« Il est fort probable qu’il y ait de la vie extraterrestre quelque part »
Pendant des siècles, l’homme ne connaissait que les huit planètes (ou neuf en comptant Pluton) du système solaire. Aujourd’hui, les astronomes ont découvert près de quatre mille exoplanètes, c’est-à-dire des planètes qui orbitent autour d’une étoile autre que le soleil.
Ces découvertes constituent la preuve, s’il fallait en une, que l’univers abrite d’autres mondes. Les astronomes ont en effet découvert des dizaines de planètes situées dans la « zone habitable » autour de leur étoile mère. Comme leurs eaux de surface sont liquides, la vie y est possible. Le quotidien De Morgen tire quatre enseignements de ces nouvelles découvertes.
Diversité énorme
Premièrement, les nouveaux systèmes de planètes ne ressemblent pas du tout à notre propre système solaire, assez bien ordonné. Ici, les mondes rocheux que sont Mars et la Terre sont tout près du soleil, alors que les planètes géantes gazeuses telles que Jupiter et Uranus flottent plus loin dans le vide cosmique. Et si de temps en temps une météorite s’écrase sur une planète, on y vit assez bien.
Il n’en va pas de même pour les autres systèmes planétaires. De Morgen cite l’exemple de la planète Kelt-9b, une exoplanète gazeuse, située à environ 650 années-lumière de la Terre et si proche de son étoile que sa température atteint parfois 4.300 °C. Deux fois plus grande que Jupiter, elle enfle à cause de sa chaleur.
Autre exemple tout aussi inhospitalier, l’exoplanète PSR B1257+12 A, qui tourne autour d’un pulsar, une étoile à neutrons qui émet un rayonnement électromagnétique intense, qui réduirait un homme à l’état de poussière. Et puis il y a aussi les super-terres, les exoplanètes dont la masse est comprise entre 1 et 10 fois celle de la Terre.
« L’enseignement principal, c’est que la diversité de planètes dans le cosmos est énorme », explique Ignas Snellen, professeur en astronomie à l’Université de Leyde aux Pays-Bas. Les astronomes n’ont pas encore découvert de système semblable au nôtre. « Certains collègues spéculent à haute voix sur la rareté de notre système solaire. Je trouve ça très prématuré », déclare Snellen.
Migrations de planètes
Deuxièmement, les planètes ne restent pas forcément au même endroit. Longtemps, les scientifiques ont cru que les planètes naissaient à l’endroit où on les trouve dans le système solaire : les géants gazeux loin du soleil, et les petites planètes telluriques, près de leur étoile.
La découverte de milliers d’exoplanètes remet cette thèse en question. Les planètes gazeuses géantes naissent en effet loin de leur étoile mère, là où l’accrétion de poussières et de glace est possible. Ensuite, comme l’explique l’Université de Genève sur son site, elles se rapprochent de leur étoile mère par « l’interaction gravitationnelle existant entre la planète en formation et le disque de gaz et de poussières ».
Cette migration de planètes a également eu lieu dans notre système solaire. Selon les scientifiques, ces migrations touchent les jeunes galaxies âgées de dix à cent millions d’années. Dans notre système solaire, âgé de cinq milliards d’années, les planètes se sont stabilisées.
La naissance de planètes
Troisièmement, on ne comprend toujours pas bien comment naissent les planètes.
Pendant des années, les astronomes ont supposé que les planètes telles que la Terre, Jupiter ou encore Kelt-9b et HD 189733 b ont été créées dans des disques de poussière où des grains de poussière et d’autres petites particules tourbillonnent et s’agglomèrent sous l’influence de la gravité. C’est ce qu’on appelle l’effet boule de neige: comme lors de la formation d’une boule de neige, la planète se forme grâce à l’accumulation de matière cosmique.
Cependant, comme le rappelle De Morgen, en septembre dernier, les astronomes de l’Observatoire européen austral ont étudié des centaines de disques de poussière à l’origine de formation de planètes à l’aide du télescope Alma. À leur stupéfaction, ils ont constaté qu’ils contenaient bien trop peu de matière pour former une planète.
Auteurs d’un article dans la revue professionnelle Astronomy & Astrophysics, ils émettent plusieurs hypothèses. Ainsi les noyaux de planète pourraient grandir plus vite que ce qu’on pensait. Alma détecte surtout les petites particules de poussières. Il est possible que les grains de plus d’un centimètre lui échappent. Il se pourrait aussi que la poussière et le gaz dans les disques proviennent d’un réservoir encore inconnu. « Plus on fait d’observations, moins on comprend comment les planètes se forment », explique Snellen au Morgen. L’avalanche de données recueillies sur les exoplanètes ne font qu’augmenter le nombre de points d’interrogation.
Civilisations intelligentes
Le quatrième, et dernier enseignement, c’est qu’il est fort probable qu’il ait une vie extraterrestre quelque part. Depuis la découverte d’exoplanètes, l’idée que nous ne soyons pas seuls dans cet univers immense parsemé de milliards de planètes gagne du terrain.
« Pourtant, au sens strict du terme, nous n’avons rien appris de nouveau sur l’existence de la vie extraterrestre. Même si nous savons évidemment qu’il y a des planètes telluriques comme la terre à de nombreux endroits. »
Pour Carsten Dominik, professeur à l’Université d’Amsterdam, on ne peut que se montrer optimiste. « Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve qui dit qu’il y aurait moins de vie que prévu. Il y a suffisamment de planètes. « Ici sur terre, la vie est née dans un laps de quelques centaines de millions d’années. Pourquoi n’en irait-il pas de même ailleurs ? »
Pour confirmer l’existence de vie extraterrestre, il faut toutefois, comme le rappelle De Morgen, attendre la prochaine génération de télescopes. Et si la vie est réellement plus rare il faut soit faire preuve patience, soit utiliser d’autres techniques qui permettent de voir beaucoup plus loin dans l’espace et tenter de détecter un signal radio de civilisations intelligentes, explique Dominik.
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