conséquence de la consommation de sucre? -, l’âge, le rôle d’autres nutriments comme les lipides, etc. Il est donc difficile d’établir la responsabilité du sucre seul. »
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Les études qui ont porté sur ce sujet peuvent aller jusqu’à se contredire: « Certaines montrent que la consommation de soda augmente l’obésité, et d’autres montrent un impact faible, voire nul… Des études pointent un risque accru de 22% de diabète de type 2 avec la consommation de boissons sucrées, mais précisent que la sédentarité joue un rôle nettement plus important ; des recherches montrent que la consommation d’édulcorants augmente le risque de diabète de 13%, alors qu’ils ne contiennent pas de sucre… »
D’un ennemi à l’autre
Souvenez-vous: avant, les graisses étaient considérées comme l’ennemi numéro 1 de notre ligne et de notre santé ; actuellement, ce sont les sucres. « Le véritable ennemi est la mauvaise alimentation globale. Certes, le sucre est impliqué dans les maladies métaboliques et l’obésité, mais il n’est probablement pas le facteur principal. Il est inutile de stigmatiser un seul nutriment, ou une catégorie d’aliments: il faut favoriser ceux qui sont bons pour la santé comme les céréales complètes, les fruits et légumes à raison de 250 g par jour environ, les légumineuses à consommer une fois par semaine, les oméga-3, les graines (15 à 20 g par jour est idéal). Les aliments néfastes, comme les aliments ultra-transformés, le sel, le sucre, ne sont pas à bannir, mais à consommer en petites quantités. Dans ce cas seulement, ils peuvent faire partie d’une alimentation équilibrée… », conclut le spécialiste.
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