Dans 30 ans, plus de 5 milliards de personnes auront du mal à trouver de l’eau
Le constat est effrayant. Ce rapport, intitulé State of Climate Services 2021: Water, tire la sonnette d’alarme. Il faut s’attendre à ce que le stress hydrique augmente massivement. En 2018, 3,6 milliards de personnes n’ont pas eu un accès suffisant à l’eau pendant au moins un mois. D’ici à 2050, elles devraient être plus de 5 milliards. Soit plus de la moitié de la population mondiale.
Selon l’OMS, la quantité adéquate d’eau potable représente au minimum 20 litres d’eau par habitant et par jour. Et l’accès est considéré comme raisonnable quand le point d’approvisionnement est à moins de quinze minutes de marche du lieu d’habitation. Aujourd’hui, le manque d’eau continue d’être un problème majeur pour de nombreux pays, notamment en Afrique.
Le changement climatique cause des aléas hydrologiques, tels que les inondations et les sécheresses. « L’augmentation des températures modifie les précipitations à l’échelle régionale et mondiale, et, partant, le régime des pluies et celui des saisons agricoles, ce qui a des répercussions majeures sur la sécurité alimentaire, la santé et le bien-être des populations », a déclaré le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas.
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Des chiffres alarmants
Le rapport appelle à agir de toute urgence. En 20 ans, le stockage de l’eau dans les terres à diminué d’un centimètre par an (principalement en Antarctique et au Groenland). Depuis 2000, le nombre de catastrophes liées aux inondations a augmenté de 134% par rapport aux deux décennies précédentes. Sur la même période, les sécheresses ont augmenté de 29%. L’eau douce utilisable et disponible ne représente que 0,5% de l’eau sur Terre. « Nous devons prendre conscience qu’une crise de l’eau se profile », a martelé Mr Taalas.
Et en Europe ?
Bien que l’Europe ne soit pas un continent aride, l’approvisionnement en eau est actuellement un problème pour plus de la moitié de sa population et particulièrement, pour les pays méditerranéens comme l’Espagne. La répartition des eaux au sein de l’UE est hétérogène, et l’activité humaine tend à aggraver cette situation.
Hugues Goosse, climatologue à l’UC Louvain, le rappelle : « En Europe, les contrastes saisonniers vont être de plus en plus importants. Et en fonction de la manière dont on gère cela, cela peut causer des problèmes d’approvisionnement en eau ». Le spécialiste le rappelle, en Belgique, nous avons déjà dû imposer des restrictions de l’eau lors de périodes caniculaires. « Durant des épisodes de sécheresses, on peut vite arriver à des problèmes de distribution de l’eau. On l’a déjà vu les deux dernières années et ce genre d’évènement risque de se produire plus régulièrement. »
Il poursuit en soulignant que « la diminution de l’eau en provenance des glaciers est également un souci majeur. L’approvisionnement en eau de beaucoup de régions du monde dépend de glaciers, parfois lointains. En France, par exemple, Le Rhône dépend en majeure partie des glaciers alpins. Le changement climatique entraîne des contraintes assez fortes. »
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En conclusion, le rapport indique que la gestion des ressources n’est toujours pas adéquate et souligne qu’il faut « agir de toute urgence pour améliorer la gestion coopérative de l’eau, adopter des politiques coordonnées sur l’eau et le climat et accroître les investissements dans ce bien précieux, sur lequel reposent tous les objectifs internationaux en matière de développement durable, d’adaptation au changement climatique et de prévention des catastrophes. » Goosse souligne qu’une « meilleure gestion des ressources permettrait de pallier un peu plus les effets du changement climatique ».
Lola Buscemi
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