Voyages non essentiels : « Le but n’est pas d’embêter les gens »
Les voyages non essentiels à destination et en provenance de la Belgique sont désormais interdits jusqu’au 1er mars. L’arrêté ministériel a été publié au Moniteur belge ce mardi. Mais qu’entendent les autorités par essentiels et que risquent les personnes qui outrepasseraient la règle ?
« Afin de lutter contre l’importation et la propagation de nouvelles variantes du virus hautement contagieuses en Belgique, nous avons décidé d’interdire temporairement les voyages non essentiels vers et au départ de la Belgique« , a déclaré la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) dans un communiqué.
Pas compliquer inutilement la tâche
« Le virus aura ainsi plus difficile à se propager, mais nous ne compliquons pas inutilement la tâche de personnes qui doivent se rendre à l’étranger pour leur travail, pour s’occuper d’un membre de leur famille ou pour rendre visite à un partenaire », a-t-elle ajouté. Elle rappelle que les voyages non essentiels en provenance de pays hors de l’Union européenne et de la zone Schengen étaient déjà interdits.
Sont considérés comme essentiels les voyages pour raisons professionnelles, les voyages des diplomates, ministres, chefs d’État et de gouvernement, membres du Parlement européen et assimilés, les voyages pour raisons familiales impérieuses (regroupement familial, coparentalité, enterrement, visite à un conjoint, mariage), les voyages effectués pour des motifs humanitaires (traitement médical, assistance à une personne vulnérable, visite dans le cadre de soins palliatifs), les voyages liés aux études, les voyages d’habitants de communes frontalières, de leurs communes voisines directes et des zones frontalières.
Les voyages pour apporter des soins aux animaux, les voyages dans le cadre d’obligations juridiques, si nécessaires, et pour autant que cela ne puisse pas se faire numériquement, les voyages pour faire effectuer des réparations urgentes dans le cadre de la sécurité du véhicule, les voyages dans le cadre d’un déménagement, et les voyages de transit sont également jugés essentiels.
Déclaration sur l’honneur
L’interdiction de voyager sera contrôlée tant au niveau du trafic routier, aérien, maritime que ferroviaire. Les personnes qui se rendent en Belgique et en reviennent doivent être en possession d’une déclaration sur l’honneur. Cette déclaration doit être liée au formulaire de localisation des passagers (PLF) et être étayée par les documents nécessaires. Les travailleurs transfrontaliers ou les riverains des communes frontalières, qui se rendent régulièrement à l’étranger, doivent remplir la déclaration sur l’honneur qu’une seule fois par type d’activité.
Interrogée sur La Première, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) est revenue sur les contrôles. La police, tant fédérale que locale, a développé un plan pour ces contrôles qui auront lieu dans les gares, les aéroports, et sur les routes, explique-t-elle. Les voyageurs devront donc être munis du PLF, de la déclaration d’honneur et d’une attestation certifiant leur déplacement. Les contrôles seront renforcés durant les vacances de Carnaval, traditionnellement une période de forte affluence touristique.
Pour certains voyages il est aisé de fournir une attestation. Pour les voyages professionnels par exemple, les employeurs ou clients belges qui souhaitent signaler les déplacements professionnels à l’étranger d’un employé peuvent remplir le formulaire BTA.
Pour d’autres types de voyages, c’est plus compliqué. Ainsi les voyageurs qui souhaitent rendre visite à un conjoint ou partenaire, qui ne vit pas sous le même toit, sont autorisés à le faire « dans la mesure où une preuve crédible d’une relation stable et durable peut être fournie », une attestation qui ne semble pas évidente à fournir.
Une relation durable
Les personnes concernées pourront montrer des photos de leur couple, par exemple. « Ce n’est à moi à déterminer si une relation est durable. Nous devons gérer ça d’une manière pragmatique et humaine », commente Annelies Verlinden sur les ondes la VRT. « On veut éviter que gens aillent à l’étranger à des fins touristiques et récréatives. Et importent le virus », précise-t-elle sur la Première. « Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’on a dû prendre ces mesures », souligne-t-elle.
Une exception est faite pour les résidents et les Belges partis avant le 27 janvier, date de l’entrée en vigueur de l’interdiction. Ces derniers ont en effet quitté le pays avant l’interdiction et ne savaient pas qu’ils encouraient une sanction en rentrant. La police se montrera également tolérante envers les frontaliers. « On ne va pas embêter les gens, par exemple les frontaliers qui font du vélo, se promènent, traversent une petite partie de la frontière », déclare Verlinden.
Sanctions
Les ressortissants étrangers qui tenteront de se rendre en Belgique sans raison essentielle se verront recaler à la frontière. « S’ils arrivent à la frontière et tombe sur un contrôle de police, les voyageurs devront théoriquement faire demi-tour », explique la porte-parole de la ministre à La Libre Belgique. Si ce contrôle a lieu sur le territoire belge, ils écoperont d’une amende de 250 euros. Il en ira évidemment de même pour les ressortissants belges.
Dans les gares et les aéroports, les transporteurs seront tenus de vérifier les motifs de leurs passagers avant l’embarquement. Si ces derniers ne peuvent présenter la déclaration sur l’honneur et une attestation de voyage essentiel, ils se verront refuser l’embarquement. Les voyageurs de pays tiers devront également se munir d’un visa.
Pour rappel, les autres mesures relatives aux voyages restent d’application. Ainsi, les voyageurs sont toujours tenus de remplir le Passenger Locator Form, d’observer une quarantaine s’ils reviennent de zone rouge, et de subir un test le premier et le septième jour de la quarantaine. Pour sortir de quarantaine, le test du septième jour devra être négatif.
Depuis le lundi 25 janvier, tous les voyageurs entrant en Belgique en provenance du Royaume-Uni, de l’Afrique du Sud ou de l’Amérique du Sud doivent obligatoirement respecter une quarantaine de dix jours.
À peine 2.000 passagers à Brussels Airport
Pas plus de cinquante vols sont prévus ce mercredi à Brussels Airport, où à peine 2.000 passagers sont attendus, au premier jour de l’interdiction des voyages non-essentiels à l’étranger. Les jours précédents, une centaine de vols étaient encore programmés, contre 550 à 600 hors pandémie.
Les voyages essentiels – pour raisons professionnelles, médicales ou familiales impérieuses – restent autorisés. Les voyageurs doivent alors remplir une déclaration sur l’honneur. « A peu près tout le monde semble au courant », indique la porte-parole de Brussels Airport, Ihsane Chioua Lekhli.
« Nous avons tout mis en oeuvre pour informer au mieux les passagers et remarquons que la plupart d’entre eux sont bien préparés. Des contrôles sont effectués par les compagnies aériennes et la police fédérale ». L’interdiction des voyages non-essentiels à l’étranger, imposée dans le cadre de la lutte contre la propagation des nouveaux variants du coronavirus, a un impact important sur l’aéroport.
Si à peine 2.000 voyageurs étaient attendus ce mercredi, ils étaient encore entre 6.000 et 8.000 au cours des jours précédents. Hors pandémie, l’aéroport peut accueillir jusqu’à 60.000 passagers par jour.
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