Vaccination : comment les maisons de repos ont-elles été choisies ?
Le jour tant attendu est arrivé. Des résidents ainsi que le personnel de trois maisons de repos ont bénéficié ce 28 décembre de leur première dose de vaccin contre le covid-19. Pourquoi sont-ils les heureux élus ?
Notre Dame de Stockel à Woluwe-Saint-Pierre, La Bonne Maison de Bouzanton à Mons et woonzorgcentrum Sint-Pieters à Puers-Saint-Amand sont les trois premières maisons de repos de notre pays à recevoir le vaccin.
Plusieurs questions peuvent dès lors se poser : s’agit-il d’un signal fort du gouvernement envers les personnes âgées, fortement touchées pendant la première vague (et encore aujourd’hui) ? Pourquoi ces trois maisons de repos ? Comment ont été choisis les bénéficiaires du vaccin au sein de ces établissements ? Comment est déterminé l’ordre de vaccination pour la suite ?
Un signal fort
Selon Yvon Englert, l’ancien recteur de l’ULB, maintenant délégué général covid-19 du gouvernement wallon, il y a deux raisons de vacciner en premier dans les maisons de repos. « La première est symbolique. On n’a pas apporté l’attention qu’il fallait lors de la première vague. Cette fois-ci, ils seront les prioritaires. Deuxièmement, aujourd’hui on sait que ces vaccins sont extrêmement protecteurs, ce sont donc les plus menacés de faire une complication grave ou de mourir de l’infection qui en bénéficieront en premier. Pour cela, nous savons tous que c’est l’âge et la vie en collectivité qui sont les deux critères. C’était donc assez logique d’offrir la possibilité aux résidents de maisons de repos de se vacciner en priorité », a-t-il déclaré dans une interview sur RTL.
Pourquoi ces trois maisons de repos ?
Ces maisons de repos ont toutes en commun d’avoir effectué ce qu’on appelle un « dry run ». Le dry run c’est un essai à blanc. Il s’agit d’imiter la procédure avec des flacons remplis d’eau. Tout le cheminement depuis la décongélation à l’hôpital jusqu’à l’injection est effectué. En clair, c’est une façon d’effectuer un test à taille réelle en présence d’observateurs qui notent leurs remarques. À partir de là, les SOP (standard operation procedure), qui sont les notes qui indiquent à chacun sa procédure pour chaque étape sont adaptées.
Yvon Englert rapporte qu’il y avait « 12 maisons de repos pour sélectionnée pour le dry run, mais je suis incapable de vous dire pourquoi celles-là ont été sélectionnées. Ces 11 autres sont d’ailleurs en première ligne pour les futures injections. Ceci dit, on a un planning assez serré donc toutes les maisons de repos devraient assez vite bénéficier du vaccin. À condition que les approvisionnements soient conformes. »
Le délégué général covid-19 souligne aussi que cette question de sélection « reporte aussi à pourquoi on les a choisies pour le dry run, mais ça, ça s’est fait en fonction des disponibilités de manière très rapide. Il faut savoir que l’on construit en marchant. »
Du côté du cabinet de Christie Morreale on justifie le choix de la maison de repos de Bouzanton « parce qu’elle répondait à tous les critères. Elle a effectué le dry run le 17 décembre dans de bonnes conditions, elle se trouve à proximité d’un hub hospitalier (Ambroise Paré), elle n’est pas en situation de cluster (10 cas ou plus) et elle possède un nombre important de résidents et d’employés », déclare Stéphanie Wilmet, la porte-parole de la ministre wallonne de la Santé. « De plus, la présence d’une infectiologue d’Ambroise Paré à proximité a aussi été un élément favorable », ajoute-t-elle.
Il en va de même à Bruxelles, « le dry run qui a été effectué en préparation de la vaccination avait était fait avec St Luc et Notre Dame de Stockel. L’établissement étant proche de hopital c’était la solution la plus simple » déclare le cabinet d’Alain Maron.
Comment ont été choisis les bénéficiaires ?
Tous les bénéficiaires ont été choisis de manière volontaire. On vaccine les résidents et le personnel. « Mais priorité aux résidents si on n’a pas suffisamment de doses en une fois », rappelle Yvon Englert.
À Mons comme à Bruxelles, la maison de repos a décidé de mettre en tête de liste sa doyenne de manière symbolique. « Elle a un fort caractère et voulait absolument être vaccinée », raconte Stéphanie Wilmet. Pour ajouter « 86 % des résidents et du personnel ont été vaccinés aujourd’hui ».
L’ancien recteur rajoute : « L’adhésion a été très forte. On a plusieurs maisons de repos qui nous ont contactés en nous disant qu’ils étaient prêts. Tout le monde au sens propre du terme est convaincu que le vaccin est l’arme qui va pouvoir nous faire sortir de ce calvaire. »
Comment est déterminé l’ordre de vaccination pour la suite ?
Selon Yvon Englert, « Si les doses suivent, on voudrait proposer la première dose de vaccin dans toutes les maisons de repos en Wallonie ce mois de janvier. Comme il faut 20 jours entre les deux doses, on peut s’attendre à une échéance de vaccination totale d’ici le mois de février ». Puis il ajoute : « On a essayé de faire un ordre rationnel et non sur des critères subjectifs. En gros ces critères dépendent de la répartition territoriale, la taille des maisons de repos et sur les disponibilités en vaccin. »
Au niveau plus global, le calendrier est divisé en trois phases. Actuellement nous rentrons dans la phase Ia. Celle-ci visant à vacciner les résidents et le personnel des maisons de repos et de soins ainsi que les professionnels de la santé en première ligne. Celle-ci devrait normalement être terminée d’ici fin février, début mars.
Viendra alors la phase Ib. Celle-ci aura pour but la vaccination des plus de 65 ans et des patients à risque (obésité, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, pulmonaires, rénales et hépatiques chroniques et malignités hématologiques jusqu’à 5 ans après le diagnostic et tous les cancers solides récents ou traitements anticancéreux récents). Aussi, les personnes exerçant une fonction sociale ou économique essentielle pourront bénéficier du vaccin lors de cette phase.
Enfin la dernière phase sera la phase II. Dans ce cas, les patients à plus faibles risques seront prioritaires ainsi que la population adulte et en relative bonne santé.
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