Axel Kahn, le généticien français, s’en est allé, « nimbé de leur amour »
L’ancien président de la Ligue française contre le cancer a touché de nombreux lecteurs avec son blog évoquant sa fin de vie.
« La main dans la main des miens qui seront transpercés de mon amour, moi-même nimbé de leur amour, je m’endormirai, ils me verront m’endormir. Je ne serai bientôt plus, ils seront encore, je les accompagnerai. »
Voilà ce qu’écrivait Axel Kahn, le célèbre généticien français, sur son blog qui a accompagné son long chemin vers la fin de vie. Il est décédé ce mardi 6 juillet à l’âge de 76 ans.
Atteint d’un cancer, celui qui était aussi président de la Ligue française contre le cancer a partagé de nombreuses émotions avec une sérénité qui a touché de nombreux lecteurs.
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Le 11 mai dernier, il annonçait son retrait de la présidence de la Ligue. « Je lutte contre le cancer et il se trouve que la patrouille m’a rattrapé », expliquait le scientifique au micro de la matinale de France Inter. Avec une grande dignité
Dans un grand entretien accordé au Vif , quelques jours aupravant, il s’exprimait longuement au sujet de son dernier livre, Et le bien dans tout ça?.
C’était un exemple. Pour tous, pour les jeunes en particulier. Lui pour qui l’éducation, à l’image du rôle qu’elle a joué dans sa vie, est essentielle. « Permettre aux jeunes d’accéder aux références à des normes humanistes supérieures, les ouvrir au doute, condition de la tolérance, leur insuffler l’amour de la liberté de conscience sont des finalités de l’enseignement, qui ne peut jamais être seulement celui des lois de la nature, des réponses aux questions du comment. Il se doit aussi d’aborder la question de la valeur des êtres et de ce qui la fonde, en raison ou en foi », écrit-il dans son livre.
Dans cet entretien, il répondait notamment: « Ai-je fait mon devoir en toutes circonstances? C’est à vous et à tous les autres qui m’ont vu vivre, éventuellement, de le dire. Faire son devoir est la principale activité pour n’importe qui veut arriver à déterminer sa conduite, c’est-à-dire se poser la question: « Dans la situation face à laquelle je suis, dans l’analyse que je fais de mes relations avec autrui, quel est mon devoir? ». Mon père, en se suicidant, m’a laissé une lettre qui commence par « Tu es, Axel, sans doute le plus capable de faire durement les choses nécessaires » et qui finit par « Sois raisonnable et humain ». Avec les années, j’ai interprété cette lettre comme ceci: « Tu es raisonnable. Utilise toutes les possibilités de ta raison pour savoir ce que tu dois faire. Mais sois humain. » C’est-à-dire, aime les personnes comme elles sont. N’aime pas que celles qui te semblent fulgurantes, positives. La vraie vie est faite de femmes et d’hommes qui sont effectivement magnifiques et d’autres qui sont plutôt médiocres, plutôt banals, voire négatives. C’est ainsi. Fort de cette indication, fort de ta raison, avec le souci d’être humain, détermine ce qu’est ton devoir. C’est à toi que cela revient. C’est à toi de le déterminer. Mais quand tu l’auras déterminé, alors fais-le. Durement si nécessaire. »
Né le 5 septembre 1944 au Petit-Pressigny (Indre-et-Loire), Axel Kahn a pour père le philosophe Jean Kahn (1916-1970) et pour mère Camille Ferriot (1914-2005), rappelle Le Monde. Il est le frère du journaliste Jean-François Kahn, de six ans son aîné, et du chimiste Olivier Kahn (1942-1999). Leur lignée comprend un grand-père paternel juif alsacien admirateur de Georges Clemenceau et laïcard et une grand-mère maternelle antisémite refusant de rencontrer leur père. Axel Kahn perd la foi catholique au contact des jésuites, mais il se forgera « une morale sans transcendance », un humanisme athée « qui finalement est assez proche de celui des chrétiens », constatera-t-il au soir de sa vie.
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