Réfugiés ukrainiens: la Belgique promet « des dizaines de milliers » de places d’accueil
De nombreuses questions ont été adressées au secrétaire d’Etat et au Premier ministre, Alexander De Croo, à la Chambre ce jeudi.
Le gouvernement belge a promis ce jeudi de créer d’ici à la fin mars « des dizaines de milliers de places » d’hébergement pour les réfugiés ukrainiens alors que le rythme des arrivées dans l’UE s’accélère.
La Belgique, dont le réseau d’accueil public des demandeurs d’asile (environ 30.000 places) est saturé, misait initialement sur la solidarité citoyenne pour faire face à ce nouvel afflux d’exilés.
Changement de stratégie ce jeudi: l’accueil des Ukrainiens va être piloté par le centre national de crise chargé des situations d’urgence, a annoncé le Premier ministre Alexander De Croo. Les trois régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles) vont être sollicitées pour créer des logements collectifs de grande capacité alors que la Belgique a déjà enregistré « plus de 3.000 » exilés ukrainiens depuis vendredi dernier, selon les autorités.
« Nous ne les abandonnerons pas, ni aujourd’hui, ni demain, jamais », a lancé le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi à la Chambre.
Répartition de l’accueil
Le gouvernement fédéral, les Régions et les Communautés se sont concertés dans la matinée pour coordonner l’accueil de ces réfugiés qui constituera le plus grand défi qu’a connu l’Europe depuis la IIe Guerre mondiale. Le fédéral se chargera de l’accueil de crise, l’enregistrement et l’hébergement d’urgence. Actuellement, cet enregistrement se déroule à Bruxelles. Le Palais 8 du Heysel sera utilisé à cet effet dès la semaine prochaine, mais il faudra aussi décentraliser cette mission dans d’autres villes, a assuré le secrétaire d’Etat.
Nouvelles étapes
De nombreuses questions ont été adressées au secrétaire d’Etat et au Premier ministre, Alexander De Croo, à l’ouverture d’une séance avancée d’une heure pour permettre au chef du gouvernement de se rendre ensuite à Versailles pour un sommet informel des dirigeants des 27. Pour beaucoup de députés, la crise ukrainienne doit fournir l’occasion à l’UE de franchir de nouvelles étapes. Le Premier ministre se tient lui aussi sur cette ligne.
« On va être confrontés à une situation qu’on n’a jamais connue dans notre pays ces dernières décennies », a affirmé M. De Croo devant les députés belges. « L’Europe, dans les moments difficiles qu’elle a connus ces dernières années, quand on lui a demandé de prendre le lead, est parvenue à le faire », a-t-il souligné.
La séance a commencé par un hommage de l’assemblée aux victimes de la guerre en Ukraine. Les députés ont observé une minute de silence en présence de deux représentants du pays à Bruxelles, le chargé d’affaires, Yehor Pyvovarov, et la conseillère Natalia Anoshyna, qui ont reçu des applaudissements nourris.
Comme dans toute l’UE, les exilés ukrainiens peuvent bénéficier en Belgique d’un droit automatique au séjour d’un an renouvelable, au titre de la directive « Protection temporaire », appliquée pour la première fois dans l’histoire de l’Union. Cette mesure décidée le 3 mars offre notamment un accès immédiat au marché du travail.
Règles de guerre
Le Premier ministre De Croo a déclaré que même une guerre a des règles, mais que la Russie les bafoue de manière flagrante. Il a souligné la difficulté de la situation. « Comment répondre à un agresseur sans contribuer à plus de souffrance humaine, comment répondre à un agresseur qui menace avec des armes nucléaires, comment répondre à un agresseur qui accorde peu de valeur à la vie humaine ? », a souligné le Premier ministre. Nous devons mettre fin à la violence par des moyens pacifiques, le Premier ministre faisait notamment référence aux sanctions économiques imposées dans le monde entier pour tenter d’arrêter la machine de guerre russe. « Il est de notre devoir d’utiliser nos moyens pacifiques de manière aussi impitoyable », a déclaré M. De Croo.
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