Theo Francken était présent à l’anniversaire du fondateur de la milice d’extrême droite VMO
Selon le PTB, plusieurs dirigeants de la N-VA étaient présents au 90e anniversaire de Bob Maes, ancien activiste pro-nazi et fondateur de la milice d’extrême droite VMO. Après les propos de Jan Jambon sur la collaboration, le gouvernement de Charles Michel fait face à une nouvelle polémique.
Les tuiles, décidément, tombent dru sur Charles Michel, à peine entré dans son costume de Premier ministre. Dans un communiqué publié ce matin, le PTB affirme en effet que Theo Francken, tout juste promu secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration au sein du gouvernement fédéral, s’est rendu le week-end dernier au nonantième anniversaire de Bob Maes, une figure du nationalisme flamand.
Si Bob Maes a été l’un des responsables de la Volksunie dans les années 1950, 1960 et 1970, son image reste indissociable de son attitude trouble au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il est, de plus, le fondateur du Vlaamse Militanten Organisatie (VMO), une milice d’extrême droite, aujourd’hui dissoute.Selon le PTB, un autre dirigeant de la N-VA, Ben Weyts, ministre flamand de la Mobilité et des Transports publics, était présent à la fête organisée en l’honneur de Bob Maes. « Il est très inquiétant que deux membres de gouvernements soient présents à la fête de quelqu’un qui a collaboré pendant la Seconde Guerre mondiale, qui n’a jamais montré aucun regret et qui ensuite, après la guerre, a même mis sur pied un commando de choc paramilitaire », a déclaré Peter Mertens, le président du président marxiste.
Bob Maes avait 16 ans au début de la guerre. Dans sa jeunesse, il a été membre du parti d’extrême droite VNV, ainsi que d’un autre groupe fascisant, le NSJV (Jeunesse nationale-socialiste de Flandre). Ses activités durant cette période lui ont valu d’être emprisonné pendant un an après la guerre (Maes s’était présenté à la police en 1944) et d’être privé de ses droits civils pendant vingt ans.
Le VMO, fondé par Bob Maes en 1950, sera par la suite au centre d’un épisode noir de l’histoire politique belge : ce sont en effet des militants issus de ce groupuscule qui se rendront responsables de la mort de Jacques Georgin, un colleur d’affiches du FDF, roué de coups lors d’une échauffourée avec des nationalistes flamands radicaux. Le centre d’études du FDF porte, aujourd’hui encore, le nom de Jacques Georgin.
Ces informations diffusées par le PTB tombent au plus mauvais moment pour le gouvernement de Charles Michel, déjà mis sous pression par la polémique autour des propos du vice-Premier ministre N-VA, Jan Jambon, sur la collaboration. Ce matin, le président du FDF, Olivier Maingain, a réclamé la démission de Jan Jambon.
« A la fête d’anniversaire de Bob Maes à Zaventem, il n’y avait même pas 20 personnes présentes, a encore affirmé Peter Mertens. Le ministre flamand Ben Weyts a tenu un discours en son honneur. Un député N-VA, Karl Vanlouwe, lui a remis des fleurs. Et le secrétaire d’Etat Theo Francken a applaudi de manière enthousiaste. Voilà qui jette une autre lumière sur les déclarations de Jan Jambon au sujet de la collaboration. »
Spécialiste des mouvements radicaux et coordinateur du web-journal RésistanceS.be, Manuel Abramowicz apporte cet éclairage : « Bob Maes vient d’une famille nationaliste, proche du courant d’extrême droite au sein du Mouvement flamand. Ce courant apparaît dès les années 1920 et veut une Flandre indépendante avec un régime d’ordre nouveau. Le nationalisme auquel il se réfère, c’est le nationalisme germanique, et donc racial. Adolescent, Bob Maes devient membre du VNV, un parti nationaliste qui se rapproche du nazisme avant même le déclenchement de la Seconde guerre mondiale. Très vite, la propagande allemande va financer le VNV. Après 1940, Bob Maes s’affiliera au NSJV, une organisation qui encadre les jeunes collaborationnistes. On pourrait arguer qu’il n’était encore qu’un jeune adulte à l’époque où se sont déroulés ces faits, mais jamais il ne s’est distancié par rapport à ce passé d’extrême droite. On peut clairement parler de lui comme d’un ancien activiste pro-nazi et un nostalgique de l’ordre nouveau. »
« Bob Maes n’a jamais renié quoi que ce soit, insiste encore Manuel Abramowicz. Pour les activistes comme lui, la collaboration, ce n’était pas une collaboration avec les nazis qui exterminaient les juifs à Auschwitz, mais une collaboration avec la puissance qui avait gagné la guerre et qui allait permettre l’avènement d’une Flandre indépendante. Ce qui jouait aussi, dans l’esprit de ces gens-là, c’était le combat contre le bolchévisme. »
Toujours est-il que les mandataires N-VA qui ont assisté à la cérémonie privée en hommage à Bob Maes ne l’ont pas fait en catimini. Les photos de l’événement se trouvent en effet sur le site de la section N-VA de Zaventem. On y voit notamment Theo Francken arborer les doigts en V, comme il l’avait fait lors de sa prestation de serment, à son entrée au gouvernement fédéral.
Dans un communiqué publié cette après-midi, Ecolo demande à son tour à Charles Michel de prendre ses distances tant à l’égard des déclarations de Jan Jambon que de l’attitude de Théo Francken. Le parti vert demande aussi au Premier ministre de procéder au remplacement immédiat de son Secrétaire d’Etat à l’asile et l’immigration.
Theo Francken ne comprend pas l’émoi suscité par sa présence à l’anniversaire
Weyts a déclaré à la VRT qu’il ne voyait pas de mal à sa présence aux festivités. « Oui, j’étais présent à la maison communale de Zaventem pour l’hommage à un homme de 90 ans aimable, ancien sénateur de la Volksunie et père d’un parlementaire flamand. J’y étais même avec plaisir, car Bob est un nationaliste flamand très méritant, idéaliste jusqu’au bout des ongles et démocrate. Et alors ? L’extrême gauche est-elle à ce point désespérée qu’elle veuille transformer ce genre de futilités en rixe politique ? »
Le secrétaire d’État Theo Francken (N-VA) ne comprend pas non plus l’émoi suscité par sa présence à l’anniversaire. « Il s’agissait d’une célébration officielle à la maison communale en présence du bourgmestre de Zaventem » souligne Francken qui juge inacceptable « une chasse aux sorcières contre un nonagénaire ».
Francken rappelle que Maes était sénateur de la Volksunie entre 1971 et 1984. « À cette époque, il était également président de la Commission du Sénat des Communications depuis quelques années. Bob a siégé au conseil communal de Zaventem pendant dix-sept ans. Il était membre de la Volksunie depuis le début avant de rejoindre la N-VA » explique le nationaliste flamand.
D’après Francken, Maes « est respecté à l’intérieur et à l’extérieur du nationalisme flamand pour son dévouement et sa lutte démocratique pour l’émancipation flamande. Le PVDA, un parti d’extrême gauche, est manifestement désespéré et n’a pas d’arguments » conclut-il.
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