Etienne Dujardin
« Nazis », « rafle de la police », « racisme de l’Etat belge »… la gauche ne doit-elle jamais s’excuser ?
Commençons par l’essentiel, je réprouve les mots utilisés par Théo Francken lorsqu’il dit vouloir » nettoyer » le Parc Maximilien. Il est revenu sur ces propos, mais je trouve déplorable qu’un Secrétaire d’Etat utilise ce genre de vocabulaire.
Ceci étant dit, je m’étonne des indignations sélectives de certains qui condamnent à juste titre ce dérapage, mais qui ne réagissent pas lorsque les jeunes écolos caricaturent Théo Francken en soldat nazi. Groen s’est heureusement distancé de ce fait déplorable, Ecolo le cautionne. Dont acte.
Je n’entends personne s’indigner lorsque certaines associations parlent de « rafle de la police » réalisée au Parc Maximilien. On a beau sortir toutes les définitions du Larousse qu’on souhaite, le Parc Maximilien n’est pas un « endroit suspect » comme le demande la définition et le mot « rafle » a une connotation historique que personne ne peut nier. Qui peut croire que la police de Bruxelles dirigée par un socialiste, à savoir Philippe Close, ordonne à sa police de faire des « rafles » ? Pourquoi ne pas utiliser un vocabulaire plus nuancé à savoir le mot « arrestation » ?
Lorsque des députés ont manifesté en 2010 pour demander la libération d’Oussama Atar, cerveau des attentats sanglants qu’on a connu, en portant à tort des accusations graves, notamment que la Belgique ne faisait pas assez de démarches pour demander sa libération à cause d’un soi-disant « racisme d’Etat » des autorités belges, c’était totalement inacceptable. L’histoire leur a donné tort et à quel point. Malgré cela aucune excuse de ces députés ou de leurs partis n’a été présentée ni sanction prise.
Autre exemple : lorsqu’on entend Marc Goblet traiter le gouvernement de « bande de gamins de merde« , on ne voit, là encore, personne s’indigner de tels propos, à l’exception de membres de la majorité. Imaginez un seul instant un ministre traiter Monsieur Goblet de « gamin de merde », le tollé général qui se produirait pendant des jours, et ce, à raison.
Venons-en maintenant à la dernière polémique concernant la coopération de Théo Francken avec les autorités soudanaises. Je ne sais pas si des agents secrets sont présents ou non pour repérer des opposants politiques à ce régime. Si c’était le cas, je serais le premier à le condamner avec force, mais l’information avancée a été démentie. De nombreux pays européens ont aujourd’hui des contacts avec le Soudan sans que cela pose problème. Quelqu’un a-t-il demandé de couper tous liens diplomatiques avec le Soudan et de fermer son ambassade à Bruxelles du temps où Elio Di Rupo était Premier ministre ? Avoir des liens avec le Soudan posait moins de problèmes lorsqu’un Premier ministre était socialiste ? Comment peut-on simplement identifier des personnes et vérifier leur origine soudanaise sans aucun contact avec les autorités du pays ? La même question se poserait pour beaucoup de pays qui n’ont pas nos valeurs que cela soit le Tchad, l’Arabie Saoudite, le Yémen et des dizaines d’autres pays sur la carte du monde. Parler avec ces pays ne veut pas dire collaborer à renvoyer des opposants politiques, ce qui serait certes inacceptable. Avant que certains se permettent de traiter Theo Francken de « nazi« , il faudrait savoir quelle est la nature des contacts qui ont été entrepris.
Dans les temps difficiles que nous traversons, faisons tous attention aux mots que nous utilisons et ne donnons pas l’impression vraie ou fausse qu’un certain microcosme peut tout se permettre dans le choix des mots. Vit-on dans une société où il faut faire le buzz en utilisant uniquement un vocabulaire qui choque pour faire passer un message ? Ne courons-nous pas le risque de vouloir crier toujours plus fort que son adversaire ? À ce petit jeu-là, ce ne sont pas les plus sages et nuancés qui se feront entendre.
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