Grève des enseignants : « Il y a un mal-être qui dure depuis des années »
Les enseignants sont à nouveau descendus dans les rues ce mardi, à Mons cette fois-ci. Ils estiment que leurs revendications n’ont pas été entendues et interpellent une fois encore le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ce mardi, des milliers d’enseignants, sifflets et pancartes à la main, se sont rendus à Mons. Pour le front commun syndical, cette action vise à rappeler au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles leurs revendications. « C’est une piqûre de rappel » lançait Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC Enseignement, devant la foule. Les syndicats enseignants avaient déjà organisé une manifestation le 10 février dernier, à Bruxelles, qui avait accueilli près de 10 000 personnes.
A l’issue de la précédente manifestation, une délégation avait été reçue par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui proposait aux enseignants une prime de fin d’année de 100€ versée sur trois ans et une proposition d’accord sectoriel. Mais selon les syndicats, le gouvernement n’avait pas entendu les revendications des enseignants. Pour beaucoup, ce n’est pas tant le salaire qui importe, mais plutôt les conditions de travail. Certains regrettent une charge administrative qui a augmenté suite aux réformes, qui empêche de se concentrer sur l’aspect pédagogique.
Les motifs de cette mobilisation sont les mêmes que la précédente, parce que les enseignants estiment ne pas avoir été entendus. Leurs revendications se concentrent sur quatre points importants:
- une revalorisation de tous les métiers de l’enseignement, dont les éducateurs par exemple,
- l’abandon de l’évaluation du personnel enseignant,
- une diminution de la charge de travail
- une réduction de la taille des classes
La campagne « cartes postales » a aussi été lancée. Celles-ci représentent les revendications des syndicats, les enseignants pourront les signer et les syndicats les déposeront au siège du gouvernement.
Pour Alain, enseignant du 3ème degré dans une école d’art, ces grèves sont nées d’un mal-être qui dure depuis des années. S’il a préféré rester auprès de ses élèves aujourd’hui, il partage quand même les revendications exprimées. « Les dépressions sont récurrentes dans la profession, il doit quand même y avoir des raisons », ajoute-t-il. Et le Covid-19 n’a rien arrangé. L’enseignant dénonce des conditions d’apprentissage compliquées. « Lorsqu’on donne cours, il n’y a pas que la parole qui est importante, tout l’aspect non-verbal aussi, qui n’était pas possible avec le masque ». Il estime que les professeurs n’ont pas été épaulés durant la crise, malgré le fait qu’ils ont dû s’adapter à chaque nouvelle situation et repenser leur profession. C’est aussi ce que déplore la CSC Enseignement. Selon elle, le métier n’est pas traité à sa juste valeur, c’est-à-dire une profession essentielle.
« 100 minutes avec une vingtaine d’élèves, ça fait même pas 5 minutes par élève »
Ce qu’Alain souhaite par-dessus tout, c’est que les capacités des classes soient revues. Il dispose de deux périodes de 50 minutes avec sa classe d’une vingtaine d’élèves. « Si je fais le calcul, 100 minutes pour vingt élèves ça fait 5 minutes par élève, sans compter le temps qu’ils s’installent, j’ai environ 3 minutes et demi. » Pour lui, améliorer la qualité de l’enseignement passera avant tout par une réduction du nombre d’élèves par classe. Chaque élève est différent et a besoin d’un encadrement, ce qui n’est pas possible dans de trop grandes classes. Pour Alain, c’est notamment une cause du taux d’échec important en Belgique. « Ce n’est pas le pacte d’excellence qui arrangera ça », selon lui.
Une nouvelle manifestation est d’ores et déjà prévue le 5 mai à Liège.
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