Luc Delfosse
Mr De Wever vous êtes un sacré farceur et un sacré menteur
En toute humilité, je crois que Bart De Wever vient de donner la plus belle, la plus forte, la plus éclairante de ses interviews.
Et ce n’est pas peu dire venant d’un homme politique qui, pardonnez-moi l’expression en ces temps de délires meurtriers, tire sur tout ce qui bouge et prend systématiquement le contrepied non seulement de ses ennemis (ce qui est tout à fait normal) mais aussi (ce qui est moins courant) de ses prétendus amis avec lesquels il gouverne le pays… de l’extérieur. Car enfin, voilà près de deux ans que l’on sait qu’il y a deux Premiers ministres dans ce pays, l’un siégeant rue de la Loi à Bruxelles, l’autre à l’Hôtel de ville d’Anvers. Et l’Histoire un jour montrera évidemment que le… premier danse comme l’autre siffle. Mais ce n’est pas le propos.
Le président (à vie ?) de la NVA s’est donc exprimé dans « Knack » il y a quelques jours . Que dit-il ? Des « banalités » d’abord : « J’espère que le centre de gravité politique de la Wallonie va se déplacer vers le centre-droit ». Il l’a asséné plus de mille fois déjà. Ou encore : « Si la Wallonie veut devenir une sorte de Grèce du Nord, qu’elle le fasse sur son propre compte ». Insignifiant depuis que ses amis et lui, avant de devenir célèbres et fréquentables, ont trimballé leur camion de faux billets dans le Sud du pays, peuplé comme l’on sait de « loosers », de « junkies » et de syndicaliste « à trois neurones ». Si la nuance était une vertu politique, il y a longtemps qu’on le saurait…
LA phrase de cet entretien est donc ailleurs : « Ce qui se passe dans la partie francophone du pays, ce n’est pas mon problème ». Formellement, il n’y a rien à reprocher à ce nationaliste assumé, tout entier consacré « aux six millions de Flamands qui sont ma communauté de destin ». « Rien », vraiment, Mr De Wever ? Alors là, permettez-moi d’en rire de peur d’en pleurer ! Contrairement à Mr Di Rupo, le président (à vie ?) du PS, votre meilleur ennemi ou à Mr Magnette, le président (à vie ?) du gouvernement wallon, je ne pousserai pas des cris de vierges violées. Je dirai tout simplement que vous êtes un sacré farceur, doublé d’un sacré menteur ! Car enfin, TOUTE votre fulgurante carrière à qui la devez-vous, par effet miroir ou par effet répulsif, si ce n’est « à la partie francophone du pays » ? Elle est votre socle, votre marche pied, votre oxygène politique, votre fond de commerce. Votre mine de fiel, votre réserve stratégique. Tiens, toutes proportions gardées, vous me faites penser – et ce n’est pas un compliment, j’en conviens- à Bush junior qui pour justifier sa guerre du pétrole, avait décrété que Saddam était le « grand Satan » couvant en son sein Ben Laden, cet autre démon dont autrefois il avait pourtant joué la carte.
Des analystes plus savants évoqueraient votre « instrumentalisation » de la Wallonie et des francophones. En ce qui me concerne, je vous suis simplement gré d’avoir montré votre vrai visage de petit farceur qu’une chute de sondage amène à proférer de grotesques mensonges.
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