Julie Fernandez Fernandez et Renaud Witmeur © Belga Image

Nethys: Julie Fernandez Fernandez et Renaud Witmeur, des nettoyeurs sous haute tension

David Leloup Journaliste

Renaud Witmeur, CEO ad interim de Nethys et Julie Fernandez Fernandez, présidente de l’intercommunale Enodia et du fonds de pension Ogeo Fund, font l’objet de pressions constantes venant surtout de leurs rangs. Ils sont accusés d’être aux ordres du boulevard de l’Empereur, au détriment des intérêts principautaires.

Dans la Cité ardente, ils subissent la défiance permanente des caciques de la puissante Fédération du PS liégeois, qui les considèrent comme des « nettoyeurs » aux ordres du boulevard de l’Empereur au détriment des intérêts principautaires. « Ils », ce sont Julie Fernandez Fernandez et Renaud Witmeur. La première est la régionale de l’étape, échevine des solidarités et de la cohésion sociale à la Ville de Liège, et ex-députée fédérale (2010-2019). Elle assure la présidence de l’intercommunale Enodia et du fonds de pension Ogeo Fund, et siège comme administratrice chez Nethys. Le second a été chef de cabinet du ministre-président wallon Rudy Demotte jusqu’en 2013, puis a dirigé la Sogepa, un des bras financiers de la Région wallonne. Depuis novembre 2019, il est directeur général ad interim de Nethys.

Accusés d’être aux ordres du boulevard de l’Empereur, au détriment des intérêts principautaires.

Leur mission: remettre les « outils » sur les rails afin de tourner la page de l’ère Moreau. Pour cela, ils ont commandé à Deloitte des audits antifraude ciblant Nethys et Ogeo Fund. Ce qui fait grincer pas mal de dents à Liège car le « système Moreau », comme l’avait qualifié le politologue François Gemenne au début du scandale Publifin, « est un système de nature mafieuse » qui « distribue de l’argent à tout le monde pour que personne ne pose de questions ».

Du coup, Witmeur et Fernandez, nous revient-il, font l’objet de pressions constantes venant surtout de leurs rangs. « Plusieurs personnes ont à maintes reprises essayé que la mission du nouveau directeur de Nethys s’arrête, ou de faire pression sur lui pour essayer de le convaincre de conclure des accords parfois inimaginables avec les membres de l’ancien management, allant jusqu’à qualifier son attitude de mesquine, d’agressive, d’excessive… », entend-on dans l’entourage de Renaud Witmeur. « Il suffit de relire les déclarations, dans la presse locale, de certaines personnalités, toujours dans une logique d’essayer de discréditer l’action qui est menée, avec parfois des contrevérités flagrantes. » A côté des pressions, il y aussi tous ceux qui agissent en coulisses pour ralentir les choses, comme l’audit forensique à Liege Airport.

Fernandez n’est pas en reste. La semaine dernière, une lettre anonyme visant à la déstabiliser a été envoyée à tout le gratin politique local, aux ministres PS et à la tête du parti socialiste, ainsi qu’à plusieurs médias dont Le Vif. On l’accuse notamment d’être incompétente et de multiplier les réunions de conseil d’administration pour gonfler ses émoluments. Le courrier du courageux corbeau, truffé de contrevérités, a fait pschittt en Cité ardente, mais on parie que d’autres missiles sont en préparation.

Vendre ou ne pas vendre Voo?

Au sein des milieux liégeois de gauche, et même wallons, il existe des réticences profondes quant à la nécessité de se défaire de Voo, conquis à la pointe de l’épée en 2007, lors du rachat des huit réseaux de télédistribution wallons par l’ALE- Télédis (ancêtre de Nethys). Voo vaudrait bien plus que ce que Stéphane Moreau et McKinsey en disaient. A l’heure où le transport et le stockage des data prend une dimension stratégique, est-ce bien malin de se défaire d’un réseau, certes, perfectible et fût-ce en se gardant une minorité de blocage, ainsi que des garanties d’emploi et de maintien du siège à Liège? La question suscite le débat, même si le CEO de Nethys par intérim, Renaud Witmeur, a arrêté une stratégie de vente (pas en dessous de 1,4 milliard, avec deux scénarios: se défaire de 51% ou de 74,9% des parts), qui devrait atterrir d’ici à fin 2021. On prête l’envie à Willy Demeyer d’empocher le produit de la vente des actions de Voo pour parachever le quartier de Coronmeuse. Beaucoup de bourgmestres à sa suite ne seraient pas mécontents de solder l’aventure Publifin en regonflant leurs finances. Mais d’autres acteurs répugnent à brader un héritage historique qui, si l’argent n’avait pas été dilapidé dans des aventures personnelles, aurait dû faire la fierté de la Wallonie. « Petit actionnaire minoritaire, petit con. Gros actionnaire minoritaire, gros con. » La phrase de l’homme d’affaire Albert Frère hante l’inconscient liégeois.

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