Bart De Wever : « il n’y a pas de racisme structurel »
Ce lundi, Bart De Wever est intervenu dans le débat sur le racisme qui agite le monde depuis la mort de l’Afro-américain George Floyd. Pour le bourgmestre d’Anvers, le racisme structurel appartient au passé.
Le président de la N-VA s’est exprimé sur les ondes de la VRT et a également publié une opinion sur le sujet dans le quotidien De Tijd. Il estime que même s’il y a des débordements policiers parfois de nature raciste en Europe, ils sont sans aucune commune mesure avec ce qui se passe aux États-Unis.
« Tout bien considéré, personne ne peut sérieusement prétendre que notre société, notre gestion de la violence ou les interventions de nos forces de l’ordre soient comparables à la situation aux États-Unis. Aussi choquantes que soient les images de l’agonie de Floyd, la tempête sociale ne peut avoir que peu ou pas de rapport avec la reconnaissance des citoyens d’ici dans ce qui se passe aux États-Unis », écrit-il.
Une forme indéfendable d’impérialisme
Il revient sur le passé colonial de la Belgique, venu se greffer au débat sur le racisme. « Le colonialisme était une forme indéfendable d’impérialisme, dont le but était uniquement le profit », écrit-il. « Le Congo est donc un sujet approprié pour ceux qui veulent démontrer qu’il y avait un racisme structurel au moins dans notre passé. L’image de l’Africain noir de l’époque comme une sorte de grand et éternel enfant – douloureusement dépeint dans ‘Tintin en Afrique’ – qui, pour son bien, doit être supervisé et guidé, se fait toujours sentir. Cela prive encore les personnes d’origine africaine d’opportunités et fait d’elles l’objet d’humiliation, consciemment ou non. Je comprends donc qu’il y ait une explosion de mécontentement à ce sujet », explique De Wever.
Il estime toutefois que le passé ne disparaît pas en l’effaçant. « Tirer des enseignements de ce que nous étions est une tâche essentielle si nous voulons nous améliorer à l’avenir », souligne-t-il. Il doute toutefois que les participants à la manifestation Black Lives Matter à Bruxelles soient guidés par ce genre de réflexion.
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Soi-disant culture de violence policière
« Combien de manifestants auraient en fait un lien réel avec ce passé particulier de notre pays ? Ou les connaissances suffisantes pour en parler de manière crédible, encore moins pour se mettre en colère ? Selon toute probabilité, très peu ». « Ce qui reste, c’est la colère face au racisme et à la discrimination. Qu’il soit bien clair que les victimes ont le droit d’être entendues. Les réflexions injustifiées sur une soi-disant culture de la violence policière n’aident cependant pas », écrit-il encore.
Interrogé dans le cadre de l’émission Terzake, Bart De Wever estime que le terme de « racisme structurel » n’est pas d’actualité et plaide pour que le débat soit considéré dans un contexte historique plus large. « D’un point de vue historique, le racisme n’est pas à son apogée, mais plutôt à son point le plus bas. Nous sommes seulement devenus très sensibles à cette problématique. Elle monte bien plus à la surface, mais dans les générations précédentes, le problème était infiniment pire et était certainement structurel ».
« La transformation d’une société ne se fait pas avec la baguette magique. Cela prend beaucoup de temps. Je comprends que les jeunes soient maintenant frustrés et qu’ils veulent des solutions. Je dis : nous y travaillons et nous obtenons des résultats », ajoute-t-il.
Pour De Wever, l’identité se trouve au coeur du problème : « La liberté et l’égalité n’existent que dans un contexte de citoyenneté. La citoyenneté est portée par une communauté dont les membres se connaissent et se sentent liés les uns aux autres. Il s’agit donc, en fin de compte, de partager une identité. Quiconque souhaite l’harmonie entre les peuples doit s’efforcer de parvenir à une (re)connaissance mutuelle entre eux. Notre culture publique doit construire un socle de valeurs éclairées communes, sur lequel les gens se rencontrent et apprennent à se faire confiance en tant que locataire, employé, ami, conjoint », écrit-il dans De Tijd.
Il déplore toutefois que le postmodernisme de mai 1968 ait conduit l’élite intellectuelle à s’insurger contre cette pensée. Pour cette élite, « l’identité est une construction inventée qui ne peut que servir à perpétuer les structures de pouvoir et à exclure les gens. Tout ce que nous considérons comme à nous est faux et mensonger. L’identité ne peut exister que comme une structure purement civile ; en tant qu’instrument culturel, elle doit être combattue ».
Le migrant est une victime
Pour lui, dans cette culture de rejet de soi, le citoyen d’origine non européenne est presque par définition une victime. « Sa patrie a été soumise à l’arrogance criminelle de l’impérialisme européen. Arrivé en Europe, il est harcelé par des concepts d’identité dépassés et offensé par les vestiges racistes de notre culture. Le migrant est une victime, même s’il participe ici à une société qui offre infiniment plus de possibilités en termes de sécurité sociale, d’enseignement et de droits civils que son pays d’origine ».
« Se pourrait-il qu’en plus de l’indignation justifiée à l’égard du racisme et de la discrimination, la protestation fasse également écho à ce rejet de soi? Que le boomerang avec lequel nous avons rejeté notre identité nous revienne en pleine face ? », s’interroge le président de la N-VA.
Au cours d’une longue interview accordée à Terzake, le bourgmestre d’Anvers s’est également exprimé sur un sondage sur la police anversoise. L’enquête révèle que 80% des jeunes anversois donnent une cote positive à la police locale, un résultat qui satisfait Bart De Wever.
Cependant, le sondage indique que les jeunes issus de l’immigration font deux fois plus l’objet de contrôles d’identité. « C’est une réalité très complexe, car lorsque vous êtes inspecteur de police dans une aussi grande ville et que vous recevez les briefings et les profils de coupables vous allez chercher les personnes qui correspondent à ces profils, et ce ne sont pas des femmes blondes, ce sont d’autres profils. », déclare-t-il. « Les contrôles ne seront jamais représentatifs de la population », admet-il.
Il reconnaît toutefois qu’il est frustrant pour les citoyens qui n’ont rien à se reprocher de se voir contrôler sans cesse par la police. Aussi travaille-t-il à améliorer la situation. « Peu importe que vous soyez souvent contrôlé, tant que vous n’en gardez pas un sentiment négatif ». Il souligne l’importance de contrôles qui se passent de manière aimable et correcte ainsi que l’importance de prendre les plaintes envers la police au sérieux.
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