Georges-Louis Bouchez, le président qui était pris à la rigolade mais qui énerve désormais tout le monde (analyse)
Les sondages pour le parti de De Croo sont catastrophiques. Il est pourtant populaire. Mais (au moins) cinq présidents de parti compromettent son avenir politique, dont Bouchez. Ça lui avait bien servi, à De Croo, d’avoir sauvé le MR et Bouchez à l’été 2020. Désormais, c’est autre chose…
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Georges-Louis Bouchez était une aimable blague pour Alexander De Croo, au début.
A peine arrivé, doté de l’habileté du novice et de la modestie de l’enfant unique, le Montois énervait tout le monde au moment des négociations de la Vivaldi sauf, en fait, Alexander De Croo et Egbert Lachaert. Les deux libéraux flamands l’avaient sauvé, en refusant de négocier un gouvernement avec le PS et la N-VA, et savaient que ça leur servirait: la famille libérale réunie dans l’exécutif, le 16 était presque assuré à Alexander De Croo. Avec les autres présidents de parti, Egbert Lachaert et Alexander De Croo rigolèrent beaucoup des manières et des méthodes de Georges-Louis Bouchez. Ils se mirent aussi un peu en colère, tout de même, si bien qu’il fallut un soir, au palais d’Egmont, appeler Sophie Wilmès pour calmer tout le monde. Ce fut humiliant pour Georges-Louis Bouchez et c’est de cette humiliation rituelle qu’avaient besoin les négociateurs. On en finit et Alexander De Croo recommença à s’amuser de Georges-Louis Bouchez.
Dix-huit mois plus tard, c’est Georges-Louis Bouchez qui passe en Flandre pour le seul libéral du gouvernement.
Pas très longtemps toutefois, parce que même novices, les enfants uniques n’aiment pas trop se faire humilier. Et que pour Georges-Louis Bouchez, la politique n’est pas une blague, et qu’il n’est jamais aussi dangereux que quand on le prend pour une farce: le temps qu’on se demande qu’est-ce que c’est que ce truc, qu’on en rigole un peu parce qu’il ne comprend pas le flamand, et il est parti avec votre portefeuille.
Dans celui d’Alexander De Croo, le 1er octobre 2020, il y avait de pesantes valeurs. Il voulait faire fonctionner le pays et rassembler un peu de ce centre qui, en Flandre, penche à droite, et qu’effraient l’aventurisme du Vlaams Belang et même certaines foucades de la N-VA.
Seul libéral du gouvernement
Georges-Louis Bouchez, depuis, s’emploie à méticuleusement piquer ces billets dans la poche d’Alexander De Croo et à montrer à la Flandre que le gouvernement auquel il participe n’est pas assez à droite.
Il a dénoncé et fait dénoncer Frank Vandenbroucke pour la façon dont la pandémie était prise dans des mains prétendument trop fermes, et c’est Alexander De Croo qui en pâtit, à se faire traiter de dictateur illibéral.
Il a embêté et fait embêter Ecolo pour la désignation d’Ihsane Haouach comme commissaire du gouvernement à l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, et c’est Alexander De Croo qui en a souffert, à se faire passer pour un ennemi de la laïcité.
Il a attaqué et fait attaquer Ecolo sur le nucléaire et les centrales à gaz, et c’est Alexander De Croo qui, en passant distraitement sa main sur sa poche, s’est aperçu qu’il manquait quelque chose, et c’était sa réputation de libéral raisonnable capable de bien faire fonctionner un gouvernement, et donc un pays.
Le 1er octobre 2020, Alexander De Croo croyait qu’avoir sauvé Georges-Louis Bouchez lui offrait une place centrale en Flandre, dont le pivot politique est au centre-droit. Dix-huit mois plus tard, c’est Georges-Louis Bouchez qui passe en Flandre pour le seul libéral du gouvernement, et qui est en train de couler Alexander De Croo.
Il s’en fiche un peu, Georges-Louis Bouchez, parce qu’il pense qu’Alexander De Croo n’osera jamais jeter dehors celui que la droite flamande fait passer pour le seul libéral de son gouvernement. Même s’il décide de briser le cordon sanitaire en débattant à la télévision flamande avec Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, ce qu’aucun chef de parti francophone n’avait fait depuis près de 30 ans…
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