« Le programme d’un gouvernement PS/N-VA ne pourrait être qu’une addition de contraires qui s’annulent »
Le programme d’un gouvernement PS/N-VA ne pourrait être qu’une addition de contraires qui s’annulent, a affirmé mercredi le président du PS, Paul Magnette, dans une carte blanche publiée par les journaux ‘L’Echo’ et ‘De Tijd’.
Le président du Parti socialiste a mené, avec son homologue du sp.a, Conner Rousseau, des discussions exploratoires au cours des dernières semaines en vue de la formation d’un gouvernement fédéral. Dans leur rapport final, les deux ténors socialistes défendent la piste d’un gouvernement minoritaire associant les trois familles politique traditionnelles (socialiste, libérale et sociale-chrétienne).
Mercredi, les présidents des trois partis de la minorité gouvernementale actuellement au pouvoir (MR, CD&V et Open Vld) ont affirmé qu’ils reprendraient la main mais sans privilégier cette formule.
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Revient par conséquent à l’esprit de certains, la piste d’une coalition associant en tout cas le PS et la N-VA, les deux formations disposant du plus grand poids de part et d’autre de la frontière linguistique.
Mais celle-ci est balayée d’un revers de la main par le président du PS qui a tenu à expliquer pourquoi il ne croyait pas en la « théorie des deux plus grands partis ». Il y a, dit-il en préliminaire, peu d’exemples d’une telle configuration à l’échelle du monde. De plus, ce raisonnement n’a jamais été tenu publiquement au lendemain des élections de 2014, à l’issue desquelles PS et N-VA étaient déjà les plus grands partis. « Que le PS en tant que plus grand parti francophone ait été renvoyé dans l’opposition, alors même qu’il avait gouverné en tripartite dans un contexte budgétaire difficile et mené une large réforme de l’État, n’avait alors ému personne », s’est-il plu à souligner.
Pour le président du PS, les deux partis censés donner au pays une stabilité sont « opposés sur tout ce qui constitue le champ politique: ultra libéralisme vs social-démocratie, confédéralisme vs fédéralisme de coopération, euroscepticisme vs fédéralisme européen, climatoscepticisme vs écosocialisme, conservatisme moral vs progressisme… ». « Le programme d’un tel gouvernement ne pourrait donc être qu’une addition de contraires qui s’annulent »…
Magnette voit par ailleurs la piste d’un gouvernement minoritaire comme celui d’un moindre mal. « Je n’ai jamais caché que je préférerais une coalition plus large, associant les écologistes, reflétant la majorité européenne et adhérant avec force aux grands plans qui sont en train de refaçonner l’Union. Mais après mille tentatives, le temps est peut-être venu de choisir le moindre mal. Comme l’ont fait une douzaine de gouvernements européens confrontés, comme nous, à une fragmentation et une polarisation politiques croissantes« , dit-il à ce propos.
Cette formule pourrait même être envisagée sans le PS, le pouvoir n’étant pas une fin en soi. « Si une autre minorité viable peut éviter la paralysie que nous connaissons depuis décembre 2018, et renvoyer définitivement aux oubliettes la fausse théorie des ‘deux plus grands partis’, j’en saluerai la vertu démocratique, tout en en combattant les choix », a-t-il conclu.
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