Spécial Bruxelles: le covid a plombé la santé mentale dans la capitale
Le coronavirus nuit aussi sérieusement à la santé mentale des Bruxellois. Pour la capitale, une nouvelle conception de tout l’espace urbain semble inévitable.
Dossier spécial Bruxelles
Durement frappée par la pandémie, l’économie bruxelloise panse ses blessures alors qu’elle reste à la traîne sur le plan de la vaccination. L’instauration, depuis le 15 octobre, du Covid safe ticket n’arrange pas les affaires des secteurs obligés de le contrôler, surtout l’Horeca. Mais là comme ailleurs, la reprise semble s’amorcer et on espère que le plus dur est passé. Tour d’horizon, du tourisme et de la restauration à la culture, en passant par le commerce et les entreprises. Sans oublier les Bruxellois, qui peinent à retrouver le sourire derrière le masque qu’ils n’ont jamais quitté.
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A Bruxelles plus qu’ailleurs en Belgique, la pandémie a accentué la nécessité d’une nouvelle approche de l’espace urbain et de la vie en ville. Parce qu’elle y a porté un coup très rude aux modes de vie, de déplacement, de travail, de consommation et d’habitat. Cet été, le Baromètre social annuel de l’Observatoire de la santé et du social de Bruxelles-Capitale rendait ainsi un verdict impitoyable: 30% des Bruxellois ont subi des pertes de revenus en 2020 ; le nombre des bénéficiaires d’un revenu d’intégration sociale a augmenté de 9,5% (de 39 703 à 43 481), contre – 0,2% et + 1,5% les deux années précédentes ; 26% de la population vivent dans un logement surpeuplé ; 25% habitent dans une habitation insalubre ; 18% souffrent de dépression (6% avant le coronavirus) et 75% de troubles du sommeil (33% auparavant). Bref, « l’écart social de la Région avec la Flandre et la Wallonie pourrait encore se creuser ».
Trente pour cent des Bruxellois ont subi des pertes de revenus en 2020.
En septembre, Sciensano, l’institut de santé publique, enfonçait le clou avec sa septième enquête Covid, menée d’avril 2020 à juin 2021: si 15% de la population adulte belge souffrait de troubles dépressifs, surtout les 18-29 ans (soit 5% de moins qu’en mars mais 5% de plus qu’en 2018, année de la dernière grande enquête nationale de santé avant le coronavirus), on était à 20% à Bruxelles (pour 12,5 % en Flandre et 18% en Wallonie).
Faire évoluer l’espace urbain
Pierre Vermeylen, président de For Urban Passion, association d’urbanistes qui promeuvent la qualité des villes, rappelle que « jusqu’il y a deux ou trois ans, Bruxelles gagnait 10 000 habitants par an contre 1 700 aujourd’hui. A l’ère du care, du soin, les gens demandent un Etat protecteur, lui attribuent le rôle premier de veiller à leur santé, à leur bien-être psychologique, au fait d’avoir des relations sociales, de vivre dans un logement convenable… Ce qui induit qu’il faut des évolutions dans la conception même des espaces urbains. La pandémie a accentué la diminution d’attrait pour la métropolisation, pour le fait que la richesse se crée dans les grandes villes et que le marché de l’emploi s’y trouve. Les confinements, le télétravail, la distanciation sociale ont fondamentalement changé les espaces, les rapports à ces espaces – de travail, d’habitat ou autres -, le rapport à la mobilité, à l’immobilité, à la qualité de l’air, au trafic routier, aux espaces verts. Bruxelles doit recourir à une autre façon de faire de l’urbanisme. En impliquant ses citoyens, même les plus vulnérables socialement. Et en entendant leurs attentes. »
Jusqu’il y a deux ou trois ans, Bruxelles gagnait 10 000 habitants par an, contre 1 700 aujourd’hui.
Or, une étude qualitative menée sur Bruxelles par la VUB, financée par l’Institut d’encouragement de la recherche scientifique et de l’innovation de la Région de Bruxelles-Capitale (Innoviris) et publiée le 19 octobre, montre que les habitants considèrent la présence d’espaces verts publics comme positive pour leur santé physique et mentale. « Ceux qui ont le sentiment de faire partie d’une communauté, qui font l’expérience de la compréhension et du soutien mutuels, se sentent mieux et les espaces verts créent un équilibre mental », concluent les auteurs. Il faut donc « impliquer les citoyens dans l’aménagement urbain, donner la priorité aux quartiers défavorisés, assurer la sécurité et prévoir des espaces avec de l’eau et de la verdure ».
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