Bart De Wever: « Tous les jours, les grévistes wallons prouvent que la N-VA a raison »
Interviewé par nos confrères de Knack, le président de la N-VA Bart De Wever s’exprime sur les grèves en Wallonie, les mauvais résultats de son parti dans les sondages, et l’absence de majorité francophone dans le gouvernement fédéral.
De Wever accueille nos confrères à l’hôtel de ville d’Anvers. Très occupé, il serre les mains tout en ouvrant son courrier. La première lettre qu’il ouvre est de la main d’un Belge francophone qui le supplie de fonder une section N-VA en Wallonie. « Vous ne pouvez pas vous imaginer combien de lettres et d’e-mails je reçois en ce sens. Tous les jours, des Wallons me disent qu’ils en ont ras le bol du socialisme, des grèves et de l’immobilisme qui ravagent leur région. » Le président de la N-VA, est d’avis « qu’il ne faut jamais se mêler d’une autre démocratie » et ne compte pas accéder à ces prières.
« Ce n’est pas mon problème »
Interrogé sur l’absence de majorité francophone dans le gouvernement Michel, De Wever explique que ce n’est pas son problème. « C’est le gouvernement Di Rupo qui a ouvert cette porte. En 2011, j’ai dit qu’un gouvernement belge sans majorité flamande n’était pas une construction démocratique, mais en ce temps-là, je n’avais pour ainsi dire pas le droit à la parole. Le gouvernement fédéral avait une majorité belge, m’a-t-on répondu, et la Belgique est une démocratie, une et indivisible. En 2014, j’ai simplement enfoncé la porte ouverte. Et alors, on a crié : ‘Ce gouvernement n’est pas légitime parce qu’en démocratie francophone, il ne bénéficie que du soutien d’une minorité’. Désolé, ce n’est pas mon problème », déclare-t-il à nos confrères.
Quant à la forte opposition francophone, De Wever estime que ce n’est pas son problème non plus. « Je vous dis : les six millions de Flamands sont ma communauté. C’est à eux que je dois rendre des comptes. Une majorité de ces Flamands a clairement voté pour les réformes et les assainissements économiques ainsi que pour une politique de sécurité et d’immigration plus rigoureuse. La N-VA donne aux gens ce qu’ils ont demandé », affirme-t-il.
Une espèce de petite Grèce du Nord
Il ajoute qu’il espère sincèrement que le centre droit gagnera du terrain en Wallonie en 2019. Si la gauche devait encore progresser, on serait vraiment dans un scénario de « failed nation ». « Si on dit en Wallonie qu’on n’accepte plus la démocratie belge et qu’on ne veut plus que la Belgique soit dirigée par une majorité démocratique, il faut assumer les conséquences. Dans ce cas, la Wallonie doit dire : nous voulons être un petit pays de gauche, une espèce de petite Grèce du nord. Qu’elle le fasse, et de préférence à son compte », estime le nationaliste flamand.
Interrogé au sujet des grèves au sud du pays, Bart De Wever affirme que la FGTB est la preuve vivante que la N-VA a raison et que les analyses de son parti sont justes. Il saisit l’occasion de déplorer l’intervention du président du PS Elio Di Rupo à la Chambre. « Il est clair que le président du PS Elio Di Rupo n’en dort plus. D’où aussi son intervention poussive à la Chambre contre le premier ministre Charles Michel (MR). Je le regrette, mais Di Rupo a prouvé qu’il était dépassé. La presse en a fait : ‘Le clash entre Di Rupo et Michel », mais au fond, c’était un spectacle pitoyable. La Chambre s’est moquée de lui. C’est un gros problème pour son parti ».
Tous les jours, les grévistes wallons prouvent que la N-VA a raison
Selon lui, même si les chefs de fractions socialistes francophone et néerlandophone Laurette Onkelinx (PS) et Meryame Kitir (SP.A) ont appelé les syndicats à éviter les grèves désordonnées « pour ne pas mettre le pays en danger », le PS a déclenché un mouvement qu’il ne maîtrise plus. « Ma foi, si vous ouvrez la boîte de Pandore, et Raoul Hedebouw (PTB/PVDA) en sort, vous avez un problème. Ce ne sera pas facile de le faire rentrer. La grève des gardiens de prisons est à ce point au-delà de toute raison, que même les socialistes wallons les plus primaires comme le ténor de la FGTB Marc Goblet ont compris grâce à leur troisième cellule cérébrale active que cette action sauvage n’est pas une bonne chose pour eux non plus. Mais ils ne retrouveront pas facilement le contrôle. Tous les jours, les grévistes wallons prouvent que la N-VA a raison », raconte le président de la N-VA.
Sur les mauvais résultats de son parti dans les sondages, Bart De Wever avance que la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale et le terrorisme musulman ne sont pas un cadeau pour un parti du gouvernement. Il ajoute que certains électeurs du Vlaams Belang qui votent pour la N-VA depuis 2009 sont toujours ouverts aux discours de Filip De Winter. Selon lui, il faut convaincre les électeurs de leur discours et de leurs analyses, mais cela prend des années.
Interrogé sur le sentiment qu’éprouvent beaucoup de gens que le gouvernement Michel s’adresse surtout aux riches, Bart De Wever dément. « Les gens qui tirent leur revenu du travail ont progressé. L’opposition peut le contester, mais la Banque Nationale ne ment pas : grâce au tax shift, les revenus faibles progressent. Ils ont déjà 100 euros nets de plus, et cette somme monte à 150 euros. C’est beaucoup d’argent pour qui a un revenu faible. Le pouvoir d’achat des travailleurs a progressé, alors que ceux qui vivent de leur compte épargne ont beaucoup reculé ces dernières années. Il n’y a pas d’intérêts, et le gouvernement a augmenté les impôts sur la fortune et le précompte mobilier pour financer le tax shift. Et puis il y a la taxe Caïman, et le secteur financier doit payer une contribution plus élevée que jamais. On fait comme si le gouvernement ne voulait pas s’en prendre aux revenus élevés, mais ce n’est pas exact », se défend De Wever.
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