Anne-Sophie Bailly
Le retour imminent du carcan budgétaire, de l’austérité et des fameux critères de Maastricht (édito)
L’endettement supplémentaire d’un Etat peut se justifier si l’investissement qu’il sous-tend s’avère in fine positif pour l’économie et la société. L’édito d’Anne-Sophie Bailly, rédactrice en chef du Vif.
Ça y est! La Belgique a obtenu le feu vert de l’Europe et tient son plan de relance. Soit 5,9 milliards d’euros pour financer des projets destinés à rendre notre économie plus verte, plus résiliente, plus solidaire.
Cette manne européenne d’argent frais se double du retour au vert d’une série d’indicateurs conjoncturels. Les prévisions les plus récentes de la Banque nationale de Belgique (BNB) font en effet état d’une reprise économique rapide et annoncent une croissance de 5,5% pour l’ensemble de 2021. La confiance des patrons n’a jamais été aussi élevée depuis 1980 et celle des consommateurs depuis 2001. Le contexte est, quant à lui, éminemment différent de celui qui prévalait après la crise bancaire et financière de 2008, puisque si l’économie a été freinée brutalement, mise en pause par un gel de l’activité et les mesures de confinement, toutes les conditions à un redémarrage rapide restent réunies. Les ménages qui ont épargné sont enclins à consommer, les entreprises prêtes à investir et les banque disposées à prêter. Le tout sans endettement majeur dans leur chef.
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Pour autant, sur ce front économique, tout ne va pour le mieux dans le meilleur des mondes, le principal point d’inquiétude venant des finances publiques qui ont largement souffert du coût des mesures prises pour lutter contre la crise sanitaire. Une situation qui fait planer le spectre du retour imminent du carcan budgétaire, de l’austérité et des fameux critères de Maastricht qui limitent l’endettement d’un pays à 60% de son PIB et le déficit à 3%. On en est loin. En Belgique, la dette atteint aujourd’hui 114,1% du PIB. Nos voisins européens ne font guère mieux. Le Voka comme le ministre des Finances Vincent Van Peteghem s’en inquiètent.
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Mais des voix s’élèvent aussi contre le retour en l’état de ce mécanisme jugé trop restrictif et dont la finalité ne se conçoit que chiffrée. Des voix qui justifient l’endettement supplémentaire d’un Etat si l’investissement qu’il sous-tend s’avère in fine positif pour l’économie et la société. Qu’il s’agisse de rénovation de bâtiments autant que de recherche ou de formation, de promotion de l’esprit d’entreprendre ou plus globalement de tout projet qui assurerait davantage de durabilité et de solidarité. Ces voix qui veulent distinguer « bonne » et « mauvaise » dettes ne sont certainement pas à balayer d’un revers de la main. Encore moins en cette période de taux bas.
Par contre, ce dont la Belgique ne pourra faire l’économie, ce sont les réformes exigées par l’Europe en contrepartie du plan de relance. Singulièrement, celles des pensions ou du marché du travail. Car c’est là, sans nul doute, un « bon » investissement.
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