2021, l’année de la Bourse?
Malgré le yoyo – chute éclair puis rebond – des marchés l’an dernier, les investisseurs déprimés par les taux planchers vont-ils se ruer sur la Bourse en 2021? Plans de relance post-Covid à la clé, celle-ci affiche de belles perspectives. Encore faut-il investir avec discernement.
Si de nombreux pans de l’économie ont été touchés et sont encore affectés par la crise de la Covid-19, la douche froide n’a été que temporaire pour les marchés boursiers en 2020. Des chutes de 30 à 40% ont été observées au mois de mars, lorsque l’épidémie s’est déclarée à l’échelle mondiale, mais les marchés étaient déjà repartis à la hausse avant même l’entame du mois d’avril.
« La crise de 2020 a été une surprise tellement violente qu’il y a eu des réactions immédiates et en cascade des gouvernements et des banques centrales », explique Sylviane Delcuve, senior economist chez BNP Paribas Fortis. « Depuis des années, on nous affirme que les caisses des Etats sont vides, qu’il n’y a plus moyen de faire la moindre dépense, etc. Et tout d’un coup, on bascule dans un autre monde où les gouvernements empruntent sans compter et les banques centrales inondent l’économie de liquidités. »
Combinées à des taux d’intérêt qui demeurent historiquement bas et à l’arrivée progressive des vaccins anti-Covid, ces mesures apportent suffisamment de confiance et de perspectives positives aux investisseurs pour faire repartir durablement les marchés à la hausse. Quelques fluctuations ont bien été enregistrées au cours de l’année – par exemple à l’arrivée de la deuxième vague en septembre -, mais 2020 s’est clôturée sur plusieurs records, notamment pour les Bourses américaines et asiatiques.
Communion anticrise
Les marchés poursuivront-ils sur cette lancée en 2021? Bruno Colmant voit plusieurs raisons d’être optimiste: « Les marchés ne regardent que devant eux et ils sont animés par la perspective d’une amélioration de la situation, estime le CEO de Degroof Petercam. La remontée s’est amorcée dès qu’on a commencé à parler de vaccins, car les marchés y ont entrevu la sortie de crise sanitaire, même si elle se situe à un horizon qu’on ne peut pas maîtriser. Un message important a par ailleurs été délivré par les banques centrales qui ont imprimé de la monnaie et par les gouvernements qui se sont attaqués à dans des plans de relance conséquents. Cela témoigne d’une communion entre eux pour sortir l’économie de la crise. »
Les marchés ne regardent que devant eux et ils sont animés par la perspective d’une amélioration de la situation.u0022
L’état général de l’économie n’en restera pas moins un facteur déterminant pour les marchés boursiers en 2021. La bonne nouvelle est que plusieurs moteurs de la croissance mondiale, comme les Etats-Unis et l’Asie, ont déjà bien rebondi et se sont dotés de plans de relance ambitieux. L’Europe accusait en revanche un taux de croissance négatif l’an dernier et plusieurs éléments laissent penser que les mesures politiques adoptées ne suffiront pas pour redresser rapidement la barre.
Bruno Colmant estime en effet que si le signal du plan de relance européen est positif, le montant alloué de 750 milliards reste modique par rapport aux besoins du Vieux Continent. Une vision que partage Sylviane Delcuve, tout en émettant également des doutes sur la façon dont cet argent sera utilisé: « Certains pays sauront sans doute être créatifs mais, en Belgique, on parle notamment d’investir une partie du montant dans la rénovation du palais de justice de Bruxelles… Cela va peut-être être bénéfique aux entreprises qui travailleront sur le chantier, mais ça ne va pas influencer la croissance économique à long terme! On voit aussi qu’en Italie, le gouvernement est tombé à cause de conflits liés à l’utilisation de l’argent européen. »
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L’inconnue des faillites
Ralentie par ce manque d’unicité, l’Europe devrait mettre quelques années de plus à retrouver sa trajectoire de croissance d’avant-crise. « Il faudra sans doute attendre trois ans – contre un ou deux pour la Chine et les Etats-Unis, souligne Bruno Colmant. L’économie européenne devrait toutefois progressivement aller mieux et les marchés profiteront sans doute de l’effet d’entraînement induit par les pays qui retrouveront plus vite le chemin de la croissance. »
Attention cependant: certains éléments pourraient venir perturber la reprise en 2021, à commencer par une éventuelle hausse de l’inflation ou des taux d’intérêt. Il semble toutefois très probable que ces derniers restent bas. Selon Sylviane Delcuve, la menace pourrait également venir de l’augmentation du chômage ou encore du nombre de faillites maintenant que le moratoire sur celles-ci a été levé en Belgique. « Les banques ont normalement été surveillées, mises en garde et préparées, mais on n’a toutefois aucune idée de l’ampleur des faillites à venir. En cas de raz-de-marée, il pourrait y avoir des répercussions pour ceux qui ont prêté aux secteurs les plus touchés. »
Malgré ces quelques inconnues, les indicateurs plaident plutôt en faveur d’une année 2021 favorable pour les marchés boursiers. Il y a en effet actuellement beaucoup d’argent en circulation et, face aux taux d’intérêt extrêmement bas, la Bourse reste incontournable pour ceux qui souhaitent faire fructifier leurs économies. La crise a d’ailleurs eu pour répercussion d’attirer de nouveaux investisseurs vers les marchés boursiers, « notamment via des instruments comme les trackers qui permettent aux personnes moins averties d’investir en Bourse sans se poser de questions », précise Sylviane Delcuve. Reste à faire les bons choix.
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