Nouveaux pourparlers entre Kiev et Moscou: Zelensky dit « étudier » la demande russe de « neutralité » du pays
Les négociateurs ukrainiens et russes se retrouvent à Istanbul en présentiel ces lundi ou mardi pour discuter du conflit.
Des négociations entre Kiev et Moscou s’ouvrent en début de semaine à Istanbul, l’Ukraine se disant prête à discuter « en profondeur » de sa neutralité, au moment où la situation humanitaire à Marioupol, dans l’est du pays, est décrite comme « catastrophique ». Dans la ville assiégée et bombardée depuis des semaines, « la population se bat pour survivre. La situation humanitaire est catastrophique », a affirmé dans la nuit de dimanche à lundi le ministère ukrainien des Affaires étrangères sur son compte Twitter.
Entrées et sorties bloquées
« Les forces armées russes sont en train de transformer la ville en poussière », a-t-il ajouté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçant de son côté un blocus total de cette ville que l’armée russe tente de prendre depuis des semaines. « Toutes les entrées et sorties de la ville sont bloquées (…) il est impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments », a-t-il affirmé dimanche soir. « Les forces russes bombardent les convois d’aide humanitaire et tuent les chauffeurs », a-t-il ajouté.
Quelque 2.000 enfants ont également été emmenés vers la Russie, a-t-il dénoncé. « Et cela veut dire enlevés. Parce que nous ne savons pas exactement où ils sont. Certains sont avec leurs parents, d’autres non. C’est une catastrophe », a-t-il lancé.
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Neutralité ukrainienne
Négociateurs ukrainiens et russes se retrouvent à Istanbul, lundi ou mardi selon les sources, pour tenter d’arrêter ce conflit qui a déjà contraint plus de 3,8 millions d’Ukrainiens à fuir leur pays, selon un décompte de l’ONU ce dimanche, et quelque 63 milliards de dommages aux infrastructures du pays, selon une étude de l’Ecole d’économie de Kiev.
Un des points importants des négociations porte sur « les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat« , a déclaré dimanche le président ukrainien Voldymyr Zelensky à des médias indépendants russes, selon la chaîne Telegram de l’administration présidentielle ukranienne. « Ce point des négociations est compréhensible pour moi et il est en discussion, il est étudié en profondeur », a-t-il affirmé. Mais il devra être soumis à référendum et il faut des garanties, a-t-il prévenu, accusant le président russe Vladimir Poutine et son entourage de faire « traîner les choses ».
Une séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais n’avait débouché sur aucune avancée concrète. Depuis lors, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées « difficiles » par les deux camps. Ces nouveaux pourparlers, en présentiel, se tiennent après l’annonce de l’armée russe en fin de semaine qu’elle changeait « d’objectif principal » en Ukraine.
Solution à deux « Ukraine »
Ce vendredi, le commandement russe avait créé la surprise en annonçant « concentrer le gros des efforts sur l’objectif principal: la libération » du bassin minier du Donbass. Ce changement de stratégie fait craindre aux autorités ukrainiennes une volonté russe d’obtenir à terme « deux Ukraines » sur le modèle de la Corée du Nord et du Sud.
Après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien », Moscou « pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative » d’instaurer un séparation à la coréenne, a déclaré dimanche le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov.
Une crainte renforcée par l’annonce de la tenue « dans un avenir proche » d’un referendum pour rejoindre la Russie dans le territoire séparatiste de Lougansk (est), dont Moscou a reconnu l’indépendance. « Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n’auront aucune légitimité », a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.
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