Nicolas De Decker
La certaine idée de Nicolas De Decker: Frank Vandenbroucke, the bitch is back
Maintenant que Frank Vandenbroucke a réussi, il n’a plus rien à espérer, et maintenant qu’il va pouvoir revenir à une vie normale, ceux qui l’avaient soutenu jusqu’à présent vont devoir constater que the bitch is back.
Il y a quelque chose d’ Inception lorsque Frank Vandenbroucke promet qu’à l’automne nous serons, il en est convaincu, pratiquement « revenus à une vie normale ». A ce moment qui plongera la Belgique dans un twist narratif à la Christopher Nolan, il y aura un an que son président, le jeune Conner Rousseau, l’aura désigné ministre de la Santé par une story Instagram qui disait He’s back bitches, et en fait si on revient à une vie normale d’ici à l’automne, à ce moment-là, ils seront de plus en plus nombreux, surtout parmi ceux qui l’ont soutenu jusqu’à présent, à pouvoir commencer à se dire que he’s back bitches depuis un an mais surtout que the bitch is back.
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He’s been back, bitches, et c’est sous sa direction que les contaminations ont baissé comme nulle part ailleurs, que les hospitalisations ont décliné comme rarement vu, et que la vaccination est en train de se dérouler plus vite que dans la plupart des autres pays d’Europe – on a, la semaine dernière, injecté près de 900 000 doses. He’s back, il est populaire, y compris en Wallonie ou à Bruxelles, où le récent baromètre du Soir l’a encore placé en sixième place des politiques les plus appréciés, n’a plus rien à espérer, et n’a pas l’intention d’encore se présenter à des élections. He’s back et il a réussi, mais il est pourtant déjà très affaibli, par des adversaires qui avaient de bonnes raisons de le critiquer pendant qu’il réussissait, qui l’ont bitché comme disent les jeunes pas parce qu’il était de retour, mais parce que personne ne pouvait croire qu’il réussissait mieux que les autres.
He’s back et il a réussi, mais qu’il soit déjà si affaibli démontre combien un bilan aujourd’hui ne sert à rien quand on fait de la politique.
He’s back, bitches, mais maintenant qu’il lui a bien servi, Alexander De Croo l’a déjà gentiment lâché. Maintenant que Frank Vandenbroucke a réussi, il n’a plus rien à espérer, et maintenant qu’il va pouvoir revenir à une vie normale, ceux qui l’avaient soutenu jusqu’à présent, et qui s’étaient plus à en profiter, vont devoir constater que the bitch is back.
L’homme qu’ils ne pouvaient plus supporter
Parce qu’à l’automne ils seront revenus à une vie normale, ils vont bientôt se rappeler que dans la vie politique normale, Frank Vandenbroucke était plutôt apprécié de ses adversaires de droite que de ses partenaires de gauche.
Déjà les syndicats, notablement le socialiste, qu’il a pu rencontrer quelques fois pendant les discussions sur l’accord interprofessionnel, ont déjà pu se souvenir qu’avant d’être back, il était parti, et que son départ les avait alors soulagés.
Ses partenaires de gauche au gouvernement fédéral, notablement le socialiste francophone, pourraient revoir bientôt, lorsqu’il faudra discuter, au gouvernement, de complexes réformes fiscales, du marché du travail et du système des pensions, l’inflexible blairiste qu’ils ne pouvaient plus supporter il y a dix ans.
Et son parti lui-même, notablement son président, pourrait découvrir, une fois le bilan digéré, que même en Flandre, un socialiste qui veut faire travailler les gens plus longtemps, qui frustre les syndicats et qui énerve les travailleurs des soins de santé, ça ne reste jamais populaire longtemps. Même pas dans un film de Nolan.
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