Face à une Vivaldi en ébullition, Alexander De Croo est-il devenu impuissant?
La méfiance mutuelle au sein de la Vivaldi relègue le gouvernement et son Premier ministre à une certaine impuissance. Que peut bien faire Alexander De Croo contre la multiplication des tensions?
Les chamailleries de la Vivaldi finiront-elles un jour? Plus une journée ne se passe au gouvernement sans que tensions et répliques piquantes ne viennent alimenter les réseaux sociaux, plus encore du côté francophone. Cette crispation ambiante met la coalition fédérale à l’épreuve. Des oppositions de points de vue qui sont en partie logiques: quand sept partis composent une majorité, les idéologies différentes viennent naturellement animer les débats. Mais actuellement, l’excès semble être la norme. Le Premier ministre en est la première victime : dans l’ombre de ces batailles, son pouvoir recule au second plan. D’autant plus que ce qu’il ressort parfois que sa méthode de travail, décrite par certains comme parfois brouillonne et inefficace, irrite certains.
Pour ne rien arranger, le contexte n’aide pas Alexander De Croo. Sans influence, le Premier ministre ne deviendrait plus que la marionnette du gouvernement. Et son parti, l’Open VLD, n’est que le septième dans l’ordre hiérarchique de la coalition. Une configuration qui n’aide pas De Croo à reprendre le lead dont il aurait cruellement besoin.
Pas assez d’influence
Alexander De Croo n’a pour l’instant pas suffisamment d’autorité pour se permettre de rappeler à l’ordre les deux protagonistes principaux du moment, Paul Magnette (PS) et Georges-Louis Bouchez (MR), chefs de leurs partis mais qui ne font pas eux-mêmes partie du gouvernement fédéral. Dans l’état actuel des choses, et si les querelles continuent à gagner du terrain, on voit mal comment la Vivaldi pourrait atteindre 2024 avec sérénité.
Quelles solutions, dès lors? L’organisation de conseils des ministres thématiques ou la mise à jour l’accord de coalition sont deux possibilités pour apaiser les tensions, mais qui ne sont pas sans risque. Car les négociations pourraient, là aussi, s’éterniser. Si on va encore plus loin, une visite au roi Philippe pourrait apporter un peu de quiétude. Mais ici aussi, une issue favorable n’est en aucun cas garantie. Et puis, le gouvernement de plein exercice est là.
Condamné à poursuivre
De Croo est donc condamné à cette coalition. Presque piégé, puisqu’il n’y a pas de changement de partenaire possible. Le dumping du MR au profit du CDH sape sa propre position et cause trop de problèmes en Wallonie. Une invitation à la N-VA penche vers le surréalisme.
Il y a donc, malgré tout, un sentiment général que ce gouvernement ne peut pas tomber. Car, aussi, tous les partis ont peur des élections. Le message est donc de poursuivre, même si cela n’est pas possible sans réflexion. « Quiconque saute d’un avion doit savoir à l’avance qu’il y a un parachute et qu’il fonctionne bien », déclarait l’ancien secrétaire d’Etat Johan Vande Lanotte (Vooruit) en guise de bon conseil. La question reste de savoir dans quelle mesure les externes au fédéral peuvent rendre le travail du gouvernement cancéreux. De Croo ne pourra apporter une réponse rassurante qu’avec des réformes audacieuses.
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