Montée des eaux: quitter les zones côtières avant qu’il ne soit trop tard
Des experts recommandent aux zones à risque de se préparer dès maintenant aux conséquences du réchauffement climatique et à la montée des eaux. « Faites-le aujourd’hui, ou faites-le plus tard, avec des conséquences bien pires », peut-on résumer.
Un rapport de la Banque mondiale publié début d’année identifiait trois zones menacées par le dérèglement climatique, allant de la montée des eaux aux catastrophes naturelles en passant par les pénuries alimentaires : l’Afrique subsaharienne, le sous-continent indien et l’Amérique latine. Soit des millions de réfugiés climatiques potentiels. Une estimation de 143 millions de déplacés qui serait encore loin de la réalité.
Au cours des 30 prochaines années, les experts s’attendent à ce qu’au moins un milliard de personnes soient forcées de quitter leur foyer en raison des sécheresses, des inondations, des incendies et des famines. Ces personnes seront donc forcées de trouver un nouveau lieu de vie, proche ou non de leur foyer initial. Les experts craignent un véritable « exode mondial massif ». Si quitter son foyer n’est déjà pas un acte facile, les experts redoutent que l’évacuation prenne la forme d’une double catastrophe si elle se fait « à réaction », au dernier moment, et sans préparation.
Dans un document publié dans la revue Science, un trio de spécialistes de l’environnement soutient que la seule façon d’éviter que cela pénalise encore davantage les plus pauvres et les plus faibles est de commencer dès maintenant à planifier « l’inévitable « retrait » des villes côtières.
Stratégie et anticipation
« Face au réchauffement de la planète, à l’élévation du niveau des mers et aux évènements climatiques extrêmes qu’elles intensifient, la question n’est plus de savoir si certaines communautés vont devoir battre en retraite – mettre les gens et les biens hors de danger – mais pourquoi, où, quand et comment ils vont devoir partir », écrivent les auteurs. Plutôt que de traiter ces migrations forcées sur une base réactive, catastrophe par catastrophe comme c’est souvent le cas actuellement, les chercheurs proposent d’adopter une approche « gérée et stratégique » du problème, en mettant en place dès maintenant des politiques et des infrastructures pour aider les réfugiés climatiques à s’installer le plus rapidement possible dans de nouveaux foyers.
Certaines étapes pour anticiper et minimiser les conséquences sont considérées comme du « bon sens », comme limiter le développement immobilier dans les zones à risque, comme les villes côtières, et investir dans la création de logements abordables dans des communautés intérieures plus sûres.
Autres objectifs
Mais les chercheurs se veulent optimistes. Pour eux, cela pourrait être l’occasion de revitaliser les communautés et de redistribuer les richesses d’une manière plus durable et plus équitable. Par exemple, ce pourrait être l’occasion de mettre fin aux pratiques immobilières qui incitent à vivre dans des zones à risque, de subventionner de nouvelles écoles, de nouveaux hôpitaux et de nouveaux logements abordables dans des régions intérieures plus sûres au lieu d’apporter des améliorations tardives aux zones à risque, comme la construction de nouvelles digues coûteuses pour protéger les communautés déjà touchées.
Pour les experts, il ne faut pas considérer cet acte comme « un but en soi » mais comme une manière de « contribuer aux objectifs de la société. » Bien que l’évacuation à grande échelle des communautés sensibles aux effets du changement climatique ne se produira probablement pas avant une décennie ou plus, la seule façon de se préparer à ce défi mondial sans précédent est de commencer à le planifier dès maintenant.
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