Les crèches inhabituellement touchées par le Covid: que se passe-t-il?
Les personnes qui travaillent dans les crèches et garderies sont 70% plus susceptibles d’être infectées par le Covid que l’employé moyen. Telle est la conclusion préoccupante des recherches du professeur de médecine du travail Lode Godderis (KU Leuven).
En moyenne, 1.980 personnes sur 100.000 dans la population générale ont été infectées par le coronavirus au cours des deux premières semaines de décembre. Dans les secteurs où les contacts avec les enfants sont plus nombreux, la moyenne de contaminations bondit. Dans les crèches, il y a par exemple 3.310 cas pour 100.000 personnes. L’incidence y est donc de 70% plus élevée que dans la population générale. C’est une conclusion qui ressort d’une analyse de Lode Godderis (KU Leuven), relayée par De Morgen. Les chiffres sont basés sur les deux premières semaines de décembre. L’analyse de fin décembre reste à faire, même si le professeur indique déjà que la garde d’enfants est là aussi en tête de liste.
« Nous sommes confrontés au fait que ce secteur est depuis longtemps un goulot d’étranglement« , explique Nele Wouters, porte-parole de Kind en Gezin (l’agence des autorités flamandes responsable de superviser l’accueil des enfants).
« Les chiffres d’infections dans les garderies sont hallucinants », appuie Celia Groothedde, députée flamande de Groen, citée par le quotidien flamand. « Depuis des mois, j’ai vu augmenter les infections et les pertes de personnel dans les garderies et je propose un plan d’urgence au gouvernement flamand. »
La députée souligne que les problèmes structurels rendent la garde d’enfants encore plus vulnérable. « Notre garderie est négligée. Les standards – 8 à 9 bébés en moyenne par personne – sont parmi les plus bas d’Europe, épuisent les puéricultrices et sont mauvais pour les enfants ».
Ventilation et compteurs C02
Il y a en effet beaucoup d’employés du secteur sur les rotules. « Les collègues abandonnent parce qu’ils sont eux-mêmes malades, doivent être mis en quarantaine ou sont épuisés », explique un témoin anonyme. De nombreux salariés quittent aussi les crèches pour d’autres milieux.
Sur le plan épidémiologique, le virologue Marc Van Ranst souligne l’importance de la ventilation dans les groupes et les zones de repos, qui n’est certainement pas optimale partout. « Parfois, les problèmes sont techniques, ou les gens n’utilisent pas suffisamment l’équipement de ventilation en raison des coûts engendrés pendant la saison où il faut chauffer les pièces », explique Van Ranst.
La garde d’enfants n’est pas le seul secteur qui obtient un score élevé en termes d’infections.L’enseignement secondaire vient en second. Mais pour ce dernier, les compteurs de CO2 ou les purificateurs d’air dans les salles de classe ont été évoqués pendant des mois. Le débat pour les crèches n’a, lui, pas vraiment été approfondi. « Les compteurs de CO2 ne sont pas encore disponibles dans toutes les crèches et la ventilation naturelle est souvent insuffisamment utilisée car les courants d’air et le froid sont des nuisances pour les enfants », explique Van Ranst.
En Flandre, le ministre de la Santé Wouter Beke (CD&V) est désormais également conscient du problème. « Les travailleurs en garderie recevront une subvention forfaitaire pour installer des compteurs de CO2 et pour acheter des autotests », a précisé son cabinet au Morgen. « Nous prenons également de nombreuses mesures pour réduire le nombre de postes vacants. Enfin, nous remboursons les pertes de revenus en cas d’absences pour cause de quarantaine ou de contamination, afin que les établissements ne subissent aucune perte de revenus. »
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