Dossier spécial placement: l’art, des gains plus émotionnels que financiers
Les placements alternatifs peuvent offrir des rendements intéressants. Ils présentent néanmoins quelques dangers. Comment, dès lors, investir son argent dans ces produits sans mettre son patrimoine en péril? Points forts et risques pour l’art.
L’art est un secteur très large qui, par définition, englobe de très nombreuses disciplines, thématiques et courants. Lespossibilités sont donc presque infinieset, dans certains cas, les plus-values peuvent être astronomiques: en 2019, un portrait signé Amoako Boafo a été acquis pour un peu moins de 23 000 euros et a été revendu huit mois plus tard environ 800 000 euros alors que l’estimation haute de la maison de vente s’élevait à 60 000 euros! Ces performances records poussent certains novices àse tourner vers l’art, surtout lorsque les rendements des marchés financiers sont plus faibles. Cependant, « penser à l’art comme pur produit d’investissement n’est jamais une bonne idée, car c’est avant tout unactif de passion« , insiste Eugénie Dumont, art collections manager chez Degroof Petercam.
Les avantages
Comme l’art est ce que l’on peut appeler un achat ou un investissement « plaisir », c’est bel et bien cette notion qui doit primer sur l’éventuelle plus-value financière. « Le premier objectif derrière l’achat d’une oeuvre ou d’une collection est avant tout la stimulation intellectuelle et émotionnelle, poursuit Eugénie Dumont. Contrairement aux actions, on peut vivre avec ses oeuvres d’art accrochées chez soi. Cela peut paraître abstrait ou futile, mais la réalité est que la passion prime. » Ce phénomène n’ empêche pas la possibilité d’un gain financier grâce à l’art, mais il est considéré comme secondaire. Par ailleurs, les plus-values rapides et importantes se concentrent surtout dans certains créneaux comme l’art (ultra)contemporain, qui fait l’objet de beaucoup de spéculation.
Penser à l’art comme pur produit d’investissement n’est jamais une bonne idée, car c’est avant tout un actif de passion.u0022
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Les risques
L’art est difficilement assimilable à un investissement car il est très volatile, relativement peu liquide et particulièrement opaque, même si la transparence s’est accrue ces dernières années. Par ailleurs, la valeur d’une oeuvre peut être imprévisible et difficile à cerner car elle se définit par des critères différents et beaucoup plus subjectifs que d’autres actifs plus traditionnels. Il s’agit, entre autres, de l’authenticité, l’état de condition de l’oeuvre, son artiste ou encore sa provenance. « Si l’oeuvre a fait partie d’une collection importante, par exemple, cela peut lui apporter davantage de cachet et augmenter sa valeur, illustre Eugénie Dumont. Dans l’art, il existe aussi un concept de fraîcheur faisant en sorte que lorsqu’une oeuvre circule beaucoup sur le marché et est très visible, elle risque de perdre en aura et en valeur. »
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Bref, ces particularités rendent le marché de l’art difficilement accessible et compréhensible aux personnes qui n’en maîtrisent pas les codes ou ne sont pas bien accompagnées. C’est pourquoi Eugénie Dumont recommande de « faire appel à des conseillers indépendants pouvant donner une opinion absente de tout conflit d’intérêts par rapport au choix d’une oeuvre ou d’un artiste ». Il existe d’autres risques et inconvénients du marché de l’art contre lesquels il est plus difficile de se prémunir, comme l’absence d’informations publiques sur certaines oeuvres détenues dans des collections privées. Enfin, l’art collections manager de Degroof Petercam rappelle que « comparé à des actifs traditionnels, la durée des transactions et les périodes de rétention dans l’art sont beaucoup plus longues ».
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