Coronavirus: pourquoi ne pas tout axer sur les tests sanguins? (analyse)
Il existe actuellement encore une grande incertitude sur la capacité des différents types d’anticorps à protéger d’une nouvelle infection.
Il faut bien comprendre que ces tests sérologiques ne détectent pas la présence du virus mais permettent de certifier une infection antérieure, cependant impossible à dater. Par la mise en évidence d’anticorps, ils démontrent que le système immunitaire a réagi au virus. Ils ont l’avantage d’être simples à réaliser : ils ne nécessitent pas de nouveaux équipements et le personnel des laboratoires est rompu à leur utilisation. Il a cependant fallu assurer l’approvisionnement en réactifs, ce qui a nécessité d’intenses campagnes d’achats à l’international et des négociations commerciales difficiles qui ont été menées à terme par les autorités gouvernementales, même si le prix payé reste sujet à controverse.
« La difficulté, c’est que ces tests sérologiques ne dosent pas tous les mêmes anticorps, ce qui rend les comparaisons extrêmement compliquées. Tout cela alors qu’il existe encore une grande incertitude sur la capacité des différents types d’anticorps à protéger d’une nouvelle infection », nuance le professeur Goldman.
Aujourd’hui, les tests sérologiques ont deux rôles principaux. Le premier, » rattraper » un diagnostic qui n’a pu être établi par un test PCR. « C’est particulièrement important pour les patients qui n’ont pu bénéficier d’un test PCR au moment où l’épidémie faisait rage. Il est essentiel d’établir formellement qu’ils ont bien été infectés car on sait que des complications à long terme peuvent survenir », signale le directeur de l’Institut I3h. « La documentation de l’infection par un test sérologique peut aussi être importante pour des raisons médico-légales chez les personnes qui ont été exposées au virus via leur profession. L’autre rôle, ce sont les campagnes de dépistage visant à établir la circulation du virus dans un environnement donné. »
Ajoutons que les tests sérologiques sont essentiels pour le suivi des sujets enrôlés dans les essais vaccinaux : ils permettent de vérifier que le candidat au vaccin induit bien la production d’anticorps.
Des tests sanguins rapides déjà disponibles en pharmacie ?
Les tests rapides sont possibles sur une goutte de sang que l’on fait sourdre par piqûre au bout d’un doigt. Ils sont proposés aujourd’hui dans les pharmacies françaises où ils sont effectués sur place en quelques minutes. » Si la fiabilité de ces tests est moindre que celle des tests sanguins classiques, leur qualité est suffisante pour repérer la plupart des sujets séropositifs « , jauge le professeur Goldman. C’est le cas de celui développé par la firme wallonne Zentech.
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» Ces tests ont particulièrement utiles dans les pays qui ne disposent pas de laboratoires de biologie clinique en suffisance. Chez nous, ils pourraient certainement être déployés pour des études de masse visant à établir le degré d’immunisation dans la population. C’est dans ce but que des tests de ce type viennent d’être approuvés aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration. Ils permettent aussi de fournir un élément de réponse aux personnes craignant d’avoir été infectées. On ne peut que regretter l’incohérence des autorités dans notre pays. Après avoir demandé à la firme Zentech de mettre à disposition de la Belgique plusieurs millions de tests rapides, aucune directive n’a été fournie sur leur utilisation. Cela dit, là aussi, l’évolution vers des tests que chacun pourra réaliser soi-même, à l’instar des tests rapides sida, me semble inexorable « , analyse le professeur Goldman.
» Aucun test n’est parfait. Il faut choisir en fonction de la réponse que l’on souhaite avoir et bien connaître aussi les limites de chaque test. Le test Zentech permet la détection d’anticorps, il devient très performant surtout à partir du 14e jour à dater du début de symptômes. Ce type de test permet donc de voir si l’on a été en contact ou pas avec le Sars-CoV-2 « , conclut Leïla Belkhir, infectiologue aux cliniques universitaires Saint-Luc (UCLouvain). » Ils ne sont pas utiles pour poser un diagnostic au moment de l’apparition des symptômes à la différence des tests PCR. » Ce type de test peut aussi être utile pour des études de séro- prévalence dans des zones déterminées (hôpital, collectivité, etc.).
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