La Laveuse de mort, puissant récit sur les femmes et la foi en islam
Sara Omar est une Kurde d’Irak qui a fui la guerre à la fin des années 1990 pour s’établir au Danemark. On ne sort pas indemne de la lecture de son roman La Laveuse de mort (Actes Sud, 384 p.), le premier d’une trilogie.
La Laveuse de mort commence en août 1986 au Kurdistan avec la naissance de Fremsk, un nourrisson malingre doté de quelques cheveux blancs. Qu’elle soit une fille a suffi pour que son père la rejette. Elle est confiée à ses grands-parents, Darwésh, un ancien colonel de l’armée irakienne, et Gawhar, la laveuse de mort. C’est elle qui, dans la ville, nettoie, avant leur mise en terre, les corps abandonnés de femmes décédées à la suite des bien mal nommés « crimes d’honneur » perpétrés après des accusations de « dépravations ». S’occuper ainsi de dépouilles « impures » ne lui attire pas que de la sympathie.
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Le roman de Sara Omar est un catalogue des horreurs infligées aux filles et aux femmes par des hommes dominateurs et enfermés dans une vision rigoriste de l’islam. A ses souvenirs d’il y a trente ans, répondent les interrogations de Fremsk et de son amie Darya dans la Copenhague d’aujourd’hui, comme si la « malédiction de naître femme » les poursuivait dans l’exil et que rien n’avait finalement changé en trois décennies. La Laveuse de mort est aussi une réflexion sur la foi, à travers les tiraillements entre Darwésh, adepte effronté du zoroastrisme en terre d’islam, et Gawhar la musulmane, assaillie par le doute au point d’oser interroger Allah: « Pourquoi laisses-Tu la Mort pleuvoir sur nos femmes? »
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