En Belgique, la biodiversité affiche un bilan de santé mitigé
L’état de la biodiversité, mesuré sur une période de près de trente ans, affiche un bilan mitigé en Belgique, avec d’importantes disparités entre les espèces et les habitats.
Pour la première fois, l’état de la biodiversité en Belgique a été calculé sur base de l’Index Planète Vivante (IPV). Cet indicateur a mesuré la variation moyenne de la taille des populations de 283 espèces d’oiseaux, mammifères, amphibiens, reptiles et insectes entre 1990 et 2018. Le résultat est encourageant: il indique une augmentation de 0,2% par an avec une stabilité ces 10 dernières années, ressort-il lundi d’un rapport exhaustif, fruit d’une collaboration inédite entre le WWF, Natagora, Natuurpunt, la Plateforme Belgian Biodiversity, l’Institut royal des Sciences naturelles et plus d’une vingtaine d’universitaires, d’institutions publiques et d’organismes de conservation.
Mais il cache d’importantes disparités entre les espèces et les habitats.
Au cours des 28 dernières années, les espèces des zones humides (marais, cours d’eau et eau stagnante) ont connu la plus importante progression, avec une hausse moyenne de 47,6%. Celles des milieux naturels ouverts (prairies naturelles et landes), comme certains criquets, papillons de jour ou sauterelles, ont également augmenté de 15% en moyenne.
En revanche, le déclin des espèces est vertigineux dans les zones agricoles, qui couvrent 44% du territoire belge. Les populations d’oiseaux y ont baissé de 60,9% en moyenne, mises sous pression par l’intensification des pratiques agricoles responsables de la dégradation et de l’assèchement des sols, notamment. Les fleurs sauvages et les insectes s’y faisant rares, les oiseaux n’y trouvent plus de quoi se nourrir.
Dans les forêts, qui représentent 20% de la superficie nationale, les populations étudiées ont chuté de 26,6% en moyenne. Mais certaines espèces opèrent un retour spectaculaire comme la cigogne noire ou le pic mar.
En Belgique, les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité sont l’agriculture intensive, l’exploitation forestière, la destruction, la fragmentation et la pollution des habitats, ainsi que l’introduction d’espèces invasives.
Les effets du réchauffement climatique sont également de plus en plus visibles : les populations d’espèces à caractère méridional (du sud) sont plutôt en augmentation (+28,5% en moyenne) alors que les espèces septentrionales (du nord) semblent se porter moins bien (tendance stable).
Les projets de restauration des écosystèmes portent toutefois leurs fruits. Le retour de certaines espèces clés comme le loup, la loutre ou le grand-duc d’Europe est une preuve que les efforts ne sont pas vains. Restaurer la nature permet également de faire face au changement climatique, d’améliorer la qualité de l’air et d’assurer l’approvisionnement en nourriture et en eau.
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« Mais une approche cohérente suppose avant tout une stratégie coordonnée entre les différents niveaux de pouvoirs qui tiendra compte de tous les avantages que la nature apporte à la société, pour l’économie, la santé, la sécurité ou le tourisme », conclut le rapport.