La méthode Apili, combattre la dyslexie par le rire
Pour amuser les élèves en difficulté d’apprentissage qu’il suivait, l’orthophoniste français Benjamin Stevens a pris l’habitude d’écrire des phrases rigolotes décrivant des situations comiques.
Un jeu, une histoire, un dessin: pour les enfants, tout est prétexte au rire. Et ce qui les met en joie s’imprègne dans leur mémoire avec une facilité déconcertante. Alors, pourquoi en serait-il autrement pour apprendre à lire? Pour amuser les élèves en difficulté d’apprentissage qu’il suivait, l’orthophoniste français Benjamin Stevens a pris l’habitude d’écrire des phrases rigolotes décrivant des situations comiques dans lesquelles il utilisait les prénoms des frères et soeurs de ses petits patients.
C’est donc dans son cabinet qu’est née la méthode Apili. A l’humour, l’orthophoniste a ajouté l’ensemble des outils d’apprentissage de la lecture. « J’ai compilé les moyens d’aide que les logopèdes et orthophonistes utilisent en rééducation avec les enfants dyslexiques. C’est une nouveauté, parce qu’il n’y a pas de méthode qui les regroupe. Je voulais mobiliser tous les canaux de mémorisation: visuels, auditifs, kinesthésiques, un léger fond bleu pour diminuer la fatigabilité… Autant de petits trucs qu’on utilise en logopédie, mais qu’on ne retrouve pas dans les approches existantes. »
Plus qu’un simple artifice, l’humour agit comme un outil puissant.
Apili est une méthode syllabique dans laquelle l’apprentissage débute par les voyelles, puis les premières consonnes. Dans un deuxième temps, le jeune lecteur est amené à fusionner les premières consonnes avec les voyelles par le mécanisme de la combinatoire. Ensuite, il s’entraîne à la lecture des syllabes, puis à celle des premiers mots. Rapidement, l’accès au sens devient central grâce à l’apport de l’humour et à la lecture des premières phrases. Plus qu’un simple artifice, l’humour agit comme un outil puissant. Il améliore l’attention, la mémorisation, la communication et la motivation. Il diminue aussi le stress et les tensions corporelles.
Des conseils permettent aux parents de s’approprier la méthode pour devenir acteurs de l’apprentissage de leur enfant. « Dans ma région, en Picardie, la plupart des écoles n’ont pas de vrais livres d’initiation à la lecture, et les parents ne savent absolument pas comment aider leurs enfants. Pour ceux qui n’éprouvent pas de difficultés, la méthode importe peu, mais je pense à tous les gamins en difficulté, en souffrance. Des enfants autistes ou trisomiques, par exemple, pour lesquels les méthodes traditionnelles ne suffisent pas. Au delà de ça, l’humour motive unanimement les petits. Comme les enseignants et les adultes, ils y sont sensibles. Ça leur permet de passer un bon moment ensemble et ça change tout pour l’accompagnant également. »
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