Anne-Sophie Bailly
L’édito d’Anne-Sophie Bailly sur la crise énergétique: « On ne va pas pouvoir continuellement sauver les meubles »
Mettre en place des politiques publiques d’économies d’énergie, c’est moins populaire que de signer un chèque.
« Prix de l’énergie, le grand sauve-qui-peut », titrons-nous en couverture de ce magazine. Il n’y a en effet pas plus adéquat pour qualifier les tentatives de limiter l’impact de l’explosion des prix du gaz, de l’électricité, du pétrole sur les consommateurs comme celles pour réduire la dépendance énergétique de l’Europe aux hydrocarbures russes.
Individuellement, chacun cherche mille et une astuces pour trouver le contrat de fourniture le moins désavantageux, la pompe à essence la moins chère, un installeur de panneaux photovoltaïques au délai de placement acceptable.
Chez les politiques belges, même constat. On tente, tardivement et vaille que vaille, de soutenir les ménages confrontés à une facture qui s’affole par des mécanismes d’urgence et de court terme comme un chèque, une réduction de la TVA, une baisse des accises et on découple ce soutien financier de la grande négociation sur l’avenir énergétique de la Belgique.
Quant à l’Europe, elle semble tout aussi peu armée pour faire face aux conséquences de sa dépendance énergétique, malgré la volonté affichée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en clôture du sommet de Versailles des 10 et 11 mars, de réduire les importations de gaz russe de deux tiers d’ici à la fin de l’année et de parvenir à l’indépendance totale d’ici à cinq ans. Comment? Avec quels moyens? En sollicitant les marchés comme pour le plan de relance? En prolongeant l’état d’urgence budgétaire? A ce stade, mystère.
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Il va pourtant falloir dépasser celui du soutien financier si on ne veut pas voir se répéter un scénario identique en septembre, lorsque les mesures d’aide prendront fin ou à la veille de l’hiver quand les ménages rallumeront la chaudière. Même si mettre en place des politiques publiques d’économies d’énergie, c’est moins populaire que signer un chèque. Même si agir sur les revenus des ménages plutôt que sur leurs factures est autrement plus complexe.
Car si les prix sont hauts, très hauts et probablement pas à leur sommet, ils le resteront surtout encore longtemps. Avec un effet boule de neige: explosion des impayés, augmentation des prix en cascade. L’ONU met même déjà en garde contre un « effondrement du système alimentaire mondial ».
On ne va pas pouvoir continuellement sauver les meubles.
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