Anne-Sophie Bailly
Les interpellations musclées de notre sondage « Les Belges jugent la crise » (édito)
Trois verdicts interpellants ressortent de notre sondage exclusif Le Vif/L’Express-Knack-LN24 sur la manière dont les Belges jugent la gestion de la crise du coronavirus par le monde politique et les experts.
Maggie De Block humiliée, Sophie Wilmès confortée, les experts plébiscités. C’est ce qui ressort de notre sondage exclusif Le Vif/L’Express-Knack-LN24 sur la manière dont les Belges jugent la gestion de la crise du coronavirus par le monde politique et les experts. Trois verdicts forts. Et interpellants.
Maggie De Block cristallise les rancoeurs
Interpellant, tout d’abord, que la ministre fédérale de la Santé cristallise toutes les rancoeurs. Surmortalité dans les maisons de repos, destruction du stock stratégique de masques, manque d’équipements pour le personnel soignant et manque de personnel, testing, tracing, émiettement des responsabilités. Tout ce qui a foiré est reproché à Maggie De Block. Qu’il s’agisse de sa compétence ou pas. Elle incarne les dysfonctionnements de la crise. « Je personnifie les mesures prises », reconnaît-elle. Sans s’en émouvoir plus que cela. Interpellant, disions-nous. Elle estime plutôt ne pas avoir à rougir du bilan de la Belgique: « Citez-moi donc un pays mieux préparé ! »
Le phare du monde scientifique
Interpellant, aussi, le constat que tous les chefs de gouvernement récoltent davantage d’avis défavorables que favorables. Pas un ne tire son épingle du jeu – quand il ne passe carrément pas dans la catégorie « inconnu » – , à l’exception de Sophie Wilmès. La Première a sans aucun doute bénéficié de sa stature de capitaine au milieu de la tempête. Mais le véritable phare dans cet océan d’inconnues et de peurs n’a pas été le politique mais le monde scientifique. Et ça aussi, c’est particulièrement interpellant. Tous, sans exception cette fois, récoltent davantage d’opinions favorables que défavorables. Et le Belge verrait bien qu’à l’avenir les avis politiques s’appuient un peu plus souvent sur les recommandations des experts. Même si, comme ceux-ci le pointent eux-mêmes, ils n’ont « aucune légitimité démocratique ».
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Retour aux urnes
Voila pour le constat. Mais quand on se tourne vers demain, les résultats du sondage ne manquent pas non plus de surprendre. En effet, et quoi qu’on ait pu en dire ou en penser jusqu’ici, le Belge ne serait pas contre un retour aux urnes. Bien entendu, l’élection reste l’exercice démocratique ultime. Et la crise sanitaire que nous venons de traverser autant que celle, socio-économique, que nous vivons rebattront plus que probablement les cartes politiques. Dans quel sens? Impossible à dire, même si au vu de la méfiance qui transparaît d’un bout à l’autre de cette enquête, on peut craindre que les extrêmes de gauche comme de droite capitalisent sur le vote sanction.
Alors, l’issue de secours passera-t-elle pas la reprise des discussions entre PS et NVA ? Cette piste est validée par 36,8 % des répondants. Paul Magnette, lui-même, a ouvert la voie à cette possibilité. Mais le chemin reste semé d’embûches. L’éviction du président de la FGTB Robert Vertenueil au profit de Thierry Bodson n’en est qu’une parmi d’autres. Avant, éventuellement, d’un jour aboutir à un pacte improbable entre les deux formations. Ce qui après plus d’un an d’exclusives et de phrases assassines ne serait pas le moins interpellant.
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