Une note d’espoir dans une année pourrie: des vaccins d’un genre nouveau
L’urgence créée par la pandémie sert de coup d’accélérateur au vaccin à ARN messager. Une technologie prometteuse, pas seulement contre le coronavirus mais aussi, peut-être, contre toutes les maladies infectieuses.
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Et de deux! Alors qu’en mars, on les disait dangereux et inactifs, voilà que deux vaccins à ARN messager sont annoncés efficaces, venant démontrer le potentiel de cette technologie qui consiste à injecter de petits brins de code génétique encapsulés dans une minuscule enveloppe protectrice. Cet ARN messager (l’équivalent de l’ADN mais avec un seul brin) sert de « mode d’emploi ». Il explique aux cellules ce qu’il faut fabriquer – en l’occurrence un antigène du coronavirus, contre lequel le système immunitaire produira des anticorps. Une technologie plus « naturelle » qu’un vaccin classique, puisqu’ici c’est l’organisme qui exécute une partie du travail habituellement réalisé en laboratoire.
Il faut espérer que d’autres vaccins, contre le cytomégalovirus, Zika, certains cancers, et basés sur la même méthode, accouchent rapidement.
Face à une maladie si récente, jamais un vaccin n’avait été développé si rapidement, mis sur le marché, ni même atteint la phase 3 d’un essai clinique: c’est là son côté innovant, parce que la technologie, elle, n’est pas neuve. Elle donne d’ailleurs de très bons résultats in vitro et sur des modèles animaux. Au point que quatre vaccins de ce type sont utilisés par les vétérinaires. Chez l’homme, d’autres vaccins à ARN sont au stade clinique (sur l’animal ou sur l’homme) contre la grippe, la rage, le virus Zika ou des cancers. Il s’agit de populations limitées à l’échelle de ce qui est requis pour une autorisation de mise sur le marché, mais cela a permis d’écarter certains risques.
« La meilleure nouvelle de l’année »
Le hic: régler un énorme problème logistique et faciliter l’accès des pays en développement privés d’une chaîne du froid ad hoc. On ignore aussi la durée de protection apportée par ces futurs vaccins et s’ils protègent forcément contre la transmission du virus. Comme celui de Pfizer-BioNTech, l’essai de Moderna ne recense, en effet, que les malades symptomatiques et n’indique rien des personnes contaminées, mais asymptomatiques. Face à une pandémie en partie répandue par des porteurs asymptomatiques, la question apparaît essentielle.
Malgré tout, ces trois biotechs (avec CureVac, dont le vaccin fait l’objet d’essai en phase 2) ont ouvert la fenêtre à un air devenu rare ces derniers mois: celui de l’optimisme. « Le résultat majeur de cet essai, analyse Steve Pascolo, spécialiste des vaccins ARN à l’université de Zurich, ce ne sont pas les 94% ( NDLR: d’efficacité pour Moderna, et 90% pour Pfizer), c’est l’absence de cas sévères, car les décès, les passages en réanimation mais aussi les confinements ne sont dus qu’à ces formes sévères. Si on les supprime, la pandémie n’est plus un danger. Ces zéro cas, c’est la meilleure nouvelle de l’année. »
Fabrication et conservation
L’approche présente d’ailleurs l’avantage de la flexibilité: il suffit de quelques jours pour synthétiser des brins d’ARN, alors qu’il faut plusieurs semaines pour cultiver le virus (le plus souvent dans des oeufs de poule) et isoler les antigènes utilisés dans les vaccins classiques. Très facile à produire, le vaccin ARN possède aussi la particularité intéressante de pouvoir être fabriqué en très grande quantité. En cas de mutation du Sars-CoV-2, il serait bien plus aisé de le modifier .
Et si le virus devait disparaître? Les vaccins ARN pourraient néanmoins être conservés à -70 °C pendant des années, ce qui n’est pas le cas des vaccins traditionnels, bien moins stables. Ainsi, une fois l’épidémie de grippe H1N1 passée, des millions de doses avaient été jetées à la poubelle en raison de leur date de péremption. Il faudrait des mois pour en fabriquer à nouveau.
Mieux encore! Si les vaccins ARN parviennent à démontrer une efficacité comparable à celle des vaccins classiques, les autorités sanitaires pourront créer des bibliothèques de vaccins contre des virus connus mais qui se sont encore peu propagés. Un gain de temps évident en cas de pandémie.
Oui, « la meilleure nouvelle de l’année », et pas seulement contre la Covid-19 mais aussi, peut-être, contre toutes les maladies infectieuses. Cette naissance d’un remède moins d’un an après l’identification de la maladie en Chine nourrit aussi l’espoir que d’autres vaccins, contre le cytomégalovirus, Zika, certains cancers, et basés sur la même méthode, accouchent rapidement.
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