Les bonobos construisent des nids dans les arbres à l'aide de feuilles et de branchages. © Niklas Weber - BINCO

Une technique inédite de comptage des bonobos

Philippe Berkenbaum Journaliste

Des biologistes ont testé une méthode révolutionnaire de recensement de la population de bonobos dans le bassin du Congo. Ils y ont aussi découvert deux nouvelles espèces d’araignée et recensé bien d’autres animaux.

Le bonobo est une espèce endémique du bassin du Congo, on ne peut l’observer à l’état sauvage que dans les forêts de la rive gauche du fleuve Congo. Depuis des années, le WWF-Belgique participe à la conservation de cette espèce de singe, avec le soutien de la Coopération au développement. Jusqu’à présent, pour évaluer l’état des populations, les scientifiques étaient contraints d’extrapoler à la totalité de la forêt les chiffres obtenus en comptant les nids présents sur une partie définie du territoire – les bonobos construisent des nids dans les arbres à l’aide de feuilles et de branchages. Une méthode complexe, vu le terrain difficile, pour des résultats peu fiables.

La recherche avec des camu0026#xE9;ras thermiques par drone est prometteuse.

A la demande du WWF, sept scientifiques de l’organisation Binco (Biodiversity Inventory for Conservation) ont testé une alternative innovante: la recherche avec des caméras thermiques par drone. Elle a permis, pour la première fois, de localiser par voie aérienne des bonobos endormis dans leur nid.  » Nous avons réussi à démontrer que la technologie fonctionne, il faudra maintenant prolonger le test pour obtenir le résultat complet, se réjouit Merlijn Jocque, biologiste à l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique. C’est une technique très prometteuse qui pourrait nous aider à obtenir une image plus précise de l’état de la population de bonobos. »

Le bassin du Congo est un immense écrin vert au coeur du continent africain. Outre les bonobos, la région cache bien d’autres richesses qui n’avaient jusqu’ici jamais été étudiées. L’équipe de Binco y a recensé, après une étude d’un mois dans l’ouest de la province de Mai-Ndombe, dans des zones de forêt tropicale humide et de savane, 158 espèces d’oiseaux, 40 d’amphibiens et de reptiles, 27 de mammifères, ainsi que plusieurs espèces d’invertébrés. Ces résultats incluent potentiellement plusieurs nouvelles espèces animales, dont deux d’araignées. Des études approfondies des résultats devraient le confirmer prochainement.

Malgré l’éloignement de la région, les chercheurs ont repéré des signes montrant que ces zones sont menacées. Ils ont découvert des marques sur les arbres indiquant des plans de défrichement. Comme ailleurs sur la planète, le développement économique exerce une pression croissante sur les ressources biologiques et menace directement la survie des espèces sauvages qui y vivent.

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