Covid: la deuxième vie des masques jetables
Devenus des objets du quotidien depuis deux ans, les masques jetables constituent une importante masse de déchets. Des initiatives naissent pour favoriser leur recyclage. Elles sont encore loin d’être répandues.
Lorsqu’ils ne sont pas égarés dans la nature où ils mettront pas moins de 450 ans à se décomposer, les masques finissent généralement à la poubelle avec les déchets classiques. Et cela n’est pas sans incidence sur le volume des ordures: selon l’association ZeroWaste, les masques représentaient quatre cents tonnes de déchets par jour en France début 2021, à raison d’une utilisation de deux masques jetables par personne.
Leur utilisation diminue en même temps que les mesures sanitaires s’assouplissent, mais les masques ne disparaîtront pas subitement du quotidien. Depuis le début de la pandémie, plusieurs sociétés se penchent sur la question du recyclage ou du réemploi – une stratégie qui a été privilégiée en Belgique. L’entreprise Ecosteryl, spécialisée dans le traitement des déchets médicaux, a ainsi mis au point une machine permettant de décontaminer les masques chirurgicaux, qui a été d’une grande aide aux hôpitaux au plus fort de la crise.
« A l’époque, les masques étaient difficiles à trouver et coûtaient presque dix euros l’unité. Le gouvernement wallon avait donc sollicité des centres de recherche et des entreprises pour développer des solutions, indique Sarah Thielens, chargée de communication chez Ecosteryl. En ce qui nous concerne, nous avons adapté notre processus habituel de décontamination dans une machine de la taille d’un gros four. Le dispositif n’était pas lourd à rentabiliser mais dès que le prix des masques a baissé, les hôpitaux et autres utilisateurs sont rapidement revenus aux dispositifs à usage unique. »
Kit de géométrie, mobilier…
La réutilisation des masques a donc été mise de côté, une mauvaise nouvelle pour l’environnement. Heureusement, il existe aussi des filières de recyclage pour les masques. En France, ils sont par exemple récoltés dans des boîtes déposées dans des magasins, des entreprises, des établissements hospitaliers, etc. En général, les masques collectés sont envoyés dans des entreprises de traitement où ils sont décontaminés et leurs différents composants séparés, triés et revalorisés.
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Les barrettes nasales réintègrent l’industrie métallurgique, l’élasthanne des élastiques est, dans certains cas, incinéré pour alimenter des chauffages publics et le polypropylène qui constitue la majorité du masque est transformé en granulés qui servent de matériaux de base dans différents secteurs. La société française Plaxtil les utilise notamment pour fabriquer des kits de géométrie pour les écoliers, tandis que Cosmolys a développé une filière pour valoriser ces granulés dans les industries automobile et textile. Les masques recyclés peuvent aussi servir à la fabrication de mobilier d’extérieur, de dalles de sol et d’objets en tout genre comme des palettes, des conteneurs, des boites, etc.
Hélas, ce genre de revalorisation reste encore peu répandu, car les freins sont multiples. Non seulement les collectes peuvent être difficiles à mettre en place, mais les coûts de récolte, tri et recyclage restent particulièrement élevés par rapport à la valeur des matières issues du processus. Un peu comme pour les capsules de café, le volume de déchets serait par ailleurs trop important pour traiter tous les masques commercialisés. Cela n’empêche pas d’encourager les initiatives de recyclage. Selon certaines associations qui défendent la diminution des déchets et la protection de l’environnement, la meilleure solution pour limiter cette pollution reste de privilégier… les masques réutilisables.
Des alternatives durables
Même lorsqu’ils finissent recyclés, les masques jetables génèrent des déchets qu’il est préférable d’éviter. Pour ce faire, on peut augmenter leur durée de vie en les lavant et en les réutilisant jusqu’à une dizaine de fois, car des études ont prouvé que cela n’altérait pas leur efficacité. D’autres options existent, comme les masques en tissu ou encore des produits durables plus élaborés. En Belgique, la société Blabel utilise du plastique recyclé bruxellois pour fabriquer des masques réutilisables et recyclables dans cette même matière. Leurs filtres en polyester sont eux aussi recyclables et produits localement, et peuvent être réutilisés jusqu’à 125 fois grâce au lavage. Des initiatives similaires existent un peu partout ailleurs, et notamment en France. Géochanvre, qui produit du feutre végétal, a mis au point des masques 100% made in France en fibres naturelles. Ils sont plus précisément conçus en chanvre français, ce qui leur permet d’être biocompostables. Au préalable, les élastiques de maintien doivent être enlevés mais ils peuvent être réutilisés ou renvoyés à l’entreprise pour être recyclés. Ces masques en fibres naturelles sont par contre à usage unique.
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