La mafia lorgne sur les vaccins
Les premiers containers chargés de vaccin Pfizer ont quitté leur usine de Genk pour toute l’Europe. Une opération discrète pour ne pas dire secrète, car ils transportent l’une des denrées les plus prisées du moment. De quoi susciter de la convoitise, voire de la malveillance.
Les vaccins Pfizer doivent être disponibles dans tous les pays de l’Europe pour le 27 décembre. Pour se faire, une opération de grande envergure est en cours depuis quelques jours. Derrière les manettes on retrouve l’entreprise de Genk H.Essers qui est, depuis 2006, l’entreprise de transport préféré du géant pharmaceutique. A elle seule, elle dispose de 600 containers sécurisés et dont on peut contrôler la température à distance. Un détail non négligeable quand on sait que celle-ci doit être contrôlée en permanence. Pas en problème pour l’entreprise qui jure qu’elle sait vérifier depuis sa centrale 24h sur 24 ou se trouve le container et la température qui y règne.
L’or liquide transporté sous haute sécurité
Voilà pour l’aspect logistique, mais un autre problème est la sécurité. En effet, le crime lorgne vers les vaccins, prévient Interpol. Toujours attirée par l’appât du gain, la valeur d’un tel transport ne peut qu’attirer les organisations criminelles. En sachant que 24 camions transportant 7,6 millions de doses quitteront chaque jour les deux usines de Puurs et de Kalamazoo (Michigan) en 2021, on peut estimer, si l’on suit les prix révélés par la secrétaire d’État, Eva De Bleeker, qu’un container vaut 3,8 millions d’euros. Et encore il s’agirait là d’un prix officiel. Les prix des vaccins, comme pour les drogues, peut sensiblement augmenter sur le marché noir.
Des containers qui valent donc une fortune et qui a de quoi aiguiser les convoitises.
C’est pourquoi, début décembre, l’organisation internationale Interpol a adressé un message d’avertissement à ses 194 pays membres, appelés à se préparer à des actions du crime organisé centrées sur les vaccins contre le coronavirus. Dans une notice orange d’alerte sécurité, l’organisation de coopération policière internationale basée à Lyon (centre-est de la France) prévient d’une « potentielle activité criminelle liée à la contrefaçon, au vol et à la promotion illégale de vaccins contre la Covid-19 et la grippe ».
« La pandémie a déjà donné lieu à une activité criminelle prédatrice et opportuniste sans précédent », rappelle Interpol, évoquant avoir déjà constaté « la promotion, vente et administration de faux vaccins » contre le coronavirus. « Au moment où plusieurs vaccins contre la Covid-19 se rapprochent de l’approbation et d’une large distribution, il sera crucial de garantir la sécurité de la chaîne d’approvisionnement et d’identifier les sites internet illicites qui vendent des produits contrefaits », prévient l’organisation. Ces actions visant le grand public « constituent un risque important pour la santé, voire la vie » des victimes de ces organisations ou individus, souligne dans un communiqué le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock. « Il est essentiel que les autorités soient autant préparées que possible face à l’irruption à venir de tous types d’activités criminelles liées au vaccins contre la Covid-19 », ajoute-t-il.
Jürgen Stock a encore enfoncé le clou début de semaine dans le magazine économique allemand Wirtschaftswoche. « Le vaccin est l’or liquide de notre époque. C’est le bien le plus précieux qui sera distribué l’année prochaine. La mafia et d’autres organisations criminelles se sont déjà préparées à cela. Avec le lancement des vaccins, la criminalité liée aux vaccins va augmenter de façon spectaculaire. Nous verrons des vols et des effractions dans les entrepôts et des vols dans les transports de vaccins ».
Selon Roel Gevaers, professeur d’économie des transports et de commerce électronique à l’Université d’Anvers, la série de cyber-attaques aux États-Unis à la fin du mois de novembre avait pour but d’accéder à des informations sur la façon dont le vaccin est expédié, stocké, réfrigéré et livré.
Faux tests et arnaque en ligne
De même, Interpol appelle ses membres à la vigilance face au risque de circulation de faux tests, dont l’usage risque de se multiplier avec la reprise prochaine des déplacements internationaux.
L’unité de cybercriminalité d’Interpol a récemment identifié quelque 3.000 sites internet liés à des pharmacies soupçonnées de vendre des médicaments et matériels médicaux contrefaits et illégaux. « Pour éviter de tomber dans le piège de ces escroqueries en ligne, il est important de demeurer vigilant et prudent face à des offres qui semblent la plupart du temps trop belles pour être vraies », prévient encore l’organisation.
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