Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 31e jour
Les combats se sont concentrés samedi dans l’est de l’Ukraine, dont l’armée russe fait désormais sa priorité, au 31e jour de son offensive.
Les forces russes continuent par ailleurs d’assiéger plusieurs grandes villes, dont Kharkiv, Tcherniguiv et Marioupol. « Mais elles rechignent à s’engager dans des opérations urbaines à grande échelle et préfèrent s’en tenir à des bombardements aériens et des tirs d’artillerie indiscriminés afin de tenter de démoraliser la défense adverse », relève le ministère britannique de la Défense. La Russie a annoncé vendredi sa décision de se concentrer sur « la libération du Donbass », dans l’est de l’Ukraine, fief des séparatistes prorusses, semblant revoir ses objectifs de guerre à la baisse.
Le président américain Joe Biden a toutefois déclaré samedi à Varsovie qu’il n’était « pas sûr » que cette annonce signifiait un changement de la stratégie russe en Ukraine. Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
L’Est
Autour de Donetsk et Lougansk, les deux grandes villes du Donbass, l’armée ukrainienne assure « avoir infligé des pertes importantes aux envahisseurs russes », dans son dernier bulletin publié samedi. Il fait état de trois avions abattus, huit chars détruits et quelque 170 soldats tués côté russe. Le ministère russe de la Défense a fait état lui d’une bataille pour le contrôle de deux villages près de Donetsk, à Novobakhmutivka et Novomykhailivka. « Les Russes essaient non seulement d’obtenir des gains (territoriaux) substantiels en vue de négociations futures mais aussi de couper les forces ukrainiennes (de leur base arrière) dans l’est du pays », a relevé vendredi un haut responsable du Pentagone.
Kiev et le Nord
Autour de Kiev, les combats continuent pour « repousser l’offensive ennemie », selon l’état-major ukrainien, précisant que la ligne de front n’a pas bougé. Le maire de Kiev a finalement renoncé à imposer un nouveau couvre-feu de 35 heures, qu’il avait annoncé à partir de samedi soir, pour revenir à un couvre-feu ne s’appliquant que de 20 heures à 07 heures, comme tous les soirs.
« Les Russes occupent des positions défensives. Il semble qu’ils aient stoppé toute avancée vers Kiev », a souligné le haut responsable du Pentagone. A 160 km au nord Kiev, l’armée russe a pris le contrôle de la ville de Slavoutitch, où réside le personnel de la centrale de Tchernobyl, arrêtant le maire et suscitant des manifestations pro-ukrainiennes. La ville de Tcherniguiv, à environ 120 km au nord-est de Kiev, est encerclée par les forces russes et il est impossible d’évacuer massivement les civils et les blessés, a annoncé son maire, Vladislav Atrochenko. Le ministère russe de la Défense a affirmé de son côté que des roquettes de type Kalibr avaient détruit un dépôt d’armes et de munitions dans la région de Jytomyr, à l’ouest de Kiev, le 25 mars.
Le Sud et la Mer Noire
Les forces de Kiev assurent poursuivre leur contre-offensive sur Kherson, dans le sud du pays, seule grande ville à avoir été conquise entièrement par les forces de Moscou. A Odessa, grand port de la Mer noire, la menace d’une offensive russe semble s’éloigner. « Il n’y a aucun signe d’un assaut amphihie ou terrestre imminent », relève le haut responsable du Pentagone. Près de la ville portuaire voisine de Mykolaïv, un dépôt de carburant a été touché, selon le ministère russe de la Défense. L’armée ukrainienne continue à tenir l’adversaire à une distance de 15 kilomètres à l’extérieur de Mykolaïv. Dans la ville portuaire stratégique de Marioupol, sur la mer d’Azov, où les Russes essaient de faire la jonction territoriale entre les régions séparatistes du Donbass et la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014, la tension ne diminue pas. Un convoi humanitaire parti de cette cité assiégée avec des ambulances transportant des enfants blessés était bloqué samedi à un check-point russe, selon Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains de l’Ukraine.
Bilan humain
Aucun bilan précis et récent des victimes civiles n’est disponible. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) évoquait au moins 925 civils tués dont 75 enfants il y a quelques jours. Il fait peu de doutes que les bilans réels sont très supérieurs. Sur le plan militaire, les fourchettes sont extrêmement larges. La Russie a reconnu vendredi la mort de 1.351 de ses soldats pour 3.825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.
Les sources occidentales parlent à l’unisson de plusieurs milliers de morts côté russe, Kiev allant même jusqu’à 12.000. Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a évoqué le 12 mars « environ 1.300 » militaires tués. Presque deux semaines après, ce chiffre a peu de signification.
Réfugiés et déplacés
Plus de dix millions d’Ukrainiens (sur environ 40 millions) ont fui leurs foyers, dont 3,8 millions sont partis à l’étranger, principalement en Pologne, selon le décompte de l’ONU publié samedi. Presque 6,5 millions sont déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.
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