L’avocate de la veuve de Jozef Chovanec souhaite délocaliser l’enquête
L’avocate de la veuve de Jozef Chovanec, Me Ann Van de Steen, a réagi avec indignation à la communication du parquet général de Mons selon laquelle les gestes des policiers ne seraient pas la cause du décès du Slovaque. « C’est hallucinant, la folie du jour. Mais nous n’avons pas encore terminé et nous voulons que l’enquête soit menée ailleurs », assure-t-elle.
Le parquet général de Mons s’est exprimé sur l’affaire mercredi soir. « Contrairement à ce que l’on peut prétendre, à ce stade de l’enquête, il ne semble pas être prouvé que les actions des policiers aient été la cause directe de la mort de la victime« , a déclaré le procureur général, précisant que l’enquête est toujours en cours.
Le juge d’instruction avait ordonné plusieurs expertises, dont une autopsie, un examen anatomopathologique et une analyse toxicologique. Ces examens n’ont pas pu démontrer que la compression de la poitrine opérée par les policiers soit la cause du décès. Le dossier avait été clos en janvier, sans que le juge d’instruction n’incrimine les policiers.
« Hallucinant, bizarre, la folie du jour », a réagi l’avocate d’Henrieta Chovancova, la veuve de M. Chovanec. « Il est maintenant démontré qu’ils voulaient classer l’affaire et que, selon le parquet, personne n’est coupable dans cette affaire. Ils disent que les images doivent être vues « dans leur contexte », mais ce n’est pas un critère pour considérer la culpabilité, n’est-ce pas ? Le monde entier peut voir à quel point cette personne a été traitée de façon indigne dans la cellule, mais apparemment je dois la considérer dans son contexte ».
Me Van de Steen a informé sa cliente du message du parquet. « Elle était tellement choquée. Si, selon le procureur, rien ne s’est passé, pourquoi le grand patron de la police (le commissaire général Marc De Mesmaeker, NDLR) veut-il parler à ma cliente en privé ? Elle ne lui serrera pas la main dans ce contexte, cette fête n’aura pas lieu », prévient l’avocate. « Même la Première ministre Wilmès s’est excusée auprès du Premier ministre slovaque, mais en fait ce n’était pas nécessaire, avez-vous regardé les choses dans leur contexte ? « , ironise-t-elle encore.
Enquête est mal conduite?
Selon Ann Van de Steen, l’enquête est mal conduite. « Nous n’avons pas encore terminé et nous voulons que l’enquête soit menée ailleurs. Nous avons en effet déposé une demande de nomination d’un autre juge d’instruction, mais l’annonce du parquet indique clairement qu’il va contester cette décision auprès de la chambre des mises en accusation de Mons. Peut-être le ministre de la Justice devrait-il intervenir, comme pour l’enquête sur les tueurs du Brabant qui avait été retirée à Termonde », dit la défense de Mme Chovancova. À l’époque, la chambre des mises en accusation de Gand avait transféré le dossier de Termonde à Charleroi, mais le ministre de la Justice de l’époque, Melchior Wathelet, a toujours nié qu’il y ait eu des pressions en ce sens.
La guerre ouverte entre l’avocate et les enquêteurs pourrait conduire à une plainte contre sa cliente, car celle-ci aurait violé le secret de l’instruction en transmettant les images. « Le parquet le fera s’il l’estime nécessaire (…) L’étrangeté de la justice serait plus évidente que jamais. Je suis contente que ma cliente ait sorti les images », conclut Me Van de Steen.