L’intelligence artificielle, un outil pour lutter contre le suicide des étudiants
Robotique, industrie, logistique, armée… L’intelligence artificielle (IA) offre déjà des applications intéressantes dans de nombreux secteurs, mais elle peut aussi avoir des usages inattendus. Elle apparaît, par exemple, comme un outil très utile dans le domaine de la santé mentale, notamment pour prédire une série de maladies ou de comportements. Ainsi, grâce à l’IA, une équipe de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’université de Bordeaux a réussi à identifier des indicateurs qui aident à prédire le risque de suicide chez les étudiants.
Pour cela, il a été demandé à plus de cinq mille jeunes de remplir deux questionnaires en ligne à une année d’intervalle. Les informations fournies portaient, entre autres, sur la santé, la consommation de drogues et d’alcool, les antécédents médicaux et psychiatriques. L‘intelligence artificielle a permis de croiser ces données avec septante facteurs prédictifs potentiels du suicide identifiés par les chercheurs. Conclusion: parmi ces facteurs, quatre permettent de détecter environ 80% des comportements suicidaires: les pensées suicidaires, l’estime de soi, les symptômes dépressifs et l’anxiété.
La présence de l’estime de soi est une surprise pour les chercheurs ; ils pensent que cette découverte n’aurait pas pu être obtenue sans le recours à l’IA. « Ces travaux demandent confirmation, mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque pour les orienter vers une prise en charge adéquate », espère Christophe Tzourio, coordinateur de l’étude.
Il existe déjà d’autres utilisations de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé mentale. CompanionMx, une application américaine, propose aux patients souffrant de problèmes mentaux de tenir un journal de bord audio. L’IA analyse les enregistrements pour établir des scores d’humeur, de fatigue… qui permettent au personnel médical d’effectuer un suivi régulier et à distance. En matière de prévention, l’expérience menée par le World Well-Being Project analyse, elle, le langage utilisé sur les réseaux sociaux grâce à un algorithme d’intelligence artificielle afin d’identifier les indices linguistiques annonciateurs d’une dépression.
Le potentiel de l’IA dans le domaine de la santé mentale est gigantesque. Son usage doit toutefois encore se développer et prévoir des solutions à certains freins, comme la question de la protection de la vie et des données privées.
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