Assange n’a guère plus d’espoir de ne pas être extradé vers les États-Unis
Le fondateur de Wikileaks Julian Assange, poursuivi aux États-Unis pour une fuite massive de documents, a vu lundi disparaître l’un de ses derniers espoirs d’éviter son extradition, avec le refus de la Cour suprême britannique d’examiner son recours.
Dans ce bras de fer judiciaire au long cours, les hauts magistrats britanniques ont estimé que son recours ne soulevait « aucun point de droit discutable », a expliqué une porte-parole de la Cour suprême. L’Australien de 50 ans est poursuivi par la justice américaine pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figurait une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007. Poursuivi notamment en vertu d’une législation contre l’espionnage, Julian Assange risque 175 ans de prison, dans une affaire dénoncée par ses soutiens comme une attaque gravissime contre la liberté de la presse.
Regrettant la décision de la Cour suprême, la défense du fondateur de Wikileaks a indiqué que le dossier allait à présent revenir à la juridiction de première instance. La Haute Cour lui a ordonné de transmettre le dossier à la ministre de l’Intérieur Priti Patel, à qui revient la décision. Toutefois, un appel sur des fondements juridiques qui n’ont pas été encore été examinés reste possible, a rappelé la défense de Julian Assange, le cabinet Birnberg Peirce. « Cette procédure d’appel séparée doit, bien sûr, encore être entreprise », ont-ils indiqué. En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur du fondateur de Wikileaks. Invoquant un risque de suicide de Julian Assange, la juge Vanessa Baraitser avait refusé de donner son feu vert à l’extradition.
– Mariage en prison –
Mais Washington avait remporté une victoire majeure en décembre, lorsque la Haute Cour avait annulé cette décision, estimant que les États-Unis avaient fourni des assurances répondant aux inquiétudes de la juge. Julian Assange avait ensuite obtenu le 24 janvier dernier l’autorisation de former un recours contre la décision de la Haute Cour devant la Cour Suprême, laquelle a donc refusé de s’en saisir.
Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis près de trois ans, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Equateur où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution. Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou bien la Suède où il faisait l’objet de poursuites pour viol depuis abandonnées. Lors de l’audience en appel fin octobre, les États-Unis avaient cherché à rassurer sur le traitement qui lui serait réservé.
Washington a affirmé qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée l' »Alcatraz des Rocheuses » – où sont notamment détenus à l’isolement quasi-total des membres d’Al-Qaïda – et qu’il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Les Américains avaient aussi évoqué la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie. Ces garanties avaient convaincu les juges britanniques, mais pas les proches de Julian Assange qui craignent pour sa santé mentale et physique.
Sa compagne Stella Moris, une avocate sud-africaine, a annoncé dimanche que le couple avait reçu l’autorisation de se marier le 23 mars en prison.
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