A l'usine Pfizer à Puurs, Belgique. © Belga

Covid : le vaccin produit en Belgique en route vers toute l’Europe

Marie Gathon Journaliste Levif.be

L’Agence européenne du médicament (AEM) a donné son feu vert tant attendu sur le vaccin de Pfizer BioNTech. Les doses de ce vaccin, destinées à l’Europe, sont précisément produites en Belgique. Voici comment va se dérouler la logistique.

« C’est le début d’un nouveau chapitre : les premières doses de vaccin, fabriquées à Puurs, partent maintenant vers tant de pays européens », s’est réjoui dans un message vidéo Luc Van Steenwinkel, directeur général de Pfizer à Puurs.

« Maintenant que l’Agence européenne des médicaments et la Commission européenne ont accordé une autorisation de mise sur le marché(…), nous pouvons commencer à fournir des millions d’Européens pour aider à lutter contre la pandémie ».

Le vaccin que Pfizer a développé avec BioNTech a reçu lundi une autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne. Cela fait du vaccin américano-allemand le premier vaccin qui peut être utilisé sur le marché européen et donc belge.

En novembre, la Commission a conclu un accord avec Pfizer et BioNTech sur l’achat de 200 millions de doses, avec une option pour 100 millions de doses supplémentaires qu’elle va faire valoir. Les vaccins seront distribués aux États membres en fonction de la taille de leur population. Pour la Belgique, 5 millions de doses ont été commandées.

12,5 millions de doses livrées dans l’UE cette année

D’ici fin 2020, 12,5 millions de doses du vaccin seront livrées aux États membres de l’UE, a indiqué Sean Marett, membre du management du laboratoire allemand.

Les premières livraisons, depuis Puurs, pourraient avoir lieu dès mercredi, selon l’entreprise, de telle sorte que chaque État européen ait reçu un certain lot samedi au plus tard. Les premières journées de vaccination, à travers l’UE sont en effet programmées à partir de dimanche.

En effet, une campagne de vaccination de trois jours dans toute l’Union européenne débutera le 27 décembre. « Des doses du vaccin seront disponibles pour tous les États membres en même temps et dans les mêmes conditions », a déclaré la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Selon la Commission européenne, les livraisons se poursuivront en décembre « et sur une base hebdomadaire régulière au cours des mois suivants », pour que les 200 millions de doses que l’UE a achetées soient distribuées d’ici septembre 2021.

Début de la vaccination en Belgique

Covid : le vaccin produit en Belgique en route vers toute l'Europe
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En Belgique, la vaccination commencera le lundi 28 décembre. Quatre maisons de repos au total recevront en réalité le vaccin produit par Pfizer-BioNTech le 28 décembre prochain. Une en Wallonie, une à Bruxelles, une en Flandre et une en Communauté germanophone.

Lundi soir, VTM et Het Laatste Nieuws rapportaient que le vaccin contre le coronavirus serait administré pour la première fois en Belgique le lundi 28 décembre.

Les premières vaccinations belges auront lieu dans trois maisons de repos du pays : à Notre Dame de Stockel à Woluwe-Saint-Lambert, à La Bonne Maison de Bouzanton à Mons et au woonzorgcentrum Sint-Pieters de Puers-Saint-Amand, a annoncé le Commissariat corona du gouvernement. Le premier citoyen à se faire vacciner sera Jos Hermans, un homme de 96 ans résidant à la maison de repos et de soins de Puers-Saint-Amand, a confirmé la commune.

Des questions demeurent cependant sur ce vaccin élaboré en moins d’un an.

Combien de vaccins ?

Le développement et la mise sur le marché d’un nouveau vaccin prennent d’habitude dix ans en moyenne, un délai réduit à moins d’un an pour le Covid-19, grâce à l’accélération des procédures de recherche, de production industrielle et d’évaluation, appuyée par des financements colossaux.

Au total, 14 vaccins en sont au dernier stade de développement, la phase 3, selon le dernier point de l’OMS, un décompte incluant ceux déjà sur le marché.

Parmi eux se trouvent quatre vaccins chinois ainsi que celui de Johnson & Johnson, qui pourrait demander une autorisation de commercialisation aux États-Unis fin janvier ou début février.

Mais au total, 56 « candidats vaccins » sont testés dans des essais cliniques sur l’homme à travers le monde et l’OMS comptabilise 166 projets en phase préclinique.

Quel calendrier pour l’Union européenne?

Après l’avis favorable de l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour la commercialisation du vaccin Pfizer/BioNTech lundi. À compter de l’autorisation de mise sur le marché, chaque pays membre reprend la main pour définir les publics prioritaires et l’organisation logistique.

L’EMA examinera le 6 janvier le dossier de l’Américain Moderna.

Quel est le meilleur vaccin?

Depuis le 9 novembre, quatre fabricants ont annoncé que leur vaccin était efficace: Pfizer/BioNTech, Moderna, l’alliance britannique AstraZeneca/Université d’Oxford, et l’institut d’État russe Gamaleïa.

Ces annonces s’appuient sur le dernier stade des essais cliniques, la phase 3, pour lequel des dizaines de milliers de volontaires ont été recrutés.

Mais les données scientifiques détaillées et validées sont disponibles seulement pour deux d’entre eux: ceux de Pfizer/BioNTech et d’AstraZeneca/Oxford.

La revue scientifique The Lancet a confirmé le 8 décembre que le vaccin d’AstraZeneca était efficace à 70% en moyenne.

Cette efficacité est une moyenne, car deux différents protocoles ont été utilisés: certains volontaires ont d’abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard, avec une efficacité de 90%. Mais elle descend à 62% pour le reste des volontaires, pourtant vaccinés avec deux doses complètes.

AstraZeneca a reconnu que l’administration d’une demi-dose provenait d’une erreur et a annoncé la tenue d’une « étude supplémentaire » pour vérifier ces résultats.

Pour le vaccin Pfizer/BioNTech, la FDA a confirmé dans un compte-rendu sur les données de l’essai la très haute efficacité à 95% du vaccin, administré en deux doses espacées de trois semaines.

Moderna se prévaut d’une efficacité très proche, de 94,1%. Le vaccin Spoutnik V russe, lui, affiche une efficacité de 91,4% sur ses 39 malades (et 95% sur un nombre de malades non précisé).

Le vaccin AstraZeneca/Oxford a pour lui d’être le moins cher (environ 2,50 euros la dose). Ceux de Moderna et de Pfizer/BioNTech ont un handicap logistique, car ils ne peuvent être stockés à long terme qu’à très basse température (-20° Celsius pour le premier, -70°C pour le second).

Quels effets secondaires?

Covid : le vaccin produit en Belgique en route vers toute l'Europe
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Les experts soulignent qu’avec des essais cliniques menés sur des dizaines de milliers de volontaires, un problème majeur de sûreté aurait déjà été détecté. Mais des effets secondaires plus rares ou ne survenant que chez certains profils de patients ne sont pas à exclure.

Quelles autres questions en suspens?

La plus importante est celle de l’efficacité à long terme, puisque pour l’instant elle a été calculée une à deux semaines seulement après la dernière injection.

« Combien de temps la protection durera-t-elle? Le virus finira-t-il par muter pour échapper au vaccin, ce qui limiterait alors l’efficacité de la vaccination? », résume une experte britannique, Penny Ward (King’s College de Londres), citée par l’organisme Science Media Centre (SMC).

Autre question cruciale: on ignore si l’action de ces vaccins est identique chez les populations les plus à risque, à commencer par les personnes âgées, qui sont plus susceptibles de développer une forme grave.

Il reste aussi à savoir si ces vaccins font barrage à la transmission du virus, en plus de réduire la sévérité de la maladie chez ceux qui les ont reçus.

Un vaccin moins efficace sur le variant détecté au Royaume-Uni ?

Les experts de l’Union européenne estiment que les vaccins actuels contre le Covid-19 restent efficaces face à la nouvelle souche du virus détectée au Royaume-Uni, présentée comme plus contagieuse par les Britanniques.

« Pour le moment il n’existe aucune preuve suggérant » que le vaccin Pfizer/BioNTech « ne soit pas efficace contre le nouveau variant », a déclaré l’Agence européenne du médicament. Un message répété par le co-dirigeant du laboratoire allemand BioNTech, Ugur Sahin, qui a également assuré que son entreprise était en mesure de délivrer un nouveau vaccin en six semaines.

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