Le monde fête un deuxième nouvel An sous l’ombre du Covid
Le monde célèbre samedi le passage à 2022 avec des festivités souvent restreintes, sur fond d’explosion des contaminations au Covid, et endeuillées en Inde où 12 personnes sont mortes dans un mouvement de foule lors de traditionnelles prières du Nouvel An.
Ces douze derniers mois ont vu l’arrivée d’un nouveau président américain, des rêves de démocratie s’évanouir de l’Afghanistan à la Birmanie en passant par Hong Kong ou la Russie, et les premiers Jeux olympiques sans spectateurs.
D’innombrables autres personnes ont été contaminées, soumises à des confinements, des couvre-feu et une panoplie de tests. Le cap symbolique du million de cas quotidiens de coronavirus dans le monde a été franchi dans les dernières heures de l’année 2021, après l’émergence du variant Omicron, particulièrement contagieux, selon un décompte de l’AFP. Officiellement, plus de 5,4 millions de personnes sont mortes depuis que le virus a été identifié pour la première fois en Chine en décembre 2019.
– « Se concentrer sur le positif » –
La Grande-Bretagne, les États-Unis et même l’Australie, longtemps restée à l’abri de la pandémie, battent des records de nouveaux cas.
Et la France a annoncé à son tour jeudi qu’Omicron était désormais majoritaire sur son territoire. Toutefois, dans ses voeux à la nation, le président français Emmanuel Macron s’est déclaré « résolument optimiste », souhaitant que 2022 soit aussi « l’année de sortie de l’épidémie ».
La distribution de vaccins à environ 60% de la population mondiale laisse pourtant entrevoir une lueur d’espoir, bien que certains pays pauvres n’y aient toujours qu’un accès limité et qu’une frange de la population y reste réticente.
Les îles Kiribati, dans le Pacifique, ont été les premières à célébrer la nouvelle année à partir de 10h00 GMT vendredi.
Dans le Cachemire indien, une bousculade vers 02H45 locales (21H15 GMT) a fait au moins 12 morts et treize blessés dans le sanctuaire de Mata Vaishno Devi, l’un des sanctuaires hindous les plus fréquentés du nord de l’Inde.
« Le bilan pourrait être plus lourd car la route menant au sanctuaire situé au sommet d’une colline était bondée de fidèles qui tentaient de s’y rendre à l’occasion des traditionnelles prières du Nouvel An », a indiqué un représentant des autorités.
De Séoul à Mexico et San Francisco, de nombreuses festivités ont été, une nouvelle fois, annulées ou sévèrement encadrées.
A Paris, où le traditionnel feu d’artifice de la Saint-Sylvestre a été annulé, des milliers de touristes et de badauds – beaucoup moins nombreux qu’avant la pandémie – ont déambulé sur l’avenue des Champs Elysées, bordée d’arbres scintillants, où les policiers contrôlaient le port du masque, à nouveau obligatoire.
« Tout est fermé aux Pays-Bas, donc on est mieux ici. Je vais rester jusqu’à minuit, voir les lumières, après on ne sait pas trop », explique Koen, un touriste néerlandais de 22 ans venu à Paris pour le réveillon avec sa petite amie.
En plein coeur de Madrid, le traditionnel rassemblement à la Puerta del Sol a réuni quelque 7.000 personnes pour avaler des grains de raisin au son des douze coups de minuit.
– « C’est calme, ça me plaît » –
A Sydney, ville qui se vante habituellement d’être la « capitale mondiale du Nouvel An », la foule était inhabituellement peu nombreuse sur le port pour assister au traditionnel feu d’artifice.
A Dubaï (Emirats arabes unis), 36 feux d’artifice sur 29 sites ont embrasé la ville. Les fêtards se sont rassemblés dès le début de la soirée pour assister au spectacle de la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa.
Au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé par la pandémie après les Etats-Unis, Rio de Janeiro a réduit la voilure pour ses célébrations, qui attirent annuellement trois millions de touristes sur la célèbre plage de Copacabana. Cette année, les concerts ont été annulés, l’accès au quartier restreint, et la pluie de l’été tropical s’est invitée.
Vendredi, trois heures avant l’entrée dans 2022 et les 16 minutes de feux d’artifice au-dessus de la baie, seul un nombre limité de fêtards – pour la plupart habillés de blanc comme le veut la tradition – avaient répondu présent.
« Je m’attendais à voir bien plus de gens, que ce soit stressant », dit à l’AFP Alejandra Luna, une touriste colombienne de 28 ans, « mais c’est calme, ça me plaît ».
– « Notre rêve » –
A New York, les fêtards ont commencé à se regrouper vendredi soir sur l’emblématique Times Square, au coeur de Manhattan, pour assister au compte à rebours juste avant minuit et au lâcher de la boule et des confettis qui marque l’entrée dans la nouvelle année.
Le maire Bill de Blasio avait promis que la fête aurait lieu mais avec seulement 15.000 personnes sur Times Square au lieu de 60.000, toutes masquées et vaccinées.
À l’image d’un couple d’Afro-Américains venus spécialement de Memphis (Tennessee): « Voir le lâcher de la boule, c’est notre rêve et on s’est fait vacciner pour ça », admet devant l’AFPTV Chroni Spokes.
Le président américain Joe Biden a appelé vendredi à l’unité dans un message vidéo: « Alors que nous entrons dans la nouvelle année, je suis plus optimiste sur l’avenir de l’Amérique que je ne l’ai jamais été (…) Chaque crise à laquelle nous avons été confrontés, nous l’avons transformée en une opportunité d’être une nation plus forte et meilleure ».
« Célébrer la vie »
Comme à Times Square à New York, les événements officiels seront réduits, mais de grandes foules sont tout de même attendues.
« Les gens n’ont qu’une envie, sortir de chez eux, célébrer la vie après une pandémie qui a obligé tout le monde à s’enfermer », a déclaré Francisco Rodrigues, 45 ans, serveur à Copacabana.
Certains Brésiliens sont plus dubitatifs, dans un pays où la pandémie a tué près de 619.000 personnes, le pire bilan au monde après celui des Etats-Unis.
Le gouvernement tunisien a de son côté annoncé au dernier moment l’annulation des festivités à Tunis « au vu du développement de la situation épidémique ».
Aux Emirats arabes unis, Dubaï prévoit malgré tout un spectacle pyrotechnique à Burj Khalifa, la plus haute tour du monde avec ses 828 mètres, et l’émirat de Ras Al-Khaimah va de nouveau tenter de battre le record mondial du plus grand feu d’artifice.
En Afrique du Sud, premier pays à avoir signalé le nouveau variant fin novembre, le couvre-feu nocturne en vigueur depuis 21 mois et qui s’était réduit aux heures comprises entre minuit et 4 heures du matin a été levé à la veille des célébrations pour le Nouvel an. Le port du masque reste toutefois obligatoire dans l’espace public et les rassemblements restent limités (1.000 personnes à l’extérieur, 2.000 à l’intérieur).
En Russie, le président Vladimir Poutine dans ses voeux télévisés, a évoqué l’épidémie de Covid, sans citer le chiffre de plus de 600.000 morts établi la veille par l’agence nationale des statistiques – deux fois plus que le chiffre communiqué par le gouvernement -, qui place le pays parmi les plus endeuillés au monde.
Les experts espèrent que l’année 2022 marquera une nouvelle phase, moins meurtrière, de la pandémie.
« Tsunami de cas »
Durant l’année écoulée, nombre de pays, en particulier occidentaux, ont hésité à rétablir les mesures drastiques de 2020, afin d’éviter une nouvelle récession économique. Mais 2021 a tout de même vu, en Europe et au-delà, une augmentation des manifestations contre les restrictions, tandis qu’une minorité hésitait encore à se faire vacciner, soulevant des craintes quant à savoir comment la pandémie pourra prendre fin sans progression des taux de vaccination.
Les experts espèrent que l’année 2022 marquera une nouvelle phase, moins meurtrière, de la pandémie. Mais l’Organisation mondiale de la santé prévoit de prochains mois éprouvants.
Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dit redouter « qu’Omicron, plus transmissible, circulant en même temps que Delta, entraîne un tsunami de cas » et « une pression immense sur des soignants épuisés et des systèmes de santé au bord de l’effondrement ».
L’année 2021 s’achève aussi par une montée des tensions géopolitiques, y compris en Europe avec la menace d’une intervention russe en Ukraine.
« Nous avons défendu fermement et constamment nos intérêts nationaux, la sécurité de notre pays et de nos citoyens », a souligné le président Vladimir Poutine dans ses voeux télévisés, déjà diffusés dans l’extrême-orient du pays, plus de 20 ans après s’être livré pour la première fois à l’exercice.
Il a évoqué l’épidémie de Covid, sans citer le chiffre de plus de 600.000 morts établi la veille par l’agence nationale des statistiques – deux fois plus que le chiffre communiqué par le gouvernement -, qui place le pays parmi les plus meurtris au monde.
Enfin, l’annonce au Royaume-Uni, avec plus de 15 degrés Celsius enregistrés dans le nord-est, de la Saint-Sylvestre la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, a rappelé une autre préoccupation de 2021, qui persistera dans la nouvelle année: le changement climatique.
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