Gérald Papy
C’est la hess de Gérald Papy: Xi Jinping en forme olympique (chronique)
Xi Jinping et Vladimir Poutine osent se présenter en chantres de la « démocratie authentique ».
Le président chinois Xi Jinping a promis des Jeux olympiques d’hiver « simples, sûrs et splendides ». Simples? L’utilisation de neige artificielle sur des sites de compétition dans une région qui est notoirement dépourvue de flocons n’est pas un modèle de sobriété à l’heure de la lutte contre le dérèglement climatique. Sûrs? La bulle dans laquelle sont plongés les athlètes et les officiels garantit des Jeux quasiment sans Covid. La bulle sécuritaire à laquelle sont condamnés les Chinois exclut la moindre menue perturbation, sauf geste téméraire et solidaire d’un athlète étranger. Splendides? Les images de glisse sur la neige ou la glace sont en général le gage d’un spectacle réussi, pourvu qu’il n’apparaisse pas trop froid et déshumanisé.
Hors la notation sur l’écologie qui, contestée, sera vite balayée, tout semble réuni pour assurer le sourire du guide du Parti communiste chinois à la clôture de la compétition, le 20 février. Xi Jinping peut, de surcroît, se targuer d’avoir déjà projeté l’image de la Chine superpuissance, avant, pendant et après la cérémonie d’ouverture. Avec une habileté peu commune.
Première démonstration, le président chinois tient un sommet avec son homologue russe la veille de la cérémonie dans le Nid d’oiseau où les rejoindront les dirigeants de quelques puissances dictatoriales ou illibérales. Xi Jinping et Vladimir Poutine osent se présenter en chantres de la « démocratie authentique » en opposition à la démocratie à l’occidentale. L’appellation a un petit air de « démocratie populaire » labellisée au temps de la guerre froide pour désigner les Etats d’Europe de l’Est sous la coupe de l’Union soviétique communiste. Le Chinois et le Russe prolongent la joute idéologique en décrétant, dans leur déclaration commune, le rejet de toute extension de l’Otan et « l’entrée des relations internationales dans une nouvelle ère ». Une ère de domination euroasiatique.
Deuxième démonstration: à l’ambition de conquête planétaire qui avait marqué les Jeux olympiques d’été de 2008 sous le slogan un brin prétentieux « Un monde, un rêve », la Chine substitue, lors de la cérémonie d’ouverture le 5 février, la force tranquille du projet partagé par la grande puissance sûre d’elle, sous le titre « Ensemble pour un avenir commun », les enfants étant érigés en héros du show. Ensemble, oui, mais sous la houlette de la Chine, à l’image du projet des Routes de la soie que Pékin tente d’imposer depuis quelques années à ses « partenaires » asiatiques et européens. Ensemble, mais aux conditions de la Chine comme le suggère la présence de la skieuse de fond ouïghoure, Dinigeer Yilamujiang, comme dernière porteuse de la flamme olympique dans le Nid d’oiseau. Preuve que Pékin respecterait les droits de sa minorité musulmane, pourtant martyrisée.
Troisième démonstration, le déroulement harmonieux des Jeux pouvait être entaché par les questions pendantes sur la disparition suspecte puis la rétractation de l’accusation de viol contre un dignitaire du Parti communiste émise par la joueuse de tennis Peng Shuai. Pékin anticipe la relance de la polémique en l’autorisant à accorder une interview à un média occidental, L’Equipe, dans laquelle elle nie à nouveau avoir été agressée et annonce la fin de sa carrière. Circulez, il n’y a rien à voir. Laissez la Chine étouffer ses voix dissidentes et fantasmer sur sa domination du monde. Est-ce un monde qui nous fait rêver?
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