Fin du nucléaire: « Il faut construire au minimum trois nouvelles centrales gaz d’ici 2025, le renouvelable ne suffira pas »
La place du nucléaire et les prix de l’énergie ne peuvent remettre en cause l’indispensable rôle du gaz dans notre futur mix électrique, estime la Febeg (Fédédation belge des entreprises électriques et gazières).
Non, la Belgique n’a pas d’autre alternative que de construire de nouvelles centrales à gaz d’ici à 2025. Ce message de la Fédération belge des entreprises électriques et gazières (Febeg) corrobore les calculs du Vif: le pays ne pourra pas compter sur les seuls pays voisins ou les seules énergies renouvelables pour pallier une perte, même partielle, du productible nucléaire. « Il ne s’agit d’ailleurs pas d’opposer le gaz au nucléaire, commente Stéphane Bocqué, responsable de la communication à la Febeg. Vu l’intermittence des énergies renouvelables, il nous faut une capacité de production d’électricité pilotable et activable en fonction de la demande. Si le politique décide de maintenir deux réacteurs nucléaires, nous aurons besoin au minimum de trois grandes unités à gaz d’une puissance de 800 mégawatts (MW), à côté du stockage et des systèmes de gestion de la demande. Par ailleurs, à peu près 10% du parc nucléaire français est pour le moment hors service de façon non planifiée. Ces 10% correspondent à toute la flotte nucléaire belge. C’est un autre facteur d’instabilité: la France est une filière d’importation substantielle pour la Belgique. »
Compte tenu du calendrier de fermeture des réacteurs nucléaires belges d’ici à fin 2025, la Belgique a prévu un mécanisme de rémunération des capacités (CRM) en vue d’assurer sa sécurité d’approvisionnement future en électricité. En octobre dernier, une première enchère concurrentielle a permis de retenir quarante offres à cette fin, représentant une capacité totale de 4 447 MW, dont deux nouvelles centrales à gaz. Or, le maintien potentiel de deux réacteurs nucléaires rabat les cartes pour la mise en oeuvre de ce CRM, puisque l’Europe l’avait validé dans le cadre d’une sortie totale de l’atome. « Si le gouvernement fédéral décide de prolonger 2 GW de capacités nucléaires, il doit lancer sans délai une procédure d’urgence auprès de la DG compétition de la Commission européenne afin qu’elle revalide le marché de capacité belge », souligne la Febeg.
Plus de temps à perdre
Construire trois nouvelles centrales à gaz dans le délai escompté est encore jouable, confirme la fédération. « Mais il faut faire vite, poursuit Stéphane Bocqué. Il nous faut un cadre à la fois prévisible, transparent et attrayant. » La hausse du prix des combustibles change également la donne. Le CRM prévoyait initialement un prix maximal (appelé « strike price ») de 300 euros par mégawattheure d’électricité produite, au-delà duquel le titulaire de la capacité, toute filière confondue, devait rembourser le trop-perçu. « Or, on a dépassé ces prix-là plus d’une fois ces derniers temps », rappelle Stéphane Bocqué. Pour cette raison, la Febeg estime que ce « strike price » doit être revu à la hausse, compte tenu « de la forte augmentation des prix de marché de l’électricité » et de « l’extrême volatilité qui règne sur les marchés de l’énergie ».
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