Cafés, restaurants, écoles, sport: une différence de traitement entre lieux de transmission
Quel est le lieu qui favorise le plus la propagation du coronavirus ? Il y a quelques mois, les experts évoquaient le cercle familial. Aujourd’hui, les bars et cafés sont pointés du doigt, alors que d’autres activités sont toujours autorisées. De quoi susciter l’incompréhension chez les citoyens.
Bars, cafés, restaurants : pas tous logés à la même enseigne
Au niveau fédéral, les bars et les cafés devront fermer à 23h à partir de vendredi. La Région bruxelloise va plus loin : bars, cafés et salons de thé devront demeurer porte close, durant un mois à partir de jeudi. Les restaurants, eux, restent ouverts.
Pourquoi une telle différence ? Le gouvernement voit un plus grand risque de contamination dans les pubs que dans les restaurants. « Il doit y parfois dans un restaurant quelqu’un qui a trop bu, et qui se met à crier ou à chanter. Mais ce sont des cas plutôt exceptionnels, alors que cela arrive plus souvent dans les cafés. Dans les bars, vous commencez à boire jusqu’à ce que vous sortiez – pour ainsi dire – dehors. Au restaurant, vous venez manger. Il y a une nette différence entre la vie nocturne des pubs et la vie nocturne des restaurants », indiquait le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) ce matin sur Radio 1.
On peut également se demander, dans le cas bruxellois de fermeture totale, s’il n’y a pas un mimétisme venant de France, où certaines villes, dont Paris, ont également pris cette décision.
Les mesures pour lutter contre le coronavirus seraient donc plus faciles à organiser, et donc à faire respecter, dans les restaurants. C’est aussi l’avis du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (SP.A). Les bars ont été qualifiés de « véritables hotspots de contagion » lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier après le Comité de concertation. Sont-ils souvent une source d’infection ? « De tous les patients positifs, nous ne disposons d’informations sur d’éventuels clusters que pour un nombre limité de personnes », explique l’infectiologue Erika Vlieghe, citée par De Standaard. « Il y a un certain nombre de clusters qui ont été effectivement établis comme provenant du secteur de l’horeca. »
Rassemblements, parfois alcoolisés
D’où viennent donc les infections ? Impossible de tout répertorier, mais on sait que les évènements « super-contaminateurs » se produisent souvent dans des lieux à forte fréquentation, où les gens parlent fort.
Ce qui est ciblé, également, ce sont les rassemblements, qui plus est où l’on consomme de l’alcool. L’alcool, désinhibant, nous pousse souvent à nous rapprocher, physiquement, et nous incite à parler plus fort, à chanter et à être moins vigilant, notamment vis-à-vis des gestes barrières.
C’est pourquoi la consommation d’alcool est également interdite dans l’espace public sur tout le territoire de la Région bruxelloise. À l’instar des cafés et des bars, les buvettes des clubs de sport professionnel et amateur, ainsi que les salles de fête, devront aussi demeurer portes closes.
Et les écoles ?
La question s’est longuement posée à la rentrée : les écoles sont-elles des lieux de contamination ? L’enseignement obligatoire est maintenu, et les nouvelles mesures ont d’ailleurs été prises dans un but avoué de ne pas fermer les écoles, comme cela a été le cas au printemps.
La ministre de l’Éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir (PS), a de son côté décidé d’une série de mesures afin d’alléger la tâche des directeurs d’écoles, sous forte pression depuis des mois en raison de la crise sanitaire. La ministre entend assouplir notamment, mais de manière exceptionnelle, les conditions de remplacement des personnels enseignants. La ministre va également faire imprimer des affiches reprenant de manière simplifiée les procédures à mettre en place dans les écoles en cas de Covid.
Selon le ministre-président bruxellois, une réunion sera organisée jeudi avec les responsables de l’enseignement supérieur pour voir si des mesures complémentaires doivent y être prises. « Je ne peux pas garantir que les écoles et les universités vont rester ouvertes », indiquait par ailleurs le nouveau ministre de la Santé sur La Première. « C’est notre volonté, mais on est devant une crise qui peut exploser. »
Le sport divise
Autre secteur qui interroge : celui du sport. Ici aussi, plusieurs configurations différentes : le sport en seul, ou en équipe, à l’intérieur, ou à l’extérieur, ou dans une salle de sport où le matériel passe de main en main. Ainsi, en Islande, à côté de la fermeture des bars et des discothèques – qui n’ont jamais rouvert en Belgique-, on retrouve celle des salles de sports.
En France également, les gymnases et salles de sport ont doivent fermer depuis une semaine. Selon la Direction générale de la santé (DGS), les salles de sport sont « des espaces confinés où le port du masque est impossible ou a minima complexe qui sont des lieux, hélas, de contamination importante. » Mais face à la colère du secteur, les autorités restent muettes sur d’éventuelles études permettant d’appuyer leur décision.
Chez nous, pas de fermeture à l’horizon : à Bruxelles, les communes examineront un certain nombre de protocole et mesures à prendre pour ce qui concerne les salles de douche et vestiaires des salles de sport. Pour le sport amateur, le public n’aura plus accès aux compétitions sportives organisées en intérieur.
Chaque pays adopte une stratégie différente, avec des symboles différents. Certains reconfinent les grandes villes, d’autres adoptent des bulles sociales. Certains ferment les bars et les cafés, d’autres y limitent davantage l’accès. Vu la tendance à la hausse un peu partout, il faut bien verrouiller l’un ou l’autre paramètre social, pour en sauver d’autres, et pour éviter le lockdown.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici