Anne-Sophie Bailly
L’édito d’Anne-Sophie Bailly: la guerre de Poutine bouleverse tout
La stagflation, c’est le cauchemar des économistes tant les moyens pour lutter contre elle sont mineurs et ses conséquences majeures.
Deux semaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’onde de choc continue à déferler partout, avec intensité et violence. Ordre mondial, nucléaire, économie, politique migratoire… la guerre de Poutine bouleverse tout.
Zoomons un instant sur les conséquences les plus visibles en Belgique. L’accueil des réfugiés s’y organise vaille que vaille, la Défense mobilise ses ressources, la facture énergétique cristallise encore davantage les inquiétudes depuis que le litre de carburant a franchi le seuil symbolique des deux euros et que le gaz est vingt fois plus cher qu’il y a un an. Une situation qui a vu la position d’Ecolo sur la sortie du nucléaire évoluer et qui oblige le gouvernement à envisager un nouveau paquet de mesures pour soutenir le budget des ménages: cliquet inversé sur le carburant, réduction de la TVA sur le gaz, prolongation du tarif social. Des dispositions qui atténueront quelque peu le choc, mais qui n’auront qu’un effet ponctuel et marginal si les prix des hydrocarbures s’installent à un niveau durablement élevé.
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En effet, depuis des mois, l’inflation vole de record en record, dopée par la reprise économique post-Covid, une demande accrue pour les matières premières et, déjà, une hausse des tarifs énergétiques. Or, la guerre en Ukraine n’a pas gonflé les prix des hydrocarbures, elle les a littéralement fait s’envoler. A un niveau tel qu’il ne faut plus exclure qu’ils portent un coup d’arrêt brutal à la croissance attendue en Europe. L’incertitude à la fois sur la durée et sur l’issue de la guerre pourrait inciter les consommateurs à différer un achat, à conserver précieusement un éventuel bas de laine, voire à l’utiliser pour acquitter des factures, tout en poussant les entreprises à mettre investissements potentiels et plans de recrutement en mode pause.
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Et qui dit inflation galopante doublée d’une croissance faiblarde – voire nulle – traduit stagflation, le cauchemar des économistes tant les moyens pour lutter contre elle sont mineurs et ses conséquences majeures, pour chacun et au quotidien. Diversifier nos sources d’approvisionnement, limiter nos consommations et assurer notre transition énergétique sont aujourd’hui plus que jamais des urgences. Baisser le thermostat d’un degré et miser sur l’arrivée des beaux jours ne suffiront pas à amorcer le retour d’une énergie relativement bon marché.
La guerre de Poutine a changé cela aussi.
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